C’était jour de déménagement, dimanche, pour une dizaine de moutons de Biquette écopâturage, un organisme proposant des services d’entretien des espaces verts par l’entremise de ces bêtes frisées. Chaque année, faire changer ces moutons urbains d’adresse en pleine ville relève toutefois d’un « parcours du combattant ».

Depuis le « Repaire de Biquette » au parc Maisonneuve, où La Presse a pu assister à leur transfert, 10 des 17 moutons ont été emmenés aux « Prairies de Biquette », dans le parc Armand-Bombardier, à Rivière-des-Prairies, où ils resteront pendant un peu plus d’un mois avant de rentrer à la ferme centrale de Biquette, dans les Laurentides.

Plusieurs bénévoles ont participé à leur déplacement, qui implique de louer un véhicule de transport d’animaux de ferme pour s’assurer que les moutons sont confortables malgré les nombreux virages et les bruits de la métropole.

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Des bénévoles ont participé au transport des animaux.

« À Montréal, juste trouver un pick-up assez fort pour tirer la bergerie, c’est un parcours du combattant. Il n’y en a pas beaucoup et la plupart du temps, ils louent pas mal juste à des constructeurs. Chaque année, c’est toute une aventure pour y arriver », indique la responsable de Biquette écopâturage, Annie Cloutier.

Des animaux qui « travaillent en ville »

Une fois par année, surtout l’été, une vingtaine de moutons de l’organisme viennent « travailler en ville ». Ils poursuivent sensiblement chaque fois la même mission : entretenir les parcs urbains de façon écologique, en broutant l’herbe, mais aussi le trèfle et les pissenlits. Les animaux contribuent aussi à enrichir la terre, en réduisant l’usage des pesticides ou encore l’utilisation de tondeuses à essence.

« Le simple fait de laisser des moutons et des chèvres brouter librement dans le parc augmente l’activité microbienne dans le sol et améliore la biodiversité des lieux », expliquait l’une des deux conceptrices du projet, Joëlle Boily, dans La Presse il y a quelques années.

Nos moutons sont doux de caractère et aussi faciles avec le public, donc ça contribue également à amener un peu de campagne en ville, à rapprocher les gens des animaux et de la terre.

Annie Cloutier, responsable de Biquette écopâturage

Son groupe, en activité depuis 2016 à Montréal, avait commencé au parc du Pélican, dans le Vieux-Rosemont. Les moutons sont aussi passés par les parcs Lafond et Beaubien au fil des années, en plus du Jardin botanique. Depuis 2021, l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles accueille aussi les animaux de l’organisme, qui logent le reste du temps au parc Maisonneuve.

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Les bêtes ont été emmenées dans le parc Armand-Bombardier.

Le lieu est aussi l’occasion pour des étudiants en agriculture urbaine, entre autres, de participer à des activités de formation. Des ateliers sont aussi offerts à la population.

Vers une ferme permanente ?

Annie Cloutier ne s’en cache pas : son rêve ultime serait que « Biquette écopâturage puisse avoir une ferme permanente à Montréal ». L’été, au parc Maisonneuve, on retrouve déjà des poules, un potager et des herbes médicinales au Repaire de Biquette.

Une ferme, ça serait vraiment la totale pour nous. On n’aurait plus besoin de transporter nos moutons sans cesse avec des voitures à essence et, surtout, on pourrait avoir des bénévoles à l’année pour s’en occuper.

Annie Cloutier, responsable de Biquette écopâturage

Elle soutient avoir déjà tenté d’entamer des discussions avec des acteurs comme la Ferme Angrignon, mais en vain. « L’idéal pour nous, au fond, ça serait vraiment de rester au parc Maisonneuve », indique Mme Cloutier.

Elle propose d’intégrer une ferme locale au projet de construction d’un pavillon du côté nord du parc. « On pourrait très bien y implanter une bergerie à l’année, qui deviendrait aussi un lieu d’enseignement. Il y a déjà une jauge et toute une section avec des arbres. Le lieu est parfait », conclut-elle.