(Montréal) Des politiciens, des dignitaires et des personnalités publiques ont convergé samedi de partout à travers le Canada pour rendre un dernier hommage à l’ancien premier ministre Brian Mulroney, à la basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal.

Aux environs de 10 h 45, le cercueil du défunt a été débarqué d’une limousine de cérémonie par des membres de la police montée, devant la basilique. Derrière le véhicule, agglutinée sur plusieurs parapluies pour se protéger de la neige soutenue, la famille Mulroney a pu assister aux premières loges de la scène.

Cette chorégraphie minutieusement programmée était précédée d’un cortège funéraire, composé de membres de la garde d’honneur, partie plus tôt de la basilique de Saint-Patrick, au centre-ville de Montréal.

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Juste avant, plusieurs dignitaires ont été aperçus tandis qu’ils entraient au compte-gouttes dans la basilique. À l’intérieur, les funérailles d’État ont été tenues à 11 h, avec comme célébrant l’archevêque de Montréal, Christian Lépine, à la suite d’un cortège funèbre.

« Il a marqué notre histoire avec un leadership et un service remarquable. En 40 ans, il a eu un énorme impact, mais même il y a quatre ans, quand il aidait à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), il a démontré sa passion pour son pays. On se souvient de lui et on se souviendra », a laissé tomber le premier ministre Justin Trudeau, à son arrivée, samedi.

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« On se souvient de lui et on se souviendra », a laissé tomber le premier ministre Justin Trudeau, à son arrivée aux funérailles de Brian Mulroney.

Le ministre François-Philippe Champagne, lui, voulait « célébrer un homme qui aura marqué l’histoire ». « Son fils m’avait vu à l’aéroport et il m’avait dit que son père aimerait te parler. On a jasé pendant presque une demi-heure. Je me rappellerai toujours d’un homme généreux de son temps et de ses idées. On lui doit beaucoup », s’est-il remémoré.

Le premier ministre québécois François Legault a salué que l’accord de libre-échange « a permis à beaucoup d’entreprises québécoises de faire exploser leur exportation ». « Ça a créé beaucoup de bons emplois. On doit lui dire merci. Et c’était un homme tellement gentil », a dit M. Legault, qui s’est au passage souvenu du « charisme » de l’homme, qui « chantait des chansons irlandaises dans des partys privés ».

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Le premier ministre québécois François Legault, aux funérailles d’État de Brian Mulroney

« Je pense qu’il a lancé un consensus de gros bon sens en 1984 en réduisant le rôle de l’État fédéral, en privatisant des entreprises d’État, la déréglementation et couper la paperasse, réduire les taxes pour les travailleurs et les entreprises. C’est la même chose dont on a besoin aujourd’hui », a quant à lui noté le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre.

« Sa lutte pour faire tomber le régime d’apartheid en Afrique du Sud a été un tournant pour eux. C’est la première fois que le Canada a été capable de jouer un rôle important à l’international », a de son côté rappelé la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Les éloges funèbres ont d’abord été prononcés par la fille du défunt, Caroline Mulroney, le premier ministre Justin Trudeau et le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau. L’ex-premier ministre du Québec, Jean Charest, la légende du hockey Wayne Gretzky et l’ancien secrétaire d’État américain, James Baker, ont aussi pris la parole.

Plusieurs autres invités de marque étaient sur les lieux, dont la gouverneure générale Mary Simon et ses prédécesseurs David Johnston et Michaëlle Jean, ainsi que d’anciens premiers ministres comme Stephen Harper, Jean Chrétien, Lucien Bouchard, Pierre Marc Johnson et Philippe Couillard. Les chefs du NPD et du Bloc québécois, Jagmeet Singh et Yves-François Blanchet, sont aussi sur les lieux.

La plupart des premiers ministres provinciaux étaient sur place, tout comme plusieurs ministres du gouvernement du Québec et du Canada d’ailleurs. L’acteur canadien Ryan Reynolds figurait parmi la liste des invités, avec des personnalités médiatiques telles Jean-François Lépine, Paul Arcand ou Chantal Hébert.

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Aux environs de 10 h 45, le cercueil du défunt a été débarqué d’une limousine de cérémonie par des membres de la police montée. Derrière le véhicule, agglutinée sur plusieurs parapluies pour se protéger de la neige soutenue, la famille Mulroney a pu assister aux premières loges de la scène.

« Un homme du peuple »

L’ancien joueur du Canadien de Montréal et ami de longue date du défunt, Serge Savard, a dit admirer le fait que Brian Mulroney « a mis de l’avant des choses qui n’étaient pas pour plaire, comme la TPS et le libre-échange ». « Il est parti sur une mauvaise note, mais aujourd’hui on lui en doit raison », a dit M. Savard.

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Serge Savard était présent aux funérailles d’État de son ami de longue date, Brian Mulroney.

Il a eu le courage de prendre des décisions, de faire des choses pour lesquelles il savait qu’il serait impopulaire. Il savait que certaines décisions qu’il a prises allaient déchirer le pays.

Serge Savard, ami de longue date

Jason Kenney, l’ex-premier ministre de l’Alberta, a émis le même son de cloche. « Quand il a quitté le poste de premier ministre, il n’était pas du tout populaire parce qu’il a essayé de grandes choses difficiles. Or, on voit aujourd’hui une reconsidération de son bilan et un respect presque universel. »

Pour l’ex-première ministre du Québec, Pauline Marois, il faut se souvenir d’un homme de conviction qui aimait les gens et était capable de dépasser la partisanerie. « Dénoncer l’apartheid au moment où il l’a fait, c’était exceptionnel. Il était très isolé et il l’a fait avec conviction », a-t-elle souligné. « Il a tenté l’impossible avec honnêteté et courage pour rapatrier le Québec dans la constitution. C’était l’impossible à mon point de vue, à mes yeux à moi, mais il l’a fait quand même en nous respectant, parce qu’il y croyait », a-t-elle ajouté.

« De Pierre Poilievre à Stephen Harper, en passant par tous ceux qui ont dirigé le Parti conservateur, tout le monde parlait à M. Mulroney à propos des enjeux et des défis actuels. Ça montre toute la connaissance qu’il avait », a fait valoir l’ancien député et dernier chef du Parti progressiste-conservateur, Peter MacKay, en disant espérer que les conservateurs s’inspirent de ce leadership. Son père, Elmer MacKay, a aussi parlé de Brian Mulroney comme « un modéré, un homme du peuple ».

  • La gouverneure générale Mary Simon

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    La gouverneure générale Mary Simon

  • L’ex-hockeyeur Wayne Gretzky

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    L’ex-hockeyeur Wayne Gretzky

  • Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh

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    Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh

  • Adrienne Clarkson, ancienne gouverneure générale du Canada

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    Adrienne Clarkson, ancienne gouverneure générale du Canada

  • Elizabeth May, cheffe du Parti vert du Canada

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    Elizabeth May, cheffe du Parti vert du Canada

  • Vincent Damphousse, ancien hockeyeur

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    Vincent Damphousse, ancien hockeyeur

  • La ministre Geneviève Guilbault

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    La ministre Geneviève Guilbault

  • Peter McKay, ancien député et dernier chef du Parti progressiste-conservateur

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    Peter McKay, ancien député et dernier chef du Parti progressiste-conservateur

  • La ministre Chrystia Freeland

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    La ministre Chrystia Freeland

  • L'ancien maire de Montréal Denis Coderre

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    L'ancien maire de Montréal Denis Coderre

  • L'ancien chef du Parti conservateur Andrew Scheer

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    L'ancien chef du Parti conservateur Andrew Scheer

  • Le sénateur Claude Carignan

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    Le sénateur Claude Carignan

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« C’était un conciliateur dans des dossiers difficiles, un homme qui avait un grand sens de l’humour. Et il s’en servait beaucoup pour enlever la pression. […] Il avait une façon de compter une petite histoire quand la pression était élevée. J’ai beaucoup appris de M. Mulroney », a dit le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui l’a côtoyé sur le conseil d’administration de Québecor.

« Il a pris un pas très courageux en 1991. Il a été le premier leader de l’ouest à reconnaître l’Ukraine indépendante », a de son côté rappelé la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, dont la famille maternelle est originaire de l’Ukraine. « Presque immédiatement après l’invasion russe il y a deux ans, M. Mulroney m’avait appelé. Je me souviens très clairement qu’il m’avait dit que c’était historique, ce qui se passait, et qu’il fallait faire tout ce que je peux. »

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Une semaine d’hommage

Plus tôt cette semaine, jeudi et vendredi, les Montréalais avaient déjà été nombreux à se déplacer pour rendre hommage à Brian Mulroney à la basilique de Saint-Patrick, où le cercueil du « p’tit gars de Baie-Comeau » était exposé en chapelle ardente. Le même exercice avait aussi été tenu à Ottawa, plus tôt dans la semaine.

« Quand il vous parlait, Brian Mulroney, ce n’était pas du superficiel, c’était du profond. Il était un homme exceptionnel qui ne s’est jamais pris pour un autre », avait notamment illustré Richard Daudelin, un retraité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a côtoyé M. Mulroney de près durant sa carrière, puisqu’il faisait partie de la Section de la protection des personnes de marque.

Brian Mulroney est décédé le 29 février à l’âge de 84 ans. Il a été premier ministre pendant neuf ans entre 1984 et 1993 et a dirigé le Parti progressiste-conservateur du Canada. M. Mulroney a laissé derrière lui un important héritage qui comprend l’Accord de libre-échange nord-américain, la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, l’accord sur les pluies acides de 1991 et l’introduction de la taxe sur les produits et services.

Notons que plusieurs fermetures de rues étaient à prévoir dans les environs de la basilique Notre-Dame, ce samedi. La circulation était notamment interdite dans le quadrilatère compris entre les rues Saint-Antoine Ouest, Saint-Paul Ouest et Saint-Pierre ainsi que le boulevard Saint-Laurent de 7 h à 16 h.

Une portion du boulevard René-Lévesque, entre la côte du Beaver Hall et la rue Jeanne-Mance, ainsi qu’une partie de la rue De Bleury, entre le boulevard René-Lévesque Ouest et la rue Saint-Antoine Ouest, étaient également fermées de 9 h 30 à 11 h 30 pour le passage du cortège funèbre.

Avec La Presse Canadienne