(Ottawa) Le procès de Pat King, l’un des organisateurs du « convoi de la liberté », doit s’ouvrir le 27 novembre et l’accusé souhaite maintenant obtenir un procès devant jury — loin d’Ottawa.

M. King était une figure de proue du mouvement qui a occupé des rues du centre-ville de la capitale fédérale pendant trois semaines, à l’hiver 2022, pour protester contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 — et plus généralement contre le gouvernement libéral.

Un convoi de milliers de semi-remorques et d’autres camions a commencé à arriver à Ottawa le 27 janvier de l’année dernière et a rapidement bloqué les routes principales et les intersections du centre-ville. Bientôt, des manifestations similaires ont été organisées à plusieurs postes frontaliers internationaux.

Les conseillers municipaux avaient observé que les rues autour de la colline du Parlement étaient devenues anarchiques, alors que les manifestants installaient des camps avec des feux à ciel ouvert, des barbecues et organisaient des danses. Certaines entreprises avaient fermé leurs portes tandis que les résidents étaient exposés aux émanations et aux klaxons bruyants des véhicules au ralenti à toute heure du jour et de la nuit.

Pendant les manifestations, M. King avait diffusé en direct ses activités à des partisans et à d’autres manifestants. Les vidéos qu’il a publiées sur les réseaux sociaux devraient être présentées abondamment pendant le procès.

M. King a été arrêté le 18 février, le jour même où la police avait lancé une opération majeure pour expulser les manifestants du centre-ville.

Il a été accusé de méfait, d’avoir conseillé de commettre un méfait, d’avoir conseillé de désobéir à une ordonnance du tribunal et d’avoir conseillé d’entraver le travail de la police, dans le cadre de ses actions pendant la manifestation.

Il a également été accusé plus tard de parjure et d’entrave à la justice, après avoir témoigné lors de son enquête sur cautionnement.

M. King a été détenu pendant cinq mois après son arrestation, avant d’être finalement libéré sous caution et de retourner en Alberta.

Un procès souhaité loin de la capitale fédérale

Pat King avait initialement choisi de ne pas avoir de procès devant jury, mais il a depuis changé d’avis.

Il souhaite par ailleurs que son procès ne se tienne pas à Ottawa, car il craint qu’un juge et un jury de la capitale fédérale ne puissent pas être assez impartiaux pour lui assurer un traitement juste et équitable.

Le juge Charles Hackland, de la Cour supérieure de l’Ontario, devrait entendre le 21 août les arguments de la Couronne et de l’avocate de l’accusé, Natasha Calvinho, sur le déménagement de l’affaire et sur un procès devant jury.

En vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, toute personne accusée d’une infraction criminelle passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans ou plus a droit à un procès devant jury.

Le juge devra également décider dans quelle mesure il peut tenir compte des conclusions du juge Paul Rouleau, qui a été chargé de mener une enquête sur l’invocation par le gouvernement de la Loi sur les mesures d’urgence lors de la manifestation.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclenché la loi pour la première fois lorsqu’il a déclaré une urgence à l’ordre public le 24 février 2022. Avec cette décision, les libéraux fédéraux ont accordé des pouvoirs temporaires à la police et aux banques, y compris la capacité de geler les avoirs et d’interdire les rassemblements publics.

M. King était l’un des 13 participants au convoi qui ont témoigné à l’enquête, avec des policiers, des politiciens et des résidents locaux d’Ottawa.

Le rapport du juge Rouleau, qui compte plus de 2000 pages et a été remis en février, décrit avec minutie la genèse des manifestations, la réponse de la police et des différents paliers de gouvernement et les actions des manifestants.

Il comprenait des informations sur le rôle que les médias sociaux et les fausses informations ont joué pour alimenter les manifestations.

Le fardeau de la preuve dans une enquête est différent de celui d’un procès criminel, a déclaré Me Calvinho devant le tribunal lundi, car lorsqu’une personne est accusée d’un crime, la Couronne doit le prouver hors de tout doute raisonnable.

M. King est également nommé dans une poursuite de 290 millions intentée par des résidents locaux d’Ottawa contre les organisateurs du convoi.