La ligne téléphonique mise en place pour répondre aux proches de jeunes à risque de sombrer dans la violence n’a reçu que 89 appels en six mois, soit moins de quatre appels par semaine.

La ligne RENFORT, qui a reçu 800 000 $ de la Ville de Montréal pour deux ans, est gérée par le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV).

Elle avait été présentée, lors de son lancement en juin 2023, comme une autre voie que la police pour des parents qui s’inquiètent du changement de comportement de leur adolescent ou de ses mauvaises fréquentations, par exemple. Les intervenants, qui peuvent répondre en sept langues, sont formés en écoute active, en relation d’aide et en prévention du suicide, et ils peuvent avoir un bagage en psychologie ou en criminologie.

Étant donné le faible nombre d’appels, s’agit-il d’un service vraiment utile et nécessaire ?

Les cinq intervenants chargés de répondre aux appels se consacrent aussi à des activités de prévention et s’affairent à tisser des liens avec la collectivité afin de faire connaître le service, répond la directrice du CPRMV, Roselyne Mavungu.

« Il faut établir un lien de confiance, explique-t-elle. On répond aux appels, mais il faut aussi une présence physique dans la communauté. On prépare des ateliers qui répondent aux besoins des familles, pour mieux comprendre la violence armée, les facteurs de vulnérabilité, l’univers des gangs de rue. »

Méfiance

Pierreson Vaval, qui dirige l’équipe d’intervenants, souligne qu’il n’est pas aisé de surmonter la méfiance dans certaines communautés.

Les gens qui sont visés par cette ligne ont souvent peur de la police, de la DPJ, des écoles, ils ont peur de tous les acteurs du système. C’est pourquoi il faut des liens de proximité pour les rejoindre.

Pierreson Vaval, directeur de la prévention de la violence armée au CPRMV

Ceux qui communiquent avec la ligne RENFORT peuvent être, par exemple, des parents inquiets de voir leur adolescent changer d’attitude, fréquenter des personnes peu recommandables, prendre de la drogue.

Dans ces cas, l’une des recommandations qui sont faites aux parents est de ne pas couper les ponts avec le jeune, mais de garder les canaux de communication ouverts. « Ceux qui tentent d’entraîner les jeunes dans des activités criminelles tentent généralement de les isoler de leur milieu pour avoir plus d’influence et mieux les contrôler », note Pierreson Vaval.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur de la prévention de la violence armée au CPRMV, Pierreson Vaval

La faible utilisation de la ligne téléphonique, mise en place à la suite du Forum sur la lutte contre la violence armée du printemps 2022, déçoit-elle les élus municipaux ?

La situation ne préoccupe pas Josefina Blanco, responsable du dossier de l’inclusion sociale au comité exécutif.

Mme Blanco se dit satisfaite du nombre d’appels. «  Ça veut dire que ces familles ont pu recevoir un suivi adéquat et personnalisé », a-t-elle souligné, en se disant consciente qu’il faut un peu de temps pour faire connaître le service.

Des organismes représentant des communautés ethniques et des leaders religieux ont invité les intervenants de la ligne RENFORT à les rencontrer pour échanger sur le service, ce qui contribuera à accroître sa notoriété, indique Roselyne Mavungu.

La ligne RENFORT est joignable au 514 653-6363, en semaine, de 8 h à 20 h, et le samedi, de 9 h à 17 h.