(Longueuil) Le policier retraité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) accusé d’avoir aidé la Chine dans ses tentatives d’ingérence étrangère a été libéré sous caution mardi. Il lui est interdit de quitter le pays.

En vertu de la Loi sur la protection de l’information, William Majcher est accusé de complot et d’actes préparatoires au profit d’une organisation étrangère.

M. Majcher, âgé de 60 ans, a été arrêté jeudi à Vancouver et libéré mardi, après que la juge de la Cour du Québec, Ann-Mary Beauchemin, a signé les conditions de sa mise en liberté sous caution dans une salle d’audience à Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal.

D’ici à son procès, M. Majcher doit faire un dépôt de 50 000 $ auprès du tribunal, rendre son passeport et se présenter à la GRC chaque semaine.

Deux membres de son entourage ont également accepté de déposer 200 000 $ supplémentaires en garantie du respect par M. Majcher de ses conditions.

Après l’audience, le procureur fédéral Marc Cigana a déclaré aux journalistes que les conditions « avaient été négociées par la défense et la Couronne, et nous pensions qu’elles répondent à toutes les préoccupations concernant le risque de fuite ».

La police allègue que M. Majcher, un résidant de Hong Kong, a utilisé son réseau de contacts canadiens pour obtenir des renseignements ou des services qui ont profité à la République populaire de Chine.

Bien qu’il n’ait pas encore officiellement entré sa réponse aux accusations, son avocat, Ian Donaldson, a affirmé mardi au tribunal que son client avait l’intention de plaider non coupable des deux chefs d’accusation.

Un acte d’accusation déposé devant un tribunal québécois allègue que les infractions se sont produites entre 2014 et 2019 au Canada, à Hong Kong et en Chine, et que les autorités allèguent qu’il a comploté avec d’autres individus, dont un homme du nom de Kenneth Ingram Marsh.

Parmi les conditions de libération sous caution imposées à M. Majcher, il est interdit de parler sans la présence de son avocat à M. Marsh et à un autre homme, Ross Gaffney. Me Cigana n’a pas précisé en quoi Marsh et Gaffney sont liés à l’affaire.

M. Majcher a été employé par la GRC de 1985 à 2007. Son profil sur la plateforme LinkedIn indique qu’il travaillait dans les services bancaires d’investissement à Hong Kong chez EMIDR Limited, une société qu’il a cofondée, en fournissant une expertise sur le blanchiment d’argent et le risque de criminalité financière.

Le profil indique également qu’il a travaillé sous couverture dans « la plus grande enquête sur le blanchiment d’argent et la fraude en valeurs mobilières en Amérique du Nord » et qu’il a aidé à former l’équipe d’application de la sécurité nationale du Canada.

La GRC, quant à elle, a précisé qu’une branche québécoise de cette équipe enquêtait sur M. Majcher depuis l’automne 2021.

Les témoignages et les preuves entendus jusqu’à présent dans l’affaire font l’objet d’une interdiction de publication demandée par la défense lors d’une mise en accusation, vendredi dernier.

La comparution de mardi a été marquée par des retards technologiques qui ont empêché M. Majcher de comparaître par vidéo comme prévu, car les deux provinces ne disposent pas de systèmes informatiques compatibles.

Finalement, l’accusé a pu s’adresser au tribunal via le haut-parleur du téléphone portable de la Couronne.

Même si M. Majcher vivra à Vancouver pendant les procédures et que son avocat a également comparu à partir de cette ville, l’affaire sera entendue à Québec, où l’enquête de la GRC a été coordonnée et où réside l’équipe de poursuite fédérale.

L’affaire reviendra en cour au palais de justice de Longueuil le 29 août.