Le maire d’Amos, Sébastien D’Astous, fera partie des 20 joueurs qui s’affronteront sur une île des Philippines pour la deuxième saison de Survivor Québec. Un défi qui fera sans doute parler de la ville abitibienne plus que jamais, observent des experts.

« J’y vais avant tout pour moi, parce que je veux repousser mes propres limites », a expliqué Sébastien D’Astous dans une vidéo rendue publique mercredi. « Je veux faire parler de ma région et de ma ville. »

Par communiqué, la Ville d’Amos s’est aussi dite fière que M. D’Astous, aussi préfet de la MRC Abitibi, ait été sélectionné parmi les 2500 candidats à la série. « La vie de politicien est très exigeante », a rappelé le maire suppléant Pierre Deshaies, qui prendra la relève de M. D’Astous pendant son absence, qui devrait durer de deux semaines à deux mois.

« Sébastien D’Astous ne prend jamais de vacances sans vraiment se déconnecter, renchérit M. Deshaies en entrevue avec La Presse. Qu’il prenne du temps pour lui, je pense que c’est un message positif à envoyer à d’autres personnes tentées de se présenter comme élu. Pour dire qu’on n’a pas besoin de vivre une vie de moine, même si oui, c’est demandant. »

Le départ de Sébastien D’Astous ne pose pas de problème d’un point de vue réglementaire, a assuré Philippe Dubois, professeur adjoint à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

44 jours d’épreuves

L’émission de téléréalité Survivor Québec est inspirée par celle des États-Unis. Cette deuxième saison permettra à 20 joueurs isolés sur une île philippine pendant 44 jours de se confronter à des épreuves mentales et physiques extrêmes, pour un prix final de 100 000 $.

S’il remporte l’épreuve, M. D’Astous s’engage à remettre une compensation en don à la communauté.

Faire parler d’Amos

« ​​On va se mettre à parler d’Amos comme probablement on n’a jamais parlé d’Amos », fait remarquer Philippe Dubois. « Mais évidemment, comme dans toute tentative dans la sphère publique, il y a un risque à s’exposer. »

La participation d’autres élus à une téléréalité – comme un ministre – aurait probablement causé davantage de controverse, estime-t-il. « Les maires et mairesses québécoises ont un peu ce rôle-là de porte-parole de leur municipalité, de porte-étendard de leur coin de pays », rappelle-t-il.

« À partir d’aujourd’hui, la personnalité politique du maire d’Amos va être associée au courage, à l’audace, soit à l’image de marque de cette émission-là », ajoute-t-il.

Sans compter que les épreuves que M. D’Astous va vivre au petit écran pourraient rejoindre les valeurs de sa région, comme la débrouillardise, l’instinct de survie ou la nature, renchérit Danielle Pilette, experte du monde municipal et professeure à l’Université du Québec à Montréal.

Une question d’image

Appelée à commenter la décision de M. D’Astous, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a indiqué qu’elle respectait son choix. « Les maires et mairesses sont imputables devant leurs citoyens », a-t-elle dit.

Ces derniers n’ont pas tardé à réagir positivement à l’annonce de M. D’Astous sur les réseaux sociaux.

« Je ne connais pas cette émission, mais fort probablement qu’on va maintenant la suivre », a écrit une citoyenne. « C’est courageux, j’admire ton audace ! Peu importe le résultat, déjà d’être participant c’est grand ! »

« Félicitations et bonne chance ! Go Amos go ! », s’est réjoui un autre.

Un enthousiasme représentatif de la « société de divertissement » dans laquelle on vit, estime Justine McIntyre, consultante en communication et affaires municipales et ex-élue montréalaise.

« On vit dans une société où les gens voient le fait d’être dans une émission de télévision comme un accomplissement en soi », observe-t-elle. « Les gens réagissent plus au chef de parti qu’aux idées mises de l’avant. Ici, on est dans le divertissement et dans le culte de la personne. »

Le droit à une pause

En parallèle, la décision de M. D’Astous soulève la question du droit des élus à une pause pour des projets personnels, affirme aussi Mme McIntyre.

Sébastien D’Astous a été élu pour la première fois comme maire d’Amos en 2017. En 2021, il a remporté son troisième mandat à la tête de la ville. « C’est une occasion de redécouvrir qui je suis sans l’étiquette du maire et du préfet », a-t-il d’ailleurs souligné dans sa vidéo publiée mercredi.

Ce n’est pas la première fois qu’un maire d’Amos se retrouve au petit écran. En 2013, l’ex-maire Ulrick Chérubin avait remporté 222 500 $ à l’émission Le banquier, pour l’organisation des festivités du 100anniversaire de la ville.

Cette deuxième édition de Survivor Québec sera diffusée sur la chaîne Noovo au printemps.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse