La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) « ne se laissera pas intimider » par Meta, qui continue de bloquer les contenus d’information au Canada.

« On ne se laissera pas intimider. On ne peut pas laisser les choses aller comme ça, certainement pas sans se battre », a déclaré samedi le président entrant de la FPJQ et journaliste de La Presse Éric-Pierre Champagne, lors du congrès de la FPJQ.

La fédération des journalistes souhaite rencontrer la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, le plus rapidement possible. « On ne veut pas la rencontrer dans un mois. Pour nous, c’est une question de jours ou de semaines », a dit M. Champagne.

Meta bloque les nouvelles canadiennes et étrangères sur Facebook et Instagram depuis le 1er août, en réponse à la Loi sur les nouvelles en ligne (projet C-18). La loi a été adoptée en juin dernier et doit entrer en vigueur en décembre. Elle oblige les géants du web à verser une redevance aux médias lorsqu’ils relaient leur contenu.

Vous ne voyez plus nos contenus sur vos médias sociaux ? Voici comment vous assurer de ne rien manquer.

« Les réseaux sociaux monétisent notre contenu. Le contenu ne leur coûte rien et ils se font de l’argent dessus. Le Canada est un État souverain qui a la possibilité de légiférer par rapport à ça », a déclaré le président sortant de la FPJQ, Michaël Nguyen.

Front commun

Des professionnels en relations publiques font d’ailleurs front commun avec des journalistes pour dénoncer la décision de Meta. « Il faut qu’on fasse quelque chose. On trouve déplorable de bloquer les nouvelles sur des plateformes comme Meta qui sont très utilisées, notamment par les jeunes. On a trouvé ça inacceptable », a déclaré le président de la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP), Patrick Howe.

« Quand Meta a annoncé son intention d’arrêter le partage des nouvelles, on a immédiatement retiré notre budget publicitaire, parce que pour nous c’était un [message fort] aussi auprès de nos courtiers. J’ai transféré notre budget du côté des médias », a déclaré de son côté la directrice des communications à l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), Joanne Beauvais.

Journée sans Méta

Le 15 septembre dernier, des journalistes et des professionnels en relations publiques ont tenu une journée sans Facebook ni Instagram pour dénoncer le blocage des nouvelles par le géant Meta. « Ça nous a permis de nous rendre compte qu’il y a beaucoup de gens en dehors du monde journalistique qui est préoccupé par ce qui se passe », a témoigné Éric-Pierre Champagne.

« Des partis politiques qu’on n’avait même pas eu le temps d’appeler se sont manifestés pour nous soutenir. Ça a vraiment fait réaliser que c’est un problème qui inquiète beaucoup de monde », a renchéri le président sortant de la FPJQ, Michaël Nguyen.

La date du 15 septembre n’avait pas été choisie au hasard. Il s’agit de la Journée internationale de la démocratie. Lors de cette action, le public a aussi été invité à s’abonner à un média québécois et à une infolettre d’un média local.

Avec Émilie Bilodeau, La Presse

L’histoire jusqu’ici

  • 18 juin : Le projet de loi C-18, obligeant les géants du web à verser une redevance aux médias lorsqu’ils relaient leur contenu, est adopté au Sénat, mais ne doit entrer en vigueur qu’en décembre.
  • 1er août : Meta bloque les nouvelles canadiennes et étrangères sur Facebook et Instagram.
  • 15 septembre : Des journalistes et des professionnels en relations publiques tiennent une journée sans Facebook ni Instagram.
  • 6 octobre : Google avance qu’il pourrait exclure le contenu journalistique canadien de son moteur de recherche.