(Montréal) Les maisons des jeunes (MDJ) du Québec continuent de souffrir d’un sous-financement et pressent le gouvernement Legault d’augmenter son soutien financier afin d’assurer leur survie à long terme.

Le manque à gagner s’élève maintenant à environ 72 millions annuellement, évoque le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ), alors que s’amorce une semaine soulignant l’importance de ces ressources et de leurs intervenants auprès des adolescents.

« Le budget moyen cette année en 2023 est de 156 000 $ […] Ça représente le tiers de ce qu’on a besoin pour fonctionner », indique en entrevue le directeur général du RMJQ, Nicholas Legault.

Il énumère que les 226 maisons de jeunes doivent notamment couvrir le salaire d’employés ainsi que des frais d’activités et de services.

Le sous-financement a d’ailleurs des conséquences tangibles sur ces organismes. Certains ont diminué leurs heures d’ouverture et doivent refuser des jeunes, d’autres ont carrément fermé leurs portes au cours des dernières années, soutient M. Legault.

La difficulté de retenir de la main-d’œuvre est un autre exemple. Le RMJQ rapporte que selon un sondage réalisé auprès de 400 ados québécois, près de 60 % d’entre eux ont connu le départ d’un intervenant significatif durant la dernière année.

Le salaire serait en grande partie responsable de ces démissions. « Nos équipes de travail sont payées moins de 20 $ de l’heure. On parle de professionnels qui sont formés, qui ont entre leurs mains l’avenir de nos jeunes », fait valoir M. Legault.

Avec un rehaussement des subventions de la part de Québec, les MDJ pourraient offrir de meilleurs salaires et consolider leurs activités, mentionne M. Legault.

Si le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, assure avoir bonifié les subventions de plusieurs millions de dollars pour les MDJ, ces hausses sont insuffisantes pour combler l’écart, avance M. Legault.

« Quand on regarde les chiffres et qu’on les divise par le nombre d’organisations, ça fait à peine 12 000 ou 13 000 $ par maison des jeunes. Au-delà de ça, il y a aussi des critères de rétribution qui font que certaines vont recevoir moins, quelques-unes peut-être plus », affirme-t-il.

Les MDJ tentent de se tourner vers d’autres sources de financement comme les municipalités et les fondations. Mais encore là, les fonds demeurent maigres pour compenser le manque à gagner, évoque M. Legault.

Les loisirs, un prétexte

L’enjeu du financement peut être lié à de fausses perceptions tenaces au sein de la population à l’égard des MDJ, selon M. Legault.

« On a souvent de l’extérieur le point de vue de la table de billard, du baby-foot, des divans. Mais tout ça, ce n’est que du matériel et le prétexte pour nos équipes de travail pour rentrer en relation avec les jeunes », expose-t-il.

« On passe par le loisir pour pouvoir créer la relation, travailler sur l’accompagnement des jeunes afin qu’ils deviennent autonomes et se responsabilisent », ajoute-t-il.

M. Legault indique que les intervenants jouent également un rôle en matière de bien-être et de santé en faisant de la prévention et de la sensibilisation auprès de jeunes.

Tout au long de la 26e Semaine des maisons des jeunes du Québec, qui se tient jusqu’au 15 octobre, plusieurs activités sont prévues afin de souligner le caractère essentiel de ces milieux de vie et le travail de leurs équipes.