Mais le nombre de postes à pourvoir continue à croître

Lancé le 31 mars 2023 par la Marine canadienne, un programme de recrutement basé sur un engagement d’un an des recrues – au lieu de trois – a donné de bons résultats et sera prolongé avec des objectifs relevés. Mais le nombre de postes à pourvoir dans cette branche des Forces armées canadiennes (FAC) demeure important.

C’est ce qu’a constaté La Presse à la suite d’une démarche auprès des FAC et d’une entrevue avec le lieutenant Alexandre Tremblay, directeur de la cellule de coordination pour le programme Expérience de la Marine.

« Étant sur le terrain chaque jour, je vois les choses comme une expérience positive », indique le lieutenant en entrevue téléphonique à partir d’Halifax, où il est basé.

PHOTO FOURNIE PAR LA MARINE CANADIENNE

Le lieutenant Alexandre Tremblay, directeur de la cellule de coordination pour le programme Expérience de la Marine

Les marins sont satisfaits de leur expérience. Ils ont l’intention de continuer, à temps plein ou dans la réserve. Je crois qu’on a réalisé un bon effort de recrutement.

Le lieutenant Alexandre Tremblay

Le programme a pour but d’attirer des candidats réticents à s’engager à long terme. Au lieu des trois ans réglementaires à la signature, les candidats font en 12 mois l’entraînement de base des FAC et l’apprentissage des facettes du métier de matelot (5 mois) avant d’être affectés à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ou à Esquimalt, en Colombie-Britannique (7 mois).

Au cours de cette première année, 490 personnes ont présenté leur candidature, 160 ont été enrôlées et sont en attente d’entrer à l’École des recrues de Saint-Jean-sur-Richelieu et 74 marins sont en poste sur les côtes (35 à Halifax et 39 à Esquimalt).

Sans surprise, la majorité des 490 personnes ayant fait la démarche vivent déjà sur les côtes ; 139 sont de Vancouver, 119 d’Halifax, 85 de Victoria. On compte 75 personnes de Montréal, 22 de Québec, 21 de Sherbrooke et une de Rimouski. L’âge moyen des nouvelles recrues est de 22 ans et 17,9 % sont des femmes, nous a-t-on communiqué.

Comme le programme a été lancé le 31 mars 2023, il a fallu attendre quelques mois avant l’enrôlement des premiers marins, qui a eu lieu au cours de l’été. C’est donc seulement en août prochain que les FAC pourront jauger le taux de rétention des candidats.

PHOTO DE L’AVIATEUR GREGORY COLE, FOURNIE PAR LA MARINE CANADIENNE

Les participants au programme passent des mois sur une des bases canadiennes de la Marine pour apprendre les rudiments du métier.

N’empêche. Au départ, on visait l’enrôlement de 144 personnes. « Nous avons relevé cet objectif à 170 marins », indique le lieutenant Alexandre Tremblay qui, originaire de Chicoutimi, est dans la Marine depuis 22 ans. « Nous continuons à accepter les demandes. »

Les autres programmes réguliers de recrutement sont maintenus. « Expérience de la Marine constitue un effort complémentaire de recrutement », rappelle son responsable.

1700 postes à pourvoir

Là où le bât blesse, c’est dans les objectifs généraux de recrutement.

L’an dernier, au moment où La Presse publiait un premier article sur le nouveau programme, on dénombrait 1500 postes à pourvoir sur 7768 postes gérés par la Marine (19,3 %).

Au moment de notre entrevue avec le lieutenant Alexandre Tremblay, le nombre de postes vacants était passé à 1700 sur 7933 postes gérés par la Marine (21,4 %). Ces nouveaux chiffres datent de la fin de janvier 2024.

Dans certains métiers, le nombre de postes à pourvoir est si important qu’on offre des primes d’embauche et une « augmentation accélérée de la rémunération », lit-on sur la page de recrutement de la Marine royale canadienne.

Lisez l’article « La Marine adopte un programme de recrutement de un an »

Lors du lancement du programme Expérience de la Marine, on nous disait cibler certains métiers comme ceux de mécanicien et de plongeur. Sur ce plan, les chiffres sont intéressants, assure le lieutenant Alexandre Tremblay.

« Sur la côte Est, 20 des 35 marins sont intéressés à devenir plongeurs, dit-il. Et deux candidats ont complété leur formation de plongeur-démineur. »

Dans une optique plus large, la Marine canadienne reconnaît sa forte pénurie de personnel et fait état de plusieurs navires en fin de cycle de vie. Le 29 novembre 2023, une vidéo mise en ligne par le vice-amiral Angus Topshee évoquait l’« état critique » de cette branche de l’armée.