Québec fait marche arrière. Le gouvernement Legault envisage de conserver la période d’un an pendant laquelle les préposés dans les résidences privées pour aînés (RPA) peuvent rester en poste sans avoir suivi les formations requises. Une mesure applaudie par les résidences pour aînés, mais fortement critiquée par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

À l’heure actuelle, les préposés dans les RPA ont une période d’un an après l’embauche pour terminer la formation en réanimation cardiorespiratoire (RCR) et celle concernant les Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB).

L’année dernière, le gouvernement avait annoncé que les préposés devaient impérativement avoir suivi les formations au moment de leur embauche à partir de décembre 2023. Le gouvernement est finalement revenu sur sa décision la semaine dernière, repoussant cette échéance d’un an.

Dans la Gazette officielle du Québec publiée le 1er novembre, le gouvernement a déclaré qu’il envisageait de conserver ce délai maximal d’un an pour une année supplémentaire. Autrement, il anticipe « des difficultés d’embauche importantes », ce qui pourrait « mettre en péril la santé et la sécurité de résidents de résidences privées pour aînés ».

« On allait rentrer dans le mur »

Le président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés, Marc Fortin, se réjouit de cette décision. Il craignait des ruptures de services si les formations devenaient obligatoires à l’embauche. « C’était une mesure qu’on avait énormément critiquée », dit-il.

M. Fortin demandait ce changement depuis près d’un an. « On allait rentrer dans le mur l’année prochaine. On savait tous que ça allait être un gros problème, donc il fallait qu’il y ait un changement », dit-il.

Malgré le délai d’un an pour obtenir les formations, M. Fortin ne craint pas pour les patients. « Les préposés sont supervisés. On ne va pas les laisser tout seuls. C’est la même chose dans tous les domaines », dit-il.

« Des situations d’horreur » à prévoir

L’annonce est toutefois mal reçue du côté de la FSSS-CSN. « On comprend qu’il manque de personnel, mais de permettre une année complète sans que cette formation de base soit suivie dépasse l’entendement », a déclaré Lucie Longchamp, vice-présidente de l’organisation syndicale, dans un communiqué. Elle soutient que la formation RCR ne dure qu’une journée et que sans cette formation, « des situations d’horreur » sont à prévoir.

« Ne pas recevoir la formation pour déplacer correctement les usagers et les usagères laisse présager de nombreux accidents de travail », estime Marlène Ross, représentante du secteur des centres d’hébergement privés à la FSSS-CSN. Elle est d’avis que les travailleurs devraient être formés à leur arrivée ou dans les semaines suivant leur embauche.

L’organisation syndicale demande au gouvernement d’exiger que les travailleurs en RPA reçoivent les formations de base beaucoup plus rapidement.