Craignant que des aînés et des personnes vulnérables se retrouvent sans hébergement, les ressources intermédiaires demandent une aide d’urgence de plus de 139 millions de dollars dans le prochain budget du Québec.

Ce qu’il faut savoir

  • L’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec demande au gouvernement provincial d’inclure des mesures d’urgence dans son prochain budget.
  • En raison de l’augmentation de leurs frais de fonctionnement depuis la pandémie, de plus en plus de ressources intermédiaires peinent à joindre les deux bouts, déplore l’Association.
  • L’Association demande notamment au gouvernement une prime de 20 $ par jour par résidant des ressources intermédiaires, pour une somme totale d’environ 139 millions de dollars.

« On n’a pas d’aide. On est inquiets. Je suis dans le réseau depuis une trentaine d’années et je n’ai jamais vu ça », dit la directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ), Manon Charpentier.

Les ressources intermédiaires (RI) sont des milieux de vie qui offrent des services notamment aux personnes âgées en perte d’autonomie, aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle, un handicap physique, un problème de santé mentale ou de toxicomanie.

Ces ressources sont financées en totalité par le gouvernement du Québec dans le cadre d’une entente signée en 2021 qui se termine en 2025. Or, en raison de l’augmentation de leurs frais de fonctionnement depuis la pandémie, de plus en plus de ressources peinent à joindre les deux bouts, déplore l’Association.

Tous les coûts liés à l’hébergement ont explosé, comme l’alimentation, les frais d’assurances, de rénovation, etc. Ce qui fait que les propriétaires de ressources sont égorgés.

Manon Charpentier, directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec

L’Association demande au gouvernement du Québec d’inclure dans son prochain budget des mesures d’urgence pour maintenir la qualité des services offerts aux résidants.

« Il faut trouver de la place »

Afin de faire face à la hausse des frais de fonctionnement, l’Association demande au gouvernement une prime de 20 $ par jour par résidant pour toutes les ressources intermédiaires existantes. À l’heure actuelle, les ressources intermédiaires reçoivent en moyenne 140 $ par jour par résidant. Cette augmentation représente une somme totale d’environ 139 millions de dollars, selon l’ARIHQ.

« Notre clientèle, ce sont des gens vulnérables », dit Mme Charpentier.

Si une résidence ferme, on ne peut pas dire aux gens de retourner vivre chez leurs parents ou d’aller à l’hôpital. Il faut trouver de la place.

Manon Charpentier, directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec

Elle observe de plus en plus de propriétaires qui fonctionnent à perte. « Ils ont de la difficulté à se sortir la tête de l’eau. On ne peut pas attendre en 2025 pour une nouvelle entente. »

Relancer la machine

De plus en plus de personnes âgées et vulnérables nécessitent des milieux de vie adaptés, mais le nombre de places en ressource intermédiaire stagne, déplore l’Association.

« Notre milieu ne se développe plus, parce que les coûts de construction ayant explosé font en sorte que les appels d’offres [restent sans réponse] et il n’y a pas de nouvelles constructions qui se font. Il faut qu’on reparte la machine et qu’on construise des ressources », dit Mme Charpentier.

L’association demande une prime de 10 $ par jour par résidant pour toute nouvelle place construite en ressource intermédiaire.

« Les promoteurs ne veulent plus construire des ressources intermédiaires, parce qu’avec l’argent qu’on reçoit, ce n’est plus suffisant », dit la directrice. L’Association souhaite que cette aide temporaire soit en vigueur jusqu’à la nouvelle entente en 2025.

Appelé à réagir, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a dit être informé de certaines difficultés en lien avec le financement des ressources intermédiaires. « Nous analysons présentement de quelle façon nous pourrons trouver des solutions efficaces et pérennes au manque de places en hébergement tant dans le réseau public et le réseau privé. Il est toutefois trop tôt pour nous prononcer davantage à ce sujet », a déclaré Marie-Pierre Blier des relations avec les médias.

À l’heure actuelle, le gouvernement offre aux ressources intermédiaires un financement équivalant à une valeur maximale de 211 000 $ la porte, contrairement à plus de 1 million de dollars la porte pour la construction des maisons des aînés, soutient l’Association.

Le Ministère indique de son côté que les coûts de construction varient selon les normes et exigences du milieu d’hébergement, de l’organisation de services, ainsi qu’en fonction des besoins cliniques des usagers et invite à ne pas « les comparer directement ».