Les entreprises d’économie sociale ont des solutions aux difficultés qui affectent le déploiement du nouveau système québécois de consigne sur les contenants de boissons, mais elles déplorent le manque de transparence et d’ouverture des embouteilleurs chargés de le mettre sur pied.

Des centres de tri, des ressourceries et d’autres entreprises de gestion de matières résiduelles de nombreuses régions du Québec, totalisant plus de 600 employés et disposant déjà d’infrastructures d’entreposage et de transport, se disent prêts à récupérer dès maintenant les contenants.

Mais les discussions sont difficiles avec l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), l’organisation privée créée par les embouteilleurs pour gérer le nouveau système, en vertu du principe de « responsabilité élargie des producteurs » (REP).

« On n’a pas toute l’information », déplore Jacob Homel, directeur des affaires publiques du Chantier de l’économie sociale, une organisation à but non lucratif vouée au développement de l’entrepreneuriat collectif au Québec, qui dit avoir des échanges avec l’AQRCB depuis la fin de décembre.

« Un bon processus doit inclure les parties prenantes de façon transparente », martèle-t-il, disant que les entreprises d’économie sociale ont besoin de se préparer à répondre à d’éventuels appels d’offres.

Ces entreprises ne sont pas consultées. Pourquoi le processus ne les inclut-il pas de façon plus proactive ? C’est un peu étrange. S’il y a une raison pour laquelle ça ne peut pas fonctionner, très bien, mais il faudrait qu’on la sache.

Jacob Homel

Le fait que les entreprises d’économie sociale soient bien implantées dans leur milieu est une autre raison de les inclure dans la gestion du nouveau système de consigne, plaide Jacob Homel.

« Là, on a l’option d’encourager des entreprises ancrées dans leur territoire, qui génèrent des emplois locaux, qui sont souvent des entreprises d’insertion sociale ; d’encourager, finalement, la vitalité régionale, [car] les entreprises d’économie sociale investissent dans la communauté, elles ne sont pas dans la privatisation du profit », dit-il.

La réforme du système de consigne représente une « grande transformation sociale », et les conséquences de l’échec seraient « graves », prévient M. Homel.

« S’il y a une perte de confiance dans les REP, ça va augmenter les coûts d’enfouissement et nous éloigner de nos cibles [environnementales] », a-t-il mis en garde, estimant néanmoins qu’il est encore temps de réajuster le tir.

« Il faut que ce soit un succès et pour que ce soit un succès, il faut inclure la communauté, a-t-il dit. Et ça, ce sont les entreprises d’économie sociale. »

L’AQRCB n’a pas souhaité répondre à ces inquiétudes, qui font suite aux révélations de La Presse sur ses retards et ses problèmes de financement.

Lisez le dossier « La consigne piétine »

Québec garde confiance

Le gouvernement Legault suit « de très près » les préparatifs en vue du déploiement de la deuxième phase de sa réforme du système de la consigne, a indiqué le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, dans une déclaration transmise à La Presse par son cabinet.

« Il s’agit d’un changement nécessaire qui demande que tous les acteurs y mettent l’épaule à la roue pour être bien mené à terme », a-t-il affirmé, reconnaissant que cette réforme « amène son lot de défis ».

Le ministre Charette s’est également dit « satisfait du travail qui a été fait pour la première phase de la consigne par l’AQRCB, en novembre dernier ».

En savoir plus
  • 5 milliards
    Quantité anticipée de contenants consignés qui seront retournés lorsque l’élargissement sera complété en 2025, soit le double d’avant la réforme
    Source : Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB)