(Ottawa) Un ancien collègue de Cameron Jay Ortis, accusé d’avoir divulgué des informations secrètes à des « personnes d’intérêt » pour la GRC, a déclaré au procès que l’accusé n’avait jamais mentionné le fait qu’il aurait participé à des « opérations d’infiltration ».

Dan Morris a déclaré aux jurés que M. Ortis ne lui avait pas parlé de la possibilité de contacter des gens qui étaient la cible d’enquêtes de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

La Couronne allègue que M. Ortis, un ancien responsable du renseignement à la GRC, a transmis de manière anonyme, en 2015, des informations secrètes à des personnes qui présentaient un intérêt dans des enquêtes de la police fédérale. Il a été arrêté en septembre 2019.

Cameron Jay Ortis, âgé de 51 ans, a plaidé non coupable à l’accusation d’avoir violé la Loi sur la protection de l’information, en révélant des renseignements secrets à trois personnes et en tentant de le faire dans un quatrième cas.

Ses avocats ont l’intention de démontrer au procès, en Cour supérieure de l’Ontario, que leur client avait le pouvoir de prendre les mesures qu’il a prises à l’époque.

Les journalistes et le grand public avaient été exclus de la salle d’audience pour la comparution de M. Morris, lundi, mais une transcription caviardée de son témoignage a été publiée mercredi.

L’accusé était officier responsable de l’unité de recherche opérationnelle de la GRC en 2010 lorsqu’il a embauché M. Morris pour y travailler. Ce service était chargé de rassembler et de développer des informations classifiées sur des cellules terroristes, des réseaux criminels transnationaux, ainsi que des acteurs de la cybercriminalité et de l’espionnage industriel.

M. Ortis est devenu directeur de cette unité en 2013, mais il est parti début 2015 pour suivre une formation en français ; il est passé ensuite à un autre rôle de renseignement au sein de la GRC, en 2016.

M. Morris a assumé l’intérim lors du départ de M. Ortis, pour finalement devenir directeur permanent de l’unité. Il a quitté ce service en septembre 2018, mais il demeure un membre civil de la GRC.

« Emploi du temps moins régulier »

Le témoin était d’accord avec la suggestion de la Couronne selon laquelle M. Ortis était un homme intelligent, soucieux du détail et bien organisé. Il a rappelé que M. Ortis travaillait davantage sur « le portrait d’ensemble » pendant que les analystes de l’équipe développaient des projets de recherche sur le renseignement.

Au cours des premières années, les deux hommes étaient collègues et M. Ortis travaillait de longues heures, a-t-il dit. « Il était très souvent le premier arrivé au bureau et souvent le dernier à partir, a déclaré M. Morris. Je dirais que cela a commencé à changer vers 2013, où il semblait respecter davantage son propre emploi du temps. »

M. Ortis pouvait arriver un peu plus tard et peut-être repartir un peu plus tôt, a déclaré le témoin de la poursuite. « Il pouvait dire qu’il devait assister à une réunion quelque part au centre-ville. Mais […] au fil des années, son emploi du temps est devenu moins régulier et moins prévisible. »

M. Morris se souvient que l’accusé lui avait dit à un moment donné qu’il courait environ 14 kilomètres par jour, « et qu’il ferait ça pendant environ 14 jours d’affilée, puis prendrait un jour de repos ».

En contre-interrogatoire, mardi, M. Morris a souscrit à l’idée exprimée par Me Mark Ertel selon laquelle vers 2010, on avait le sentiment que la GRC « devait perdre l’habitude de croire qu’il fallait arrêter quelqu’un pour se sortir du pétrin » et qu’il pouvait y avoir d’autres moyens de faire face aux menaces.

M. Morris a également été interrogé sur les origines et le rôle de la « recherche opérationnelle ». Il est d’accord avec la suggestion générale selon laquelle quelqu’un pourrait mal interpréter les limites de son autorité dans son travail.

« Oui, des gens peuvent mal comprendre la portée de leur autorité », a admis le témoin.