Les requins blancs sont de plus en plus présents dans le golfe du Saint-Laurent. Loin de faire craindre un scénario rappelant le film Les dents de la mer, cette nouvelle est un bon signe pour la survie de cette espèce en danger, se réjouissent des scientifiques.

Ce qu’il faut savoir

  • Le nombre des requins blancs est en hausse dans le golfe du Saint-Laurent et dans les Maritimes.
  • La présence grandissante de cette espèce est une bonne nouvelle, selon des scientifiques.
  • Les attaques de requins contre les humains peuvent se produire, mais sont très rares.

« Cette année, on voit un peu plus de requins au nord de la Gaspésie que l’an dernier. Il y a aussi plus d’incidents qui sont rapportés sur des phoques. Juste hier, j’ai reçu trois images de phoques différents qui auraient été attaqués par des requins blancs », dit le directeur scientifique de l’Observatoire des requins du Saint-Laurent, Jeffrey Gallant.

Le site OCEARCH Shark Tracker dénombre actuellement près d’une vingtaine de requins blancs dans les eaux du golfe Saint-Laurent et dans les Maritimes.

Ces spécimens, chacun identifié par un nom, sont retracés grâce à un émetteur satellite.

Keji se déplace autour des îles de la Madeleine depuis deux semaines. Scot nage aussi près des Îles, pour la deuxième année consécutive. De son côté, Simon est à 20 km au large de Chandler, à l’embouchure de la baie des Chaleurs.

Plus tôt cette semaine, un requin blanc juvénile a été retrouvé échoué dans le parc national de l’Île‑du‑Prince‑Édouard. « Voir des requins échoués c’est un autre signe que la population augmente. Avant l’an dernier, c’était extrêmement rare », dit M. Gallant. Selon lui, ce jeune requin chassait probablement le poisson en eaux peu profondes et n’a pu regagner le large.

Quelques jours auparavant, un homme qui pêchait à bord d’un kayak motorisé dans la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse, a pêché accidentellement un grand requin blanc. La scène a été filmée par le pêcheur.

De grands voyageurs

Depuis plus de 20 ans, le requin blanc est considéré comme une espèce en voie de disparition, sa survie étant menacée par l’activité humaine. Plusieurs mesures sont déployées pour les protéger. Les requins capturés accidentellement lors de la pêche doivent, par exemple, être relâchés vivants.

La présence grandissante de cette espèce dans les eaux canadiennes est donc encourageante, estime le directeur général du réseau Ocean Tracking Network à l’Université Dalhousie, à Halifax, Fred Whoriskey. « Je pense que nous voyons enfin les avantages des mesures de conservation pour protéger la population de requin blanc. C’est une bonne nouvelle pour l’écosystème océanique de l’Atlantique Nord. »

Les requins blancs ne passent pas toute l’année au Canada. « Il fait trop froid en hiver », dit Fred Whoriskey. Ils viennent donc se nourrir en été et au printemps, puis font demi-tour et passent l’hiver dans un endroit chaud, généralement dans les eaux du sud des États-Unis ou dans le golfe du Mexique.

Les requins ont leurs habitudes et reviennent fréquemment aux mêmes endroits, indique Fred Whoriskey. « Dans la baie de Fundy, par exemple, un requin est arrivé au même endroit, le même mois, pendant quatre années consécutives. »

Une mauvaise réputation

Le requin blanc est une des espèces de requins les plus célèbres en raison de films américains, notamment Les dents de la mer. Dans les années 1970, la peur des requins a entraîné une chasse des requins blancs.

Or, bien que les attaques de requins contre les humains se produisent, elles sont très rares. « À ma connaissance, nous n’avons eu que deux attaques dans le nord-est des États-Unis au cours des 20 dernières années, et au Canada, la dernière attaque mortelle de requin a eu lieu à la fin du XIXe siècle », dit Fred Whoriskey.

Plusieurs mesures peuvent être prises pour réduire les risques d’incidents. Fred Whoriskey recommande notamment d’éviter la baignade à l’aube ou pendant la nuit, car les requins ont tendance à chasser pendant ces périodes. Il est également déconseillé de nager près des phoques, car il existe un risque que les requins blancs prennent les humains pour des phoques.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse