Québec ne diminuera finalement pas la limite de vitesse sur l’autoroute 40, à Trois-Rivières, comme le souhaitaient certains élus municipaux. Le ministère des Transports estime que la vitesse moyenne demeure acceptable sur le tronçon urbain, mais recommande néanmoins l’ajout d’un radar photo.

609 accidents en trois ans

Le MTQ a entrepris une étude de sécurité sur la portion de l’autoroute 40 entre la rue des Prairies et l’autoroute 55 dans la foulée d’une résolution de la Ville de Trois-Rivières, en 2021. Les élus demandaient de trouver des solutions pour diminuer le risque d’accident. Initialement, des élus avaient plaidé pour que la vitesse soit réduite à 80 km/h, s’inquiétant des nombreux accidents y survenant. En trois ans, 609 accidents ont été recensés sur ce tronçon, dont seulement 5 avec blessés graves, 138 avec blessures légères et 466 avec dommages matériels uniquement. Environ 34 % des accidents sont de type « collision arrière », ce qui suggère que plusieurs conducteurs sont surpris par un ralentissement souvent causé par la congestion.

Une vitesse « globalement adéquate »

Dans son rapport, le MTQ dit avoir effectué 10 000 relevés de vitesse à cinq endroits distincts. D’après Roxanne Pellerin, porte-parole régionale pour la Mauricie–Centre-du-Québec au ministère des Transports, la moyenne des vitesses observées en trois ans était entre 68 km/h et 114 km/h. « Ça nous donne une moyenne générale de 101 km/h. Ça dénote que globalement, la vitesse est adéquate, mais aussi, ça montre qu’une partie des usagers circulent au-dessus des limites, à plus de 110 km/h », explique-t-elle. Le Ministère en conclut que la limite de vitesse de 100 km/h est « cohérente avec l’environnement routier et sécuritaire par rapport aux caractéristiques de l’infrastructure et aux conditions de circulation ». Le gouvernement était arrivé à une conclusion similaire en janvier 2023 pour une portion de l’autoroute 55 située à proximité, elle aussi visée par les élus municipaux pour une diminution de la limite.

Un radar photo envisagé

Pour dissuader les automobilistes dépassant encore les limites de vitesse, le ministère des Transports recommande toutefois d’implanter un radar photo automatisé dans le secteur de l’autoroute 40 à Trois-Rivières. On compte jusqu’ici 54 de ces appareils au Québec, mais la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, veut augmenter rapidement leur nombre en vertu de la Stratégie nationale en sécurité routière. Il faudra sûrement attendre encore un peu avant de voir un radar à cet endroit, puisqu’un appel d’intérêt international a déjà été lancé pour acheter des radars plus modernes, qui permettent de prendre une photo d’une voiture à deux endroits sur une route, puis de calculer sa vitesse moyenne en fonction du temps qu’elle a mis à se déplacer entre les deux. Leur déploiement devra d’abord être balisé par un projet de loi.

Plus de panneaux et de caméras

Outre les infrastructures, le rapport suggère aussi de « renforcer les messages aux usagers dans le secteur », en informant ces derniers de façon plus claire des entraves et des conditions de circulation en temps réel. Un projet de systèmes de transport intelligent est d’ailleurs en préparation. On envisage par exemple le remplacement de panneaux à messages variables mobiles par des panneaux permanents plus grands, qui seraient positionnés à des endroits stratégiques. L’ajout de caméras de circulation couvrant l’ensemble du tronçon est aussi prévu. Un panneau « Préparez-vous à arrêter à une zone de congestion routière » devrait aussi être mis en place sur l’autoroute 55, en direction sud, avec des feux clignotants.

Les manœuvres dangereuses montrées du doigt

Selon l’étude, 24 % des accidents sont survenus en raison de « manœuvres dangereuses » d’automobilistes, par exemple des accélérations brusques ou encore des zigzags d’une voie à l’autre. Le reste est surtout lié à la vitesse excessive (22 %), la distraction ou l’inattention (11 %) ou encore les facultés affaiblies (2 %). Au total, près de 60 % des collisions sont donc dues au comportement des usagers. Elles surviennent le plus souvent en heure de pointe (34 %). Trois secteurs semblent particulièrement problématiques : les boulevards des Chenaux et des Récollets, qui recoupent respectivement 16 % et 12 % des collisions, ainsi que la sortie du centre-ville avec 12 %. À noter : le quart des accidents (25 %) n’impliquait qu’un seul véhicule, le plus souvent en raison d’une distraction ou d’une mauvaise conduite.

Des risques d’aquaplanage

Le ministère des Transports reconnaît toutefois que des enjeux liés au drainage semblent affecter les secteurs des ponts Le Jeune et Radisson. Dans le premier cas, la formation de glace en hiver complique les déplacements, alors que dans le second, l’accumulation de l’eau sur la voie de gauche « peut être propice à l’aquaplanage lors de fortes pluies », note-t-on. Québec assure que des analyses sont en cours pour déterminer si des façons d’atténuer ces deux phénomènes pourraient être mises en place.