Arrivés à Maui alors que l’ouragan Dora faisait rage, puis coupés de leur hôtel par les incendies en train de détruire une partie de l’île et privés de leur passeport, Lyse Randall et Marcel Belval tentent depuis plusieurs jours de regagner le Québec. Leur calvaire semble toutefois tirer à sa fin.

« On a atterri [lundi soir] dans des vents de 80 à 100 miles à l’heure, raconte Lyse Randall. C’était épeurant, troublant. » La femme de 59 ans et son mari sont arrivés dans l’île de Maui à bord d’un vol de WestJet. Peu avant leur départ de Montréal – ils ont fait escale à Vancouver –, ils ont entrepris des démarches pour savoir si le vol partait toujours. « Oui, oui, nous a-t-on dit », relate Mme Randall.

Pourtant, les contrecoups de l’ouragan Dora se faisaient toujours sentir. Pis encore, une autre mauvaise surprise attendait le couple déjà éprouvé à son arrivée à l’aéroport : sa valise ne s’était jamais rendue à Hawaii. En fait, a-t-il appris plus tard, elle n’a jamais même quitté Montréal. « On l’a su deux jours plus tard », déplore Mme Randall.

Elle et M. Belval se rendent néanmoins à leur hôtel le soir de leur arrivée. Dès le lendemain, de nombreuses pannes d’électricité ponctuent la journée. C’est toutefois le surlendemain, mercredi, que la situation prend des airs de catastrophe.

PHOTO FOURNIE PAR LYSE RANDALL

Lyse Randall et Marcel Belval (photo n’ayant pas été prise lors de ce voyage)

Toujours privés de leur valise et avec comme seuls effets personnels ce qu’ils avaient en cabine, ils décident de se rendre dans une partie de l’île où foisonnent les magasins à grande surface. « Ce matin-là, il n’y avait plus d’électricité, plus de réseau internet, de nourriture, et tous les magasins étaient fermés. Donc on est allés dans l’est de l’île [une partie moins touchée]. »

Une fois leurs emplettes terminées, Mme Randall et M. Belval prennent de nouveau le chemin de leur hôtel, situé à Kana’apali. C’est là qu’ils apprennent que les flammes, nourries par les forts vents résiduels de l’ouragan Dora, se sont propagées rapidement, coupant en quelques heures seulement la route qui leur permettait de regagner Kana’apali, voisine de Lahaina, où le gros de la dévastation a eu lieu. Le plus récent bilan faisait état d’au moins 89 morts dans les incendies qui ont ravagé l’île.

« On n’avait pas emporté nos effets personnels. On ne sort pas non plus avec nos passeports, on les laisse dans le coffre-fort, à l’hôtel. » Catastrophés, les voyageurs parviennent néanmoins à réserver deux nuits dans une auberge de jeunesse – un « inconfort, mais un moindre mal » dans les circonstances.

Un retour compliqué

Dès lors, Mme Randall réalise que le voyage dont le couple rêvait n’aurait pas lieu et entame des démarches pour revenir au pays. Heureusement, elle traîne avec elle des photocopies des deux passeports – conformément aux bonnes pratiques de voyage, rappelle-t-elle. « Je me suis informée auprès d’Air Canada pour savoir si on pouvait revenir avec ça. Jeudi soir, on nous a dit que oui […] puisqu’il s’agit d’une “évacuation désastreuse”. »

Le couple se procure alors des billets au coût de 650 $ chacun pour un vol vendredi soir, convaincu qu’il pourra partir sans peine. Or, quand il se présente à l’aéroport en prévision du départ à 22 h 15, une employée d’Air Canada les « informe que ce n’est pas possible de partir avec juste ça ».

Il faut à Mme Randall et à son mari une autorisation spéciale de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), apprennent-ils.

Après de longs et fastidieux échanges, Mme Randall parvient à faire transférer les billets au lendemain. « Il a fallu que je me batte pour ce transfert-là. » Elle a finalement obtenu samedi de l’ASFC les autorisations requises, en bonne partie grâce aux appels insistants faits par sa fille à partir du Québec, dit-elle.

Jointe par La Presse peu après cette bonne nouvelle, Mme Randall, émotive, s’est réjouie de voir ce dur voyage tirer à sa fin. « On devrait partir ce soir ! »

En parallèle, elle tente d’entrer en contact avec l’hôtel où elle et son mari logeaient. « Toutes mes affaires personnelles [tablette, ordinateur portable, articles de toilette, passeports, portefeuille et argent comptant] sont encore dans ma chambre. On n’arrive à joindre personne de l’hôtel. J’ai envoyé un courriel, j’espère qu’ils seront en mesure de paqueter tout ça et de nous l’envoyer. » Elle se dit même prête à retourner chercher ses effets personnels elle-même une fois que la situation se sera calmée.

« J’espère que l’hôtel est encore debout. Je crois que oui », dit-elle, résumant en une phrase le degré d’incertitude qui a marqué ses dernières journées.

Rectificatif
Une précédente version de ce texte indiquait qu’il fallait au couple une autorisation du Centre de surveillance et d’intervention d’urgence​ du gouvernement du Canada. Or, l’autorisation devait plutôt venir de l’Agence des services frontaliers du Canada, et le Centre de surveillance l’aidait dans ces démarches.