Après la grande marche des travailleurs du Front commun qui s’est déroulée samedi à Montréal, des membres du Syndicat interprofessionnel de la santé de Lanaudière (FIQ-SIL) ont à leur tour choisi d’exercer de la pression sur le gouvernement en se rendant manifester dimanche et lundi devant le bureau de circonscription du premier ministre François Legault, à L’Assomption.

Elles ont l’intention de passer toute la journée de dimanche devant le bureau de circonscription de M. Legault pour se faire entendre. Les plus courageuses y passeront toute la nuit, afin d’être prêtes pour la marche dans les rues de la municipalité qui aura lieu lundi matin.

Pour la présidente de la FIQ-SIL, Marie-Chantal Bédard, cette manifestation qui s’étalera sur 24 heures est un rappel des conditions dans lesquelles travaillent les infirmières au quotidien.

C’est significatif pour dire au gouvernement, pour dire à la population, que vous avez besoin des professionnelles en soins, puis que pendant que vous dormez, pendant que vous fêtez avec vos familles, on est là 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et on veut continuer d’être là pour donner des soins à la population.

la présidente de la FIQ-SIL, Marie-Chantal Bédard

Les syndicats promettent un « automne chaud » dans les prochaines semaines. Selon la FIQ, « l’avancement des négociations ne répond pas aux attentes des militantes ». De son côté, le gouvernement martèle que les syndicats doivent faire preuve de flexibilité dans leurs demandes.

Dans Lanaudière, Mme Bédard craint de voir un exode des travailleuses de la santé si la prochaine convention collective ne propose pas de meilleures conditions de travail. Selon le rapport 2021-2022 sur l’effectif infirmier de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Lanaudière se retrouve déjà à l’avant-dernier rang parmi les régions sociosanitaires de la province pour le nombre d’infirmières en soins direct par 100 000 habitants.

« Notre grande crainte là-dedans, c’est que des gens s’en aillent du réseau de la santé en raison des offres du gouvernement actuellement, parce que, oui, il y a les offres salariales, mais il y a aussi ce qu’on nous offre comme conditions de travail », note Mme Bédard.

« Dans Lanaudière, on a déjà de la misère à attirer des gens, donc on ne veut pas que ceux qu’on a s’en aillent. »

Pas seulement des « anges gardiens »

L’expression était fort populaire pendant la pandémie, mais dimanche et lundi, les travailleuses qui manifestent devant le bureau de M. Legault souhaitent s’éloigner du qualificatif « anges gardiens ». Elles demandent plutôt d’être reconnues pour ce qu’elles sont : des professionnelles « hautement qualifiées ».

« On dirait que le gouvernement tente de dire à la population qu’on est tous des anges gardiens, que peu importe ce qu’on fait, une professionnelle en soins, c’est une professionnelle en soins. Bien écoutez, c’est faux. On est des gens ultraspécialisés dans ce que l’on fait », affirme Mme Bédard.

Elle met ainsi un bémol à la volonté du gouvernement d’augmenter la mobilité des travailleuses dans le réseau.

« Au final, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, tranche Mme Bédard. On est des professionnelles en soins ultraspécialisées, chaque secteur dans lequel on travaille, peu importe le type d’emploi, vient avec une spécialité. »

Le temps des anges gardiens est révolu. On veut donner de bons soins à la population, des soins sécuritaires de qualité aussi.

la présidente de la FIQ-SIL, Marie-Chantal Bédard

Négociations tendues

Samedi, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Montréal à l’occasion de la manifestation organisée par le front commun intersyndical du secteur public, qui regroupe la CSQ, la FTQ, l’APTS et la CSN.

La FIQ ne fait pas partie de ce front commun, mais négocie parallèlement avec le gouvernement.

À en croire sa plus récente mise à jour sur les pourparlers, le contexte semble aussi tendu : « Présentement, l’avancement des négociations ne répond pas aux attentes des militantes, qui souhaitent que le gouvernement soit plus réceptif aux besoins des membres et agisse en conséquence, pour améliorer les conditions de travail des professionnelles en soins et reconnaître leur contribution à sa juste valeur. »

« C’est l’avenir du réseau de la santé qui est en train de se jouer actuellement », ajoute Mme Bédard.

Samedi, avant la marche du front commun, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, s’est dite prête à poursuivre les discussions, mais a estimé qu’« on doit absolument organiser le travail dans nos écoles et nos hôpitaux d’une façon plus efficace ».

« Quelle est la clé pour y arriver ? Convaincre les syndicats de nous donner plus de souplesse dans les conventions collectives. C’est primordial qu’ils fassent leur bout de chemin là-dessus », a martelé Mme LeBel.