Les Montréalais ont envahi les rues et les parcs, mercredi, alors que la vague de chaleur automnale frappant le Québec se poursuivait. Selon Environnement Canada, c’est surtout « l’intensité » des températures qui marquera un précédent. À travers le monde, 2023 est désormais l’année la plus chaude jamais mesurée sur les neuf premiers mois.

« Je me sentais floué de mon été à cause de toute la pluie, donc j’adore ça, c’est vraiment agréable », a lancé Ralph Shayne, croisé dans le Vieux-Port de Montréal, où le soleil et la chaleur étaient omniprésents en fin d’après-midi mercredi, au grand bonheur des commerçants qui remplissaient leurs terrasses.

Pour Antonio, qui demeure dans le quartier, il s’agit probablement d’une « dernière chance » avant les températures plus froides. « Pour un mois d’octobre, c’est quelque chose. On en profite, parce que c’est dur à prévoir ces temps-ci : c’est froid, c’est chaud, il y a de la pluie, on ne sait plus trop », a-t-il dit en rigolant.

Chez Environnement Canada, le météorologue Jean-Philippe Bégin se dit surtout surpris par « l’intensité » de cette vague de chaleur. « Pour la durée, on n’a jamais eu une première moitié d’octobre aussi chaude qu’en octobre 2021. Par contre, on était montés jusqu’à seulement 24 degrés pendant cette période. Là, avec 28, 29 et même 30 degrés, c’est vraiment l’intensité qui est particulière », note-t-il.

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Jeune femme faisant du jogging au parc Maisonneuve

Avec la crise climatique, « on sait qu’il y aura plus d’évènements extrêmes, mais pas nécessairement plus d’évènements en soi, illustre le météorologue. Il n’y aura pas plus de vagues de chaleur qu’avant, mais quand il y en aura une, elle aura le potentiel d’être beaucoup plus intense. »

Ralph Shayne dit aussi observer un certain « décalage des saisons ». « C’est sûr que c’est inquiétant, ce qui se passe. C’est le propre des changements climatiques, ce sont les extrêmes qui vont aller en augmentant, autant les périodes de froid que de chaleur ou de pluie », note-t-il.

De janvier à septembre, la température moyenne mondiale a été de « 1,40 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle (1850-1900) », soit avant l’effet sur le climat des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, a annoncé jeudi le service sur le changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus. Cette moyenne, déjà plus élevée de 0,05 °C que pour l’année record de 2016, pourrait encore augmenter sur les trois derniers mois de l’année, compte tenu de la montée en puissance d’El Niño.

Records après records

Depuis samedi, les records de chaleur s’accumulent de jour en jour à travers le Québec. Plusieurs autres marques ont d’ailleurs été établies mardi, notamment à Montréal et à Québec, mais aussi à Baie-Comeau, à Mirabel, à Trois-Rivières, à La Tuque ou encore à Rouyn-Noranda, pour ne nommer que ces villes.

« On va vraisemblablement battre encore des records pour la journée de mercredi, avec les 29 ℃ qui ont été observés à Montréal, par exemple », explique M. Bégin. Le précédent record était de 26,7 ℃ et il datait de 2005.

Des sommets semblent aussi avoir été atteints pour un 4 octobre à Sherbrooke, à Val-d’Or et à Gatineau. Dans ce dernier cas, le thermomètre a même surpassé la barre des 30 ℃, alors que le précédent record, datant aussi de 2005, était de 27,5 ℃.

C’est une chaleur provenant du sud des États-Unis qui « apporte présentement au Québec des températures anormalement élevées pour ce temps de l’année », a rappelé Environnement Canada dans un bulletin spécial publié mercredi, ajoutant que « d’autres records pourraient être battus d’ici la fin de la semaine ».

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En haut des marches de l’oratoire Saint-Joseph

Mais ce beau temps ne devrait être que de passage. Dès vendredi, le soleil devrait laisser la place à un temps nuageux, de la pluie et de possibles orages dans la plupart des régions, alors que les températures redescendront rapidement.

La masse d’air chaud et humide actuellement installée sur le Québec a d’ailleurs « engendré suffisamment d’instabilité pour former des orages nocturnes », prévient Environnement Canada, qui rappelle que tout dommage matériel peut lui être signalé directement en utilisant le mot-clic #meteoQC.

Avec l’Agence France-Presse