Le principal syndicat des infirmières du Québec estime que le gouvernement de François Legault fait preuve de « chantage » dans les négociations sur le renouvellement de sa convention collective, en liant la question du salaire à celle de la « flexibilité » des infirmières.

« Les plus récentes propositions que le gouvernement nous a faites, c’est que tant et aussi longtemps qu’on n’ouvrira pas sur la [question de la] flexibilité – les déplacements obligatoires –, les offres salariales resteront à 12,7 % », explique en entrevue la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Julie Bouchard.

« Pour nous, c’est du chantage », tranche-t-elle.

La question du déplacement des infirmières en fonction des besoins de l’employeur est au cœur de la négociation en cours entre Québec et le principal syndicat des professionnelles en soins de la province. La FIQ représente quelque 85 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.

Jeudi, le syndicat a fait une sortie publique pour donner la parole à des infirmières qui ont expérimenté le déplacement obligatoire.

Re(lisez) « La FIQ et Québec “très loin” d’une entente »

Dimanche, le syndicat a réitéré par communiqué son opposition à la vision du gouvernement.

« On a exposé tous les enjeux possibles qu’entraîne le déplacement obligatoire exigé par le gouvernement, souligne Julie Bouchard par communiqué. C’est dire tout le respect que le gouvernement Legault a pour les femmes qui tiennent le réseau de la santé à bout de bras. »

Une vision opposée

Du côté de Québec, on soutient que ces déplacements ne seront pas imposés.

« Le gouvernement doit s’assurer qu’il y a suffisamment d’infirmières, en tout temps et aux bons endroits, pour offrir des soins adéquats à la population. Dans le cadre de cette négociation, on ne veut pas obliger les infirmières à se déplacer, on propose plutôt un incitatif financier à celles qui souhaiteraient aller prêter main-forte à leurs collègues », avait affirmé cette semaine la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

Dimanche, lors d’une conférence de presse commune avec le premier ministre François Legault, Mme LeBel a réitéré être encore « très loin » d’une entente avec la FIQ.

« Une entente, c’est la rencontre de deux volontés. Il faut de la volonté de part et d’autre. Nous, on a démontré qu’on est capables de s’entendre », a-t-elle commenté.

Pour Julie Bouchard, la flexibilité demandée par Québec n’améliorera pas les conditions de travail des professionnelles en soins, pierre angulaire de la rétention de personnel. « Cette convention doit devenir un levier pour le réseau pour aller rechercher des professionnelles en soins qui l’ont quitté et aller en chercher des nouvelles », estime-t-elle.

Un conciliateur est présent dans les négociations entre la FIQ et Québec depuis la mi-décembre.

Avec la collaboration de Léa Carrier, La Presse