J’ai fait un drôle de rêve !

J’ai rêvé qu’aucune compagnie aérienne ne voulait ramener de Cancún la bande d’écervelés qui a transformé un avion en Beach Club de Pointe-Calumet le 30 décembre dernier.

Dans mon rêve, certains revenaient en autobus, d’autres en trottinette.

Je me suis réveillé et j’ai ri ! Dieu que j’ai ri !

Pour ceux qui n’auraient pas suivi cette véritable saga, un organisateur, James William Awad a amené un groupe d’« influenceurs », certains connus pour leur participation à des téléréalités, d’autres ayant une renommée paroissiale, dans un hôtel de Tulum. Cet évènement, organisé par le 111 Private Club, était offert par Triple One, l’entreprise d’Awad.

La centaine de jeunes a littéralement pris d’assaut l’appareil durant le vol. Une ambiance de party a pris forme. Sexe, vapoteuse et rock and roll… Vous connaissez la chanson !

Résultat : les fêtards ont pris cet avion pour leur maison.

Incapables de contrôler une si forte concentration d’hormones et d’ego, les membres de l’équipage ont dû se retrancher à l’arrière de l’appareil.

Comme ces « influenceurs » ont la fonction « enregistrement vidéo » ouverte en permanence sur leur téléphone, ils se sont filmés. Des images ont été relayées. Elles font maintenant le tour du monde.

Ces voyageurs devaient revenir mercredi soir à Montréal. Mais voilà, ils ont appris que Sunwing refusait de les ramener. En fait, mon rêve n’est pas si loin de la réalité. Après Sunwing, Air Transat et Air Canada ont également refusé de prendre à leur bord le groupe de joyeux naufragés.

Bravo à ces compagnies !

Nos petits amis doivent donc se débrouiller pour rentrer au pays. L’organisateur a promis de rembourser le prix de tous les billets que ces jet-setteurs de pacotille devront acheter.

Malgré la pluie de critiques qu’ils reçoivent, certains tentent maladroitement de redorer leur image en utilisant les… réseaux sociaux. Mais c’est peine perdue. Les arroseurs sont arrosés.

Ils se font traiter de tous les noms, y compris par le premier ministre Justin Trudeau qui a dit qu’il s’agissait d’une « gang de sans-dessein qui décident de partir comme des Ostrogoths en vacances ».

Ouille !

Tout ce que l’on voit dans les vidéos contrevient aux règles de Transports Canada. Et vous savez ce qu’a déclaré James William Awad lorsqu’il a appris que Sunwing annulait le vol du retour ? « C’est illégal à mon avis de la part de Sunwing. »

Il faut être solidement déconnecté de la réalité pour affirmer une telle chose !

Quelle déconfiture ! Le but des influenceurs est de faire parler d’eux au maximum. Or, leur stratégie est maintenant de se rendre à Plattsburgh et de rentrer par voie terrestre « afin d’éviter les journalistes ».

Cette affaire enflamme les journaux du monde entier, car elle fait éclater en chacun de nous une énorme frustration.

Après deux années d’efforts, de mesures et de sacrifices, voir cette bande d’écervelés défier toutes les règles et faire le party à bord d’un avion a quelque chose de révoltant.

Bien sûr qu’on a tous été jeunes, qu’il faut que « jeunesse se passe » et qu’on a fait des niaiseries d’adolescent. Mais on ne parle pas ici d’adolescents. On est en face de jeunes adultes.

Plusieurs ministres fédéraux se sont exprimés sur la question. Il est clair qu’une sanction exemplaire se prépare. Ces gens pourraient se voir imposer des amendes salées et se retrouver sur une liste noire de passagers à bannir pour des années à venir.

Transports Canada promet une enquête sérieuse. Je souhaite qu’on aille au fond des choses et qu’on pose les bons gestes.

Plusieurs questions demeurent en suspens. Pourquoi l’équipage n’a-t-il pas su contrôler ce groupe ? À partir de quand la situation est-elle devenue critique ? Pourquoi n’a-t-on pas pris la décision d’atterrir ? Pourquoi des bouteilles de vodka circulaient-elles dans l’appareil ?

Cette affaire portera un coup dur au phénomène des influenceurs, ces vendeurs de bebelles et de pots de crème.

Les commanditaires et les annonceurs vont y penser à deux fois avant de faire appel aux agences qui regroupent ces « vedettes ».

Mais au fond, il faudrait remercier ces Ostrogoths. Ils nous offrent un incroyable divertissement en cette période de pandémie. Ces jeunes ont grandi avec la téléréalité. Or, c’est exactement ce qu’ils sont en train de nous offrir.

Mais se rendent-ils compte qu’ils sont dans la réalité, la vraie ?

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

L’Association québécoise des distributeurs en pharmacie est chargée d’assurer la distribution des tests rapides.

Où est mon test rapide ?

J’ai reçu plusieurs réactions à ma chronique de mercredi, particulièrement au passage sur la distribution des tests de dépistage rapides. Des pharmaciens m’ont écrit, certains pour me dire qu’ils n’avaient pas besoin de cette nouvelle responsabilité, d’autres pour ajouter qu’ils font leur possible pour satisfaire le public.

Sans surprise, c’est l’insuffisance des stocks qui est en cause. C’est ce que m’a dit en tout cas Hugues Mousseau, directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie.

C’est cet organisme qui est chargé d’assurer la distribution des précieux tests depuis le 21 décembre. Il reconnaît que ce système, créé dans l’urgence par le gouvernement provincial, a connu un départ chaotique.

Le système de distribution d’une caisse de 108 boîtes par pharmacie, peu importe sa grosseur ou son achalandage, a été corrigé au cours des derniers jours selon lui. « On fonctionne maintenant selon le poids populationnel desservi par chacune des pharmacies. »

Hugues Mousseau a bon espoir qu’avec les tests que le provincial et le fédéral devraient bientôt procurer à la population, les choses vont gagner en efficacité.

« C’est très difficile pour nos membres en ce moment, m’a confié de son côté Benoit Morin, président de l’Association des pharmaciens propriétaires. Ils subissent beaucoup de pression. Selon moi, on a besoin de 30 à 40 millions de tests pour répondre à la demande. »

Une lectrice m’a écrit pour me raconter son incapacité à obtenir un test PCR ou un test rapide pour son mari durant les Fêtes. Le couple s’est rendu dans une pharmacie où on a fait subir à l’homme un test rapide moyennant la somme de… 40 $.

Hugues Mousseau m’assure que les pharmaciens ne peuvent utiliser les tests envoyés par le gouvernement pour les offrir aux clients tout en les facturant.

En dernier lieu, sachez que chaque boîte de cinq tests coûte environ 25 $. Pour chaque boîte distribuée, les pharmaciens reçoivent 10,03 $. À cela s’ajoute 6,5 % du prix qui est versé aux grossistes.