(Québec) Les partis d’opposition parlent d’une même voix et réclament à nouveau vendredi la création d’une enquête publique et indépendante sur l’hécatombe qui a frappé les résidences pour aînés, dont les CHSLD, faisant plus de 4000 morts lors de la première vague d’infections à la COVID-19 au Québec.

Le député du Parti québécois, Harold LeBel, exige que le gouvernement Legault aille au-delà du mandat qu’il a confié à la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, pour examiner la performance du réseau de la santé et des soins aux aînés au moment où le Québec tremblait pour la première fois face au coronavirus, au printemps dernier.

« On veut une vraie commission d’enquête publique et indépendante, où est-ce que les gens vont pouvoir voir ce qui se passe. C’est 4000 morts, ce n’est pas rien. C’est la pire tragédie meurtrière qu’on n’a jamais connue au Québec », a vivement déploré M. LeBel vendredi.

La députée libérale Monique Sauvé a salué la demande du député péquiste, que sa formation politique, tout comme Québec solidaire, appuie totalement.

« Il y a 4000 familles d’aînés décédés qui pleurent encore leurs parents aujourd’hui. Ces aînés sont morts dans des conditions de souffrance, déshydratés, seuls au monde. Il faut entendre ces familles. Il faut entendre ces familles et toutes les familles du Québec qui n’ont toujours pas de réponses sur ce qui est vraiment arrivé », a-t-elle affirmé.

« Il faut faire la lumière sur la catastrophe humanitaire qui s’est déroulée au printemps dernier. Cela dit, des rapports crève-cœur sur la situation dans les CHSLD, il y en a eu beaucoup dans les dernières années. Les solutions sont connues, maintenant il faut les appliquer », a ajouté Sol Zanetti de Québec solidaire, qui réclame aussi que Québec nationalise les CHSLD privés et investisse massivement dans les soins à domicile.

Marguerite Blais « prend ses responsabilités »

Convoquée en interpellation vendredi au Salon bleu, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a répété à plusieurs reprises que son gouvernement ne s’opposait pas à la tenue d’une enquête, mais qu’il avait choisi de la confier à la commissaire à la santé, qui a toute l’indépendance requise, estime-t-elle, pour mener l’enquête et déposer son rapport d’ici au 1er septembre 2021.

Mme Blais écorchait récemment en entrevue à Radio-Canada le premier ministre François Legault et le directeur national de santé publique, DHoracio Arruda, affirmant qu’il fallait leur poser les questions sur le drame qui a frappé les CHSLD au printemps dernier et qu’en politique, « le pouvoir, c’est celui que le premier ministre te donne ».

« Si vous voulez savoir si je prends mes responsabilités, oui, je les prends mes responsabilités. Je ne suis pas revenue en politique pour vivre la COVID-19. Il n’y a personne au Québec qui veut vivre la COVID-19. Il n’y a personne à travers le monde, il n’y a pas personne qui avait un guide comment traiter la COVID-19. [Alors] oui, je vais prendre mes responsabilités, je ne me défile pas devant mes responsabilités », a-t-elle déclaré vendredi au parlement.

« J’ai dit oui, que c’était un échec. Qu’est-ce que vous voulez, quand on voit autant de morts dans nos CHSLD, il y a encore des morts tous les jours. Alors moi, je pense qu’il faut laisser le rapport de la commissaire arriver, et puis on va avoir encore à se questionner sur la deuxième vague, parce que c’est dans l’ordre des choses », a poursuivi la ministre Blais.

Le Québec a franchi vendredi le cap des 1000 nouveaux cas de personnes infectées à la COVID-19 en une journée. Selon le plus récent bilan de la santé publique, il y a eu 1052 personnes infectées au coronavirus dans les 24 dernières heures, alors que le bilan s’alourdit de six nouveaux décès. Depuis le début de la pandémie, 5857 personnes ont été tuées par la COVID-19.