Visiter un lieu historique, c’est intéressant. Prendre un bateau pour visiter un lieu historique, ça devient carrément une aventure.
Pour accéder au Fort Lennox, enfin ouvert après cinq ans de rénovations, il faut emprunter une petite navette pour traverser un bras de la rivière Richelieu et accoster sur l’île aux Noix. Le trajet est court, cinq petites minutes. Mais il est bien agréable : on ferait bien le tour de l’île juste pour profiter plus longtemps de la vue et de l’agréable petite brise.
De l’eau, on ne voit pas le fort, on perçoit à peine les toits de quelques bâtiments au-dessus de la végétation. Il faut débarquer et marcher quelque peu pour enfin voir l’ouvrage, bâti par les Britanniques entre 1819 et 1829 pour protéger la colonie contre les Américains.
Il faut passer au-dessus d’une douve, aux eaux couvertes de nénuphars et peuplées de petites grenouilles et de tortues peintes, pour enfin pénétrer dans le fort. Les remparts sont constitués de terre et dessinent une enceinte rectangulaire bastionnée classique (autrement dit, vu du ciel, le fort ressemble à une tortue avec une tête et quatre pattes).
Visite guidée
Un jeune homme, vêtu d’un uniforme d’artilleur, offre une visite guidée. Ça vaut la peine d’accepter. Louis-Philippe Rousselet nous dit tout ce qu’il faut savoir sur l’histoire de l’île aux Noix et le Fort Lennox. Géologiquement parlant, c’est une île toute neuve, qui a émergé de la mer de Champlain il y a 7000 ans. Après une occupation autochtone, les Français y ont construit des fortifications en 1759. Elles n’auront pas réussi à repousser les Britanniques en 1760. On connaît la suite de l’histoire.
Les Britanniques y ont érigé un petit fort en 1778, puis un plus gros en 1819.
Le guide fait visiter les divers bâtiments, la caserne des soldats, la poudrière, le logis des officiers, le corps de garde, en attirant l’attention sur divers détails. Pourquoi voit-on des jouets dans la caserne des soldats ? Parce que ceux-ci pouvaient y installer femme et enfants. C’était une façon de prévenir la désertion (pas facile de déserter avec toute sa smala), explique Louis-Philippe Rousselet.
Le logis des officiers est plus luxueux, avec grandes fenêtres et plafonds plats, « pour que les officiers ne se sentent pas dépaysés ».
La prison, qui accueillait surtout des soldats avinés ou insubordonnés, est plus rudimentaire. Elle a aussi logé des patriotes lors des rébellions de 1837 et de 1838. Avant 1850, il n’y avait ni fenêtre ni chauffage dans les cachots.
La poudrière prête aussi à la claustrophobie. Ici, il n’y avait aucun métal (à part le cuivre, plus souple), pour éviter la production accidentelle de la moindre étincelle.
Louis-Philippe Rousselet fait suivre la visite par une présentation des uniformes utilisés par le 24e régiment d’infanterie en 1833. Un jeune visiteur se prête au jeu en enfilant une chemise et une culotte blanches, un habit-veste rouge et le shako, un couvre-chef militaire en forme de cône tronqué.
C’est cependant le guide-interprète lui-même qui manipule le fusil à pierre de silex, qui fait près de deux mètres de long avec sa baïonnette.
On peut en apprendre plus en visitant le petit musée situé dans la caserne. C’est une des nouveautés du site, à la suite de la rénovation du fort.
Les énormes travaux devaient prendre trois ans, mais les restrictions de la pandémie ont considérablement ralenti les choses. Il a fallu notamment refaire des fondations et remplacer des pierres en mauvais état. On est allé les chercher sur l’île La Motte (aux États-Unis !), parce que c’était le lieu d’origine des pierres.
L’étage supérieur du corps de garde est fermé aux visiteurs parce qu’une colonie de petites chauves-souris brunes s’y est installée. Cette espèce a subi un déclin au cours des années en raison du syndrome du museau blanc. Parcs Canada veut donc protéger la petite colonie, qui compte 136 membres (au dernier décompte).
Une petite randonnée autour du fort, le long des douves, permet d’apprécier d’autres espèces, comme le goglu des prés, le bruant chanteur ou la paruline masquée. Il y a des framboisiers tout au long du sentier : en saison, la petite promenade peut donc être beaucoup plus longue que prévu.
On peut facilement passer trois heures sur l’île. C’est une bonne idée d’apporter son goûter pour le déguster sur une des nombreuses tables de pique-nique de l’île aux Noix.
Dans la navette du retour, un petit garçon pleure à chaudes larmes. Il ne veut tout simplement pas quitter l’île.
Consultez le site du Fort Lennox-
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- Nombre de pierres en mauvais état qui ont été remplacées lors des travaux