J’imagine que c’est pareil chez vous : trois, quatre fois par jour depuis une semaine, j’apprends que quelqu’un que je connais a été déclaré positif à la COVID-19. Donc, quand le PM a annoncé que mercredi était une journée à 9000 cas, ça a frappé…

Mais je n’ai pas été surpris.

À propos de ce que le PM a annoncé mercredi, à propos de cette journée à 9000 cas, permettez une chronique en trois observations.

Le mot « exponentiel » prend tout son sens avec ces 9000 cas : la veille, mardi, c’était un écouvillon sous la barre des 6400.

Ce point de presse, M. Legault l’avait télégraphié : mardi, dans la journée, plus de 24 heures avant, en tweetant : le Québec est confronté à des choix très difficiles, on vous revient demain avec nos décisions…

On sentait, dès lors, que l’heure était encore plus grave que grave. Ce délai de plus de 24 heures entre l’annonce du PM qu’il ferait des annonces le lendemain et lesdites annonces a permis toutes sortes de fuites sur les scénarios à l’étude dans les officines…

Couvre-feu ?

Pas de partys de Noël ?

Fermeture des magasins le 26 ? Des restos ?

Loi martiale ?

Ben non, sur la loi martiale, je déconne. Mais les conjectures allaient bon train. Les complotistes avaient déjà de faux sauf-conduits pour le couvre-feu anticipé, pour vous donner une idée…

Il est quand même sidérant, vu la gravité de la situation, vu les 9000 cas, vu les hospitalisations qui montent, vu que ces hospitalisations ne sont encore principalement que le fait du variant Delta et non du tout-contagieux Omicron… Qu’on donne du lousse jusqu’au 26 décembre ! Que ce ne soit que le 26 que la directive de réduire ses contacts entrera en vigueur.

Pardon, vous dites ?

Le 25, c’est Noël ?

Oui, oui, le petit catholique culturel qui dort en moi sait bien que Noël, 25 décembre, est le jour de naissance du divin enfant. Mais dans notre société où l’adhésion à la laïcité est devenue une sorte de test de québécitude, je ne peux m’empêcher d’être quand même un tantinet surpris que le gouvernement fasse un accommodement raisonnable à l’urgence sanitaire pour « sauver » une fête chrétienne. Mais bon, ne parlons pas de religion, on va se chicaner…

Donc, l’heure est grave... Ou pas ?

Je ne suis pas plus fixé depuis le point de presse de M. Legault.

J’en suis au même point : je me gouverne moi-même et je réduis les contacts au minimum. Pas à zéro, mais au minimum.

Vous voulez faire des partys à dix, vendredi et samedi ?

Faites l’épicerie, aussi, vous risquez de bientôt passer dix jours à la maison.

Deux, le fédéral a beau avoir raté le bateau à quelques reprises depuis le début de cette pandémie, il va falloir que le gouvernement de M. Legault cesse de le blâmer – subtilement ou pas – parce que, franchement, il commence à ressembler aux libéraux de MM. Johnson, Charest et Couillard qui ont blâmé Lucien Bouchard et le PQ pendant plus de 15 ans d’avoir mis-des-milliers-d’infirmières-à-la-retraite pour expliquer chacun des maux du système de santé... Le refrain s’en vient usé.

Oui, Ottawa doit « livrer » des tests rapides aux provinces. Mais ces tests rapides sont à vendre depuis des mois et des mois sur le marché libre. Des centaines d’entreprises québécoises ont acheté des boîtes d’auto-tests pour que leurs employés se dépistent.

Scoop : ça vient en boîtes de 25 et c’est fabriqué, notamment, par Abbott. J’en ai une dans un lieu sécurisé (et je demande 10 000 $ pour la boîte en question, écrivez-moi en DM).

Mais l’État québécois n’a pas investi le marché pour les acheter, ces tests. Pourquoi ? Parce que la Santé publique salariée du gouvernement n’y croyait pas, jusqu’à tout récemment.

Ça fait plus d’un an que des scientifiques qui ne sont pas salariés de l’Institut national de santé publique du Québec ou du ministère de la Santé, je parle de chercheurs et de médecins rattachés à des universités et à des hôpitaux, disent haut et fort que les tests rapides pourraient être une arme efficace dans l’arsenal…

Bruits de criquets, à Québec, qui a même laissé des tests rapides pourrir en entrepôts, ces derniers temps.

Donc, je retiens du point de presse de M. Legault que le fédéral fait partie de la stratégie du gouvernement : on le blâme aussi souvent que possible.

Des fois, non, c’est notre faute, désolé, c’est la Nation qui se plante. Sur les tests rapides, c’est notre faute ; sur le masque non recommandé par le Dr Arruda pour cause de « faux sentiment de sécurité » au printemps 2020, c’est notre faute ; pour le faux espoir des partys de Noël à 20, entretenu par un PM Legault jovialiste, c’est notre faute…

D’ailleurs, la Santé publique fédérale disait que c’était une mauvaise idée, des partys à 20, quand M. Legault voyait encore des arcs-en-ciel dans nos beaux sapins, avec l’assentiment de son tout aussi jovialiste directeur national de la santé publique, le Dr Arruda….

Et le Dr Howard Njoo, de la Santé publique fédérale, disait ça le 10 décembre1.

C’est Ottawa qui avait raison, là-dessus.

Eux, ils avaient vu venir.

Pas la Santé publique salariée de Québec.

Why ?

Trois, parlons des non-vaccinés.

Les non-vaccinés composent 50 % des hospitalisations, alors qu’ils forment 10 % des adultes québécois.

Ils incarnent le mot « surreprésenté » quand il est question de statistique.

Je veux relayer la grogne immense des vaccinés, présentement. Suite à ma chronique « Message pour ma gang »2, où j’encourageais les gens de bonne foi à ne pas céder à la tentation de démissionner avec la montée des cas, j’ai été inondé de messages...

Le commentaire éditorial qui revenait le plus souvent ? Il était limpide : OK, Monsieur le chroniqueur, mais l’autre gang, les non-vaccinés, je suis tanné de faire des efforts qui sont sapés par eux…

Et mercredi encore, avant le point de presse, deux courriels de gens de bonne foi qui m’interpellaient : Pis les non-vaccinés, eux ?

Le ministre Dubé a dit pendant le point de presse que les non-vaccinés font déjà l’objet de restrictions sévères, que le passeport vaccinal les empêche d’avoir accès à plein de pans de la société.

OK…

Mais ça ne semble pas suffisant : ils causent quand même 50 % des hospitalisations.

L’Autriche les a confinés, les non-vaccinés3, et elle va obliger la vaccination en février.

Est-ce la bonne solution ici ? Le gouvernement y songe, sans plus. Je ne sais pas trop. Je dis juste que ça commence à taper sur les rognons de plein de monde de bonne volonté, cette surreprésentation de non-vaccinés dans les hôpitaux, hôpitaux qu’on tente de préserver avec nos sacrifices.

Et si le gouvernement les perd, ces gens-là, ceux de bonne foi, eh bien, il va falloir croire très fort aux prières faites au gars dont c’est l’anniversaire samedi.

1. Lisez « Ce n’est pas une bonne idée » 2. Lisez « Message pour ma gang » 3. Lisez « Austria’s Restrictions on the Unvaccinated Appear to Be Working »