(Ottawa) Une première rencontre entre la ministre fédérale Patty Hajdu, le ministre québécois Ian Lafrenière et le grand chef du Conseil mohawk de Kanesatake Victor Bonspille doit se tenir la semaine prochaine pour tenter de trouver des solutions à l’écoulement d’eaux toxiques du dépotoir illégal situé sur le territoire de la communauté.

C’est ce qu’ont fait savoir la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, et le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, dans une déclaration commune envoyée jeudi après-midi.

Plus tôt dans la journée, Mme Hajdu a eu une discussion avec le ministre québécois responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière. Son bureau a confirmé la tenue d’une rencontre en début de semaine prochaine.

Une enquête de La Presse révélait plus tôt cette semaine que des eaux toxiques s’écoulaient du centre de tri G & R Recyclage. Il appartient aux frères Robert et Gary Gabriel, qui ont des liens avec le crime organisé. Des membres de la communauté déplorent la « zone de non-droit » qu’elle est devenue et craignent des représailles s’ils osent parler à visage découvert de ce dépotoir illégal aux fuites toxiques.

Le gouvernement fédéral, qui a mis du temps à réagir publiquement, reconnaît qu’il faut une approche conjointe avec le gouvernement du Québec, la communauté de Kanesatake et G & R Recyclage. « [N]ous devons unir nos efforts pour trouver une solution à long terme », ont déclaré les ministres Patty Hajdu et Steven Guilbeault.

La SQ réagit

La veille, ils avaient rappelé en entrevue à La Presse qu’il revenait à la Sûreté du Québec (SQ) de faire appliquer la loi sur le territoire autochtone. La SQ a reconnu jeudi qu’elle n’est pas toujours la bienvenue sur le territoire de Kanesatake. Elle invite toutefois les membres de la communauté inquiets à briser le silence et à lui signaler toute activité illégale ou suspecte.

« Par le privilège que détient la Sûreté du Québec de desservir la communauté de Kanesatake, nous sommes à même de constater que cette communauté est composée de citoyens qui prennent au sérieux la sécurité publique de leur milieu », a indiqué sa porte-parole, Ann Mathieu, par courriel jeudi.

« Comme c’est le cas ailleurs au Québec et dans de rares exceptions, les policiers de la Sûreté du Québec rencontrent parfois des individus qui peuvent être réfractaires à leurs présences », a-t-elle ajouté.

Il n’y a plus de Peacekeepers à Kanesatake depuis que le poste de police a été pillé, en 2004, et que la maison de l’ex-grand chef James Gabriel a été incendiée par des éléments criminels, après qu’il eut dénoncé publiquement l’influence grandissante de ces derniers. La Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada n’y patrouillent depuis qu’en cas de nécessité.

« Ils ne sont pas nécessairement les bienvenus pour bien des raisons que vous connaissez très bien », avait indiqué le ministre Marc Miller mercredi en mêlée de presse, en faisant allusion à la crise d’Oka en 1990.

Avec Tristan Péloquin, La Presse