Le premier ministre enlève son masque et déclare : « Bonsoir, tout le monde. Écoutez, je vais vous le dire tout de suite, je n’ai pas des bonnes nouvelles à vous annoncer. Malheureusement, au cours des derniers jours, on a vu une explosion du nombre de cas… »

Nous y revoilà. Bye-bye danse, karaoké, party de bureau, salles et restos bondés !

Le PM poursuit : « La grosse question que les gens se posent : qu’est-ce qu’on fait avec les rassemblements dans les maisons ? » Petit mouvement d’épaules résigné : « Malheureusement, on doit mettre un maximum à 10 personnes. »

Oh ! Elle n’est pas facile à prononcer, cette phrase-là. Elle prend tout son p’tit change d’humilité. Il y a quelques jours à peine, on nous avait pourtant promis qu’on pourrait fêter à vingt dans nos foyers. Voilà que la tablée vient d’être réduite de moitié.

Avant de donner la parole au ministre Dubé, François Legault ajoute ceci : « Je sais que des personnes vont dire : “Vous avez changé d’idée.” On va laisser l’orgueil de côté… S’il y a une chose qu’on a apprise avec cette crise, c’est qu’il faut être très humble parce que ce qu’on voit aujourd’hui, ce n’est peut-être pas ce que l’on voit demain ou la semaine prochaine… »

Dans une comédie musicale à la West Side Story, le PM, avec sa tronche de Jean Gabin, se serait mis à chanter :

La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C’est tout ce que j’sais
Mais ça, j’le sais

S’il y a une leçon que cette pandémie nous a apprise, c’est qu’on ne sait jamais. Combien de fois on a cru s’en être sortis, et combien de fois on y est replongés, en plein dedans ?

Le gouvernement aurait-il dû attendre avant de nous faire de fausses joies ? Préférablement. Surtout avec le variant Omicron à l’horizon. Mais on était quand même rendu au 7 décembre, il ne restait que deux semaines pour passer nos commandes. Il aurait traîné qu’on s’en serait plaints.

C’est toujours plus facile après. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait avec notre moral variant ? Il y a quelques jours, il était tout en haut du sapin, avec l’étoile, et maintenant, il est tout au fond, dans les épines et les glaçons. On était prêts à faire le tour du monde. Et aujourd’hui, on fait le tour de notre monde pour le désinviter.

Pour se stabiliser l’humeur, il faut apprendre à apprécier ce que l’on a. Dix personnes, c’est moins bien que vingt, mais c’est mieux que rien. Et comme on sait qu’on ne sait pas ce que les prochains jours nous réservent, rien, c’est peut-être dans pas très loin. Alors, profitons-en pendant que l’on peut être une dizaine.

Il y a un bon côté à tout. Même au pire.

Rappelez-vous, il y a deux ans, au temps d’avant, le 18 décembre, nous étions tous pris dans le tourbillon des Fêtes. Les cadeaux à acheter. Les réceptions à organiser. Les listes à cocher. Tous essoufflés. Dépassés. On était dans le plus, plus, plusse ! Toujours plusse ! À un point tel qu’on se demandait si on n’avait pas perdu le sens de Noël. Si on avait oublié l’essentiel.

Puis la COVID-19 est arrivée. La casseuse de party. On s’est retrouvés, du jour au lendemain, dans le moins, moins, moins. Moins d’activités. Moins de contacts. Moins de déplacements. Puissant reality check.

Finies les grandes extravagances. Un Noël en toute intimité. Avec les habitants de son foyer. Uniquement. Pas les autres proches éloignés. Et soudain, l’essentiel qui nous est invisible, habituellement, nous a crevé les yeux. Noël, c’est le temps avec nos gens. On dit le temps des Fêtes, mais c’est le temps des Êtres.

C’est toujours quand on est privé de quelqu’un qu’on se rend compte à quel point il nous est indispensable.

L’année passée, il manquait des grands-parents, il manquait des petits-enfants, il manquait des amis chers. Cette année, on pourra en rajouter quelques-uns. C’est déjà ça.

Et si la semaine déconne et que les mesures doivent être révisées à la dure ? On fera avec. On n’a pas le choix. Parce que tous ces efforts ne servent qu’à une seule chose : rester ensemble. Tout ça, c’est pour que les hôpitaux puissent continuer de soigner et de sauver des âmes. Vaut mieux rester ensemble sous le même ciel que se contaminer sous le même toit.

On en a pour combien de temps, encore ? On ne le sait pas. Ce que l’on sait, c’est qu’il nous appartient de trouver du bon dans chaque situation. Vous me mettez au défi ? Eh bien, voici…

Le Canadien a gagné, avec pas de monde, jeudi, et il ne perdra pas, ce soir, avec pas de match !