La décision de Meta (maison mère de Facebook et Instagram) de bloquer l’accès aux sites de nouvelles au Canada depuis cet été nuit particulièrement aux médias étudiants, pour qui les réseaux sociaux sont une avenue privilégiée pour rejoindre leurs milliers de jeunes lecteurs.

Sur la page Facebook du journal Quartier Libre de l’Université de Montréal, un message en anglais généré par Facebook dit : People in Canada can’t see this content. In response to Canadian government legislation, news content can’t be viewed in Canada. (« Les personnes au Canada ne peuvent pas voir ce contenu. En réponse à la loi du gouvernement canadien, le contenu des actualités ne peut pas être vu au Canada. »)

Patrick MacIntyre, directeur de rédaction des publications du Quartier Libre, note que le blocage des pages Facebook et Instagram du média semble intermittent cet été.

« Certains jours, c’est accessible, et d’autres jours, c’est bloqué. C’est très étrange. »

Le jeune journaliste note que le blocage « n’est pas une bonne nouvelle », puisque ces réseaux sociaux agissent comme une porte d’entrée pour les lecteurs.

Cela dit, la majorité des revenus de Quartier Libre proviennent des cotisations étudiantes, ce qui veut dire que la survie du média n’est pas en jeu, ajoute-t-il.

Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’UQAM, note que l’enjeu du blocage des journaux étudiants par Meta ressemble à celui des journaux locaux.

« Ils desservent une communauté bien définie, environ 40 000 personnes dans le cas du Montréal Campus de l’UQAM, par exemple », dit-il.

Dans un tel contexte, la vitrine qu’offrent les réseaux sociaux est salutaire.

Perte de contact

« Les journaux en papier sont de plus en plus un legs du passé. Même avoir un site internet est “ringard” », note M. Roy, qui ajoute que l’attention des jeunes est portée ailleurs.

« Quand Meta leur coupe l’accès à ses plateformes comme Facebook ou Instagram, c’est majeur, car on sait que les jeunes de 18 à 25 ans s’informent principalement sur les réseaux sociaux, notamment Instagram. »

Philémon La Frenière-Prémont, rédacteur en chef du journal Montréal Campus, bloqué par Meta sur Facebook, note que la rédaction avait récemment pris la décision de mieux alimenter les réseaux sociaux.

« Maintenant, ça ne sert à rien de le faire. J’assume tout simplement que c’est bloqué », dit-il.

C’est sur Facebook que le Montréal Campus génère habituellement le plus grand nombre d’interactions avec ses plus de 6000 abonnés, dit-il.

Il note que si la situation est difficile sur le plan de la rédaction, les finances du journal, elles, ne seront sans doute pas très affectées.

« On fait tellement avec peu de moyens déjà que ça va continuer. Nos revenus publicitaires ne sont pas élevés. Nous avons des dons et aussi du financement provenant de la Fondation de l’UQAM, alors ça nous assure une certaine base. »