La centaine de pompiers français qui prêtent main-forte au Québec pour combattre les incendies de forêt – une première dans la province – tirent déjà profit des techniques québécoises, estime une lieutenante qui les représente. Au moment où de nouveaux renforts arrivent, elle assure que l’Hexagone demeurera aux côtés du Québec « tant qu’il le faudra ».

« C’est pour la plupart notre première fois au Canada et on n’a pas exactement les mêmes techniques de travail, donc c’est vraiment très intéressant de pouvoir travailler avec les gens de la SOPFEU. Ils nous apportent leur expertise, leur matériel, et on fait de même. On apprend énormément les uns des autres. On va rester tant qu’il le faudra, tant qu’on aura besoin de nous », lance la lieutenante Emma, qui ne mentionne pas son nom de famille, à l’instar de la plupart des militaires français depuis les attentats de 2015.

Pour elle, la présence sur le sol québécois de soldats du feu français, partis en trombe deux jours après avoir appris leur déploiement dans la province, est une occasion d’apprendre énormément. C’est d’ailleurs la première fois que des pompiers français sont appelés à l’aide pour combattre des incendies de forêt au Québec. La plus grande différence, explique-t-elle, « c’est l’adaptation au terrain, mais aussi à la végétation et à l’environnement qui ne sont pas les mêmes ».

En France, « quand on attaque des feux, on le fait majoritairement avec des camions-citernes forestiers, alors qu’ici, les espaces sont tellement grands et les zones inaccessibles par la route qu’on fait donc tout par hélicoptère », détaille la soldate. « C’est vraiment un gros changement pour nos troupes. Prendre l’hélicoptère, pour plusieurs d’entre nous, c’était aussi une première », relate aussi la lieutenante Emma.

Absolument tout ce qu’on apprend ici va faire l’objet d’un retour de situation en France. On va bien sûr parler de choses qui pourraient potentiellement être mises en place chez nous.

Emma, lieutenante de la Sécurité civile française

Tous les matins, son groupe commence sa journée par un breffage avec les équipes de la SOPFEU. « Ils nous envoient sur une zone en nous héliportant. Et au final, même si nos techniques sont différentes, on a le même cœur de métier et on arrive à travailler ensemble pour traiter le feu », affirme la principale intéressée.

  • Une centaine de pompiers français sont venus prêter main-forte au Québec pour combattre les incendies de forêt.

    PHOTO FOURNIE PAR FORMATIONS MILITAIRES DE LA SÉCURITÉ CIVILE FRANÇAISE

    Une centaine de pompiers français sont venus prêter main-forte au Québec pour combattre les incendies de forêt.

  • Il s’agit de la première fois que des sapeurs français sont appelés pour venir prêter main-forte dans la Belle Province.

    PHOTO FOURNIE PAR FORMATIONS MILITAIRES DE LA SÉCURITÉ CIVILE FRANÇAISE

    Il s’agit de la première fois que des sapeurs français sont appelés pour venir prêter main-forte dans la Belle Province.

  • Pour la plupart de ces volontaires, il s’agit d’une première expérience de combat du feu à bord d’un hélicoptère.

    PHOTO FOURNIE PAR FORMATIONS MILITAIRES DE LA SÉCURITÉ CIVILE FRANÇAISE

    Pour la plupart de ces volontaires, il s’agit d’une première expérience de combat du feu à bord d’un hélicoptère.

  • La plus grande différence pour les soldats du feu français, « c’est l’adaptation au terrain [du Québec], mais aussi à la végétation et à l’environnement qui ne sont pas les mêmes », nous a-t-on expliqué.

    PHOTO FOURNIE PAR FORMATIONS MILITAIRES DE LA SÉCURITÉ CIVILE FRANÇAISE

    La plus grande différence pour les soldats du feu français, « c’est l’adaptation au terrain [du Québec], mais aussi à la végétation et à l’environnement qui ne sont pas les mêmes », nous a-t-on expliqué.

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Plus de responsabilités en vue ?

À la SOPFEU, le porte-parole Stéphane Caron salue le soutien international dont bénéficie son équipe, qui compte déjà environ 400 pompiers actifs combattant les incendies de forêt. « L’Europe, c’est une première qu’ils viennent nous aider. Les Français ont une structure de commandement différente, mais on est en train de voir avec eux comment on peut leur donner une responsabilité de prise en charge de certains feux », explique M. Caron.

« Ça ne se fait pas aussi naturellement qu’avec les pompiers du Nouveau-Brunswick par exemple. Eux, on leur a dit : “Normétal est à vous.” Ils sont débarqués avec une équipe de gestion similaire et prennent en charge toutes les décisions. Là, on est en train de regarder avec les Français comment on peut faire un peu la même chose, avec tout ce que ça implique, vu nos méthodes de travail différentes justement », insiste le porte-parole.

À ce jour, les renforts viennent surtout de France, mais aussi des États-Unis avec quelque 135 personnes, plus de 70 du Nouveau-Brunswick et d’autres venus de l’Afrique du Sud. Mercredi, deux centaines de pompiers espagnols et portugais se sont ajoutés. Tout cela s’ajoute aux quelque 280 membres des Forces armées canadiennes (FAC) présents sur le terrain. « Il y a vraiment beaucoup de gens. On a une bonne force de frappe », soutient Stéphane Caron.

Il faut comprendre que l’aide des pays qui ont la même structure de commandement que nous, comme les États-Unis, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, elle ne suffit plus.

Stéphane Caron, porte-parole de la SOPFEU

« Le Canada n’est plus capable de s’entraider entre provinces, donc c’est essentiel d’élargir le bassin de pays avec lesquels on collabore. »

M. Caron estime que des expériences comme celle des incendies de forêt actuels permettront justement « de susciter davantage d’échanges » entre le Québec et les pays de l’Union européenne, notamment. « Dans la dernière année, on a déjà entamé des discussions, et c’est ce qui permet aujourd’hui d’avoir autant d’aide. »

Aux pompiers français, le porte-parole envoie d’ailleurs un message clair. « C’est sûr qu’à la SOPFEU, on aimerait beaucoup leur rendre la pareille. On ne leur souhaite pas des incendies, évidemment, mais s’ils ont besoin d’aide plus tard, on va être là », conclut-il.