(Québec) Le futur Musée national d’histoire du Québec, cible de critiques des Premières Nations, va « commencer avec Champlain » et se concentrer sur « la nation qui était canadienne-française et qui est maintenant québécoise », a affirmé le premier ministre mercredi.

« Il y a 11 nations autochtones, et puis on est ouverts à travailler avec eux autres pour aussi qu’il y ait des façons de faire connaître leur nation, mais l’idée c’est de montrer l’histoire de la nation qui était canadienne-française et qui est maintenant québécoise, qui a commencé avec Champlain », a lancé François Legault lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.

« Notre nation québécoise a commencé avec Champlain, peut-être un peu avec Jacques Cartier », a-t-il précisé en anglais.

Le projet de Musée national d’histoire du Québec (MNHQ) soulève bien des questions depuis son annonce en grande pompe le 25 avril dernier. Où commence l’histoire nationale des Québécois ? Quelle part le musée fera aux autochtones et aux minorités, comme la minorité anglophone historique ?

Mardi l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a vertement critiqué les propos du premier ministre, selon qui « il est important de commencer avec Champlain, au tout début ».

L’APNQL a aussi déploré des propos tenus par l’historien Éric Bédard, nommé par Québec sur le comité scientifique chargé d’établir le contenu du futur musée. « On dit que l’histoire commence à l’écriture, et avant l’histoire, c’est la préhistoire. Peut-être que les autochtones sont un peu la préhistoire du Québec », avait dit M. Bédard.

« Mélangeant »

Plusieurs élus de la CAQ ont précisé mercredi le mandat de ce futur musée, qui doit ouvrir au printemps 2026 dans le pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec.

Je pense que ça a été mélangeant pour plusieurs personnes. On parle d’un musée qui va raconter l’histoire de la nation québécoise, et non l’histoire du Québec.

le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière

Le ministre de la Culture, qui a chapeauté ce projet de musée, soutient qu’il est normal que la nation québécoise ait un musée sur son histoire tout comme en ont les nations autochtones.

« Les nations autochtones ont des musées qui parlent de leur histoire et je les encourage à continuer, d’ailleurs on contribue souvent financièrement à des initiatives pour mettre en valeur les différentes histoires des nations autochtones », a lancé Mathieu Lacombe.

Le ministre de la Culture précise que malgré son nom, ce futur Musée national de l’histoire du Québec sera consacré à « l’histoire nationale » plutôt qu’à l’histoire du Québec au sens large.

« L’intention du gouvernement c’est de parler de l’histoire nationale du Québec, de l’histoire de la nation québécoise et les experts qu’on va mandater vont le faire, a-t-il dit. Ce n’est pas un outil de promotion du gouvernement du Québec, ce musée. Le contenu sera rédigé par des experts. »

Une place pour Leonard Cohen

Plusieurs questions demeurent toutefois, comme la place qui sera accordée aux minorités et aux autochtones dans ce récit national.

« Je vois une place pour des gens comme Leonard Cohen, ils font partie de notre histoire, alors je vois une place pour eux », avait répondu le premier ministre du Québec le jour où ce projet de 92 millions de dollars a été annoncé.

Le premier ministre a aussi indiqué qu’« évidemment, on va parler des autochtones qui étaient là avant qu’on arrive ».

Les ministres Lacombe et Lafrenière sont restés prudents mercredi quant au contenu exact du musée, rappelant que le comité scientifique où siège M. Bédard allait en décider.

« C’est le Musée de la civilisation qui est en charge de constituer le comité scientifique qui sera le plus utile à ses travaux », a indiqué M. Lacombe. « Je pense que ce n’est jamais utile que le gouvernement dicte à la science quoi faire. »

La Presse a demandé mardi au Musée de la civilisation si un historien autochtone allait siéger sur le comité scientifique. Le Musée nous a référé au ministère de la Culture.

avec Tommy Chouinard et Charles Lecavalier, La Presse