La Presse était aux premières loges d’une opération policière, mardi. Récit.

« Feu vert », lance sur les ondes la lieutenante-détective Isabelle Côté depuis la salle de commandement du Service de police de Laval (SPL), aménagée dans son quartier général.

Sur le mur du fond, une grande carte de la région métropolitaine, sur laquelle apparaissent des points, est projetée sur un écran.

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« Feu vert », dit la lieutenante-détective Isabelle Côté, sous l’œil attentif de l’assistant-directeur aux enquêtes criminelles, Jean-François Rousselle.

À gauche, les photos des suspects et des lieux visés défilent sur un écran de télé.

Les Groupes tactiques d’intervention (GTI) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et de la Sûreté du Québec (SQ), demandés en assistance, s’apprêtent à frapper dans Montréal-Nord et à Candiac.

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Le centre de commandement du Service de police de Laval à 5 h mardi matin. De dos, à gauche, l’inspectrice des Crimes généraux Gabrielle Ferland.

Moment de silence. Les cadres et enquêteurs présents dans la salle retiennent leur souffle. Lorsque les responsables des GTI annoncent que leur cible respective est arrêtée et que les lieux sont sécurisés, les inquiétudes se dissipent en même temps que les applaudissements fusent.

Une heure plus tard, ce sera au tour d’un garage de la montée Masson, à Laval, d’être visité par les enquêteurs.

La Presse a pu accompagner mardi matin les enquêteurs des Crimes généraux et des Crimes majeurs du SPL pour cette perquisition.

Perquisition 101

À 5 h 30, rassemblement et instructions données par le sergent-détective Louis-Maxime Lefebvre dans le stationnement d’une église. À 6 h tapant, le signal est donné.

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Entouré des policiers et des civils qui prendront part à la perquisition d’un garage de la montée Masson, le sergent-détective Louis-Maxime Lefebvre donne ses dernières instructions.

Un serrurier accompagne les policiers. C’est lui qui coupe avec une meuleuse le cadenas de la porte de la propriété industrielle clôturée. Une fois cela fait, les policiers attendent toutefois avant d’entrer sur la propriété.

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Quelques minutes après 6 h, le serrurier qui a accompagné les policiers a commencé à couper le cadenas de la clôture de la propriété avec l’aide d’une meuleuse.

En effet, deux chiens sont censés monter la garde.

Deux employés du Berger blanc, un service d’adoption d’animaux, ont suivi les enquêteurs dans leur véhicule. Ils sont prêts à agir, perches munies d’un collier à la main.

Finalement, ils n’ont pas besoin d’intervenir. Les molosses brillent par leur absence.

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Un enquêteur du Service de police de Laval photographie l’intérieur d’un garage de la montée Masson qui a fait l’objet d’une perquisition, mardi matin.

C’est un autre chien, policier celui-là, qui se présente sur les lieux : la femelle Maja, tenue par son maître, Vincent Thibault.

Même si on dit que l’argent n’a pas d’odeur, l’animal « généraliste » est entraîné à détecter les liasses de dollars, la drogue et les armes.

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Un enquêteur photographie un silencieux de marque Honda déposé sur le sol du garage.

Dans le garage, quelques pièces de véhicules reposent ici et là. Les limiers s’affairent à tout examiner avec attention. Dans un coin, un enquêteur grisonnant un peu bougon mais efficace prend des notes, toujours une cigarette à portée des doigts.

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Les limiers des Crimes généraux et des Crimes majeurs du SPL ont scruté les moindres recoins du garage avec leurs lampes de poche.

Trois arrestations

Trois hommes âgés de 41 à 55 ans ont été arrêtés, interrogés et relâchés en attendant la suite de l’enquête. Ils pourraient être accusés de vol de véhicules.

Durant la perquisition, les policiers ont saisi des outils, dont un chariot élévateur, des plaques d’immatriculation, de l’argent comptant, une douzaine de téléphones cellulaires et des vêtements.

Un camion cube, dans lequel les policiers n’ont rien trouvé, et une Honda Civic ont été saisis en tant que biens infractionnels, ce qui signifie qu’ils auraient servi à commettre les infractions alléguées.

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Le serrurier a aidé les policiers à déverrouiller, à déplacer et à ouvrir la porte arrière de ce camion cube dans lequel les enquêteurs n’ont toutefois rien trouvé pour étoffer leur preuve.

Le réseau démantelé, qui était bien structuré, selon la police, n’est toutefois pas du même genre que ceux dont on parle beaucoup depuis la pandémie de COVID-19, c’est-à-dire des réseaux qui font appel à des jeunes pour voler les véhicules qui sont, dans la plupart des cas, destinés à l’exportation.

Les membres du réseau s’intéressaient particulièrement aux Honda CR-V. Ils seraient reliés à 15 dossiers de vols commis non seulement à Laval, mais également dans les couronnes nord et sud, et même à Trois-Rivières.

Les véhicules étaient volés, « refroidis » dans un endroit stratégique durant quelques jours pour que les suspects puissent s’assurer qu’ils n’étaient pas munis de GPS, puis déplacés dans le garage de la montée Masson, où ils auraient été découpés, croient les enquêteurs.

Une priorité

La moitié des véhicules volés dans les 15 dossiers ont été retrouvés. Le Honda CR-V est l’un des véhicules les plus dérobés ; 19 ont été volés à Laval durant le premier trimestre de cette année.

PHOTO FOURNIE PAR LE SERVICE DE POLICE DE LAVAL

L’un des Honda CR-V retrouvés par les policiers durant l’enquête

« Les vols de véhicules ont diminué de 12 % entre 2022 et 2023 à Laval, mais le nombre reste malgré tout élevé. Il s’agit d’une source de financement pour le crime organisé. Pour le Service de police de Laval, la lutte contre les vols de véhicules est une priorité et au cours des derniers mois, nous avons mis beaucoup d’efforts, démarré plusieurs projets d’enquête et effectué plusieurs arrestations », affirme l’assistant-directeur du SPL, Jean-François Rousselle.

L’enquête a débuté à l’automne. Plus de 50 policiers de Laval, mais aussi du SPVM, de la SQ et des polices de Repentigny et du Roussillon, ont pris part à la frappe de mardi matin.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Quelques conseils de prévention

Utilisez une barrure de volant

Rangez vos clés électroniques dans un sac ou une boîte Faraday

Placez un obstacle entre votre véhicule et la rue