La population québécoise a augmenté de 149 900 personnes, en 2022. Cette croissance record repose essentiellement sur l’immigration, car l’accroissement naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès, n’est que de 2300 personnes, selon le dernier bilan démographique du Québec, publié mercredi. Coup d’œil.

Une croissance basée sur l’immigration

Le Québec a connu en 2022 la plus forte croissance de sa population depuis 50 ans. Au 1er janvier dernier, le nombre d’habitants s’élevait à 8,8 millions, en hausse de 1,7 %. L’accroissement migratoire, c’est-à-dire le nombre d’entrées moins le nombre de sorties, a atteint 146 400 personnes en 2022. Ce gain résulte d’un solde migratoire international de 149 500 personnes et d’un solde migratoire négatif de 3100 personnes avec les autres provinces. En tout, 68 700 immigrants permanents et 86 700 résidents non permanents ont été admis au Québec, et 5900 personnes sont parties vers d’autres pays. « Le Québec n’avait jamais connu un solde aussi élevé depuis que des données comparables sont disponibles (1972) », souligne l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le poids du Québec continue de baisser

L’augmentation de sa population ne permettra pas au Québec d’accroître son poids au sein du Canada, puisque la hausse a été encore plus forte dans l’ensemble du Canada, avec un gain de 1 040 110 personnes. En conséquence, le poids démographique du Québec est passé de 22,4 % à 22,2 %. Le taux de natalité n’est pas plus faible au Québec qu’ailleurs au Canada. L’indice synthétique de fécondité a également baissé pour s’établir à 1,49 enfant par femme, passant sous la barre de 1,5 enfant par femme pour la première fois depuis 2002. Mais cet indice reste plus élevé que ceux de l’Ontario, de la Colombie-Britannique ou des quatre provinces de l’Atlantique. C’est l’immigration, et non les naissances, qui soutient la croissance de la population canadienne.

Baisse des naissances, hausse des décès

Si le Québec avait compté sur l’accroissement naturel de sa population, sa croissance démographique serait quasi nulle, avec un gain de 2300 personnes. Sans immigration, la population stagnerait. Ce faible accroissement naturel s’explique par deux phénomènes : une fécondité en baisse et une mortalité en hausse. L’ISQ estime que 80 700 bébés sont nés ici en 2022, ce qui constitue le niveau le plus bas depuis 2005. Le nombre de décès a par ailleurs fortement augmenté. Il s’est établi à 78 400, en hausse de 12 % par rapport à 2021. Cela dépasse même les 74 849 décès de 2020. Cette augmentation exceptionnelle s’explique par la pandémie et la circulation d’autres virus respiratoires.

L’espérance de vie recule

La hausse du nombre de décès en 2022 a fait chuter l’espérance de vie de neuf mois. La baisse a été plus marquée chez les femmes, de 84,9 à 84,1 ans, que chez les hommes, de 81,1 à 80,5 ans. L’espérance de vie a connu des mouvements en yoyo en raison de la pandémie et de la surmortalité qu’elle a entraînée : d’un sommet de 82,9 ans en 2019, elle a chuté à 82,3 en 2020, est remontée à 83 en 2021, pour redescendre à nouveau en 2022. L’Institut de la statistique du Québec estime que ces mouvements font « figure d’exception », car l’espérance de vie a augmenté progressivement au fil des ans, quoique cette tendance à la hausse ait été moins marquée dans les années prépandémiques.

Laval mène le bal

C’est à Laval qu’on vit le plus vieux (83,8 ans). Les régions de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale se distinguent aussi avec une espérance de vie qui dépasse 83 ans. Le Nord-du-Québec occupe le dernier rang avec une espérance de vie de 73,8 ans. Les disparités régionales n’évoluent pas toutes dans le même sens, puisque si Laval est en tête pour l’espérance de vie, elle est à l’avant-dernier rang des 17 régions administratives pour la fécondité, avec un indice de 1,45, Montréal étant en queue de peloton, à 1,23. Et c’est le Nord-du-Québec qui occupe le premier rang, loin devant avec un indice de 2,61. Dans la plupart des régions, cet indice se situe entre 1,5 et 1,7 enfant par femme.