La tension était palpable dimanche dans bon nombre de municipalités de l’ouest de Montréal où le niveau de l’eau, déjà élevé, menace de poursuivre sa montée en raison de la pluie prévue dans les prochains jours, faisant craindre le pire.

« Je ne suis pas trop inquiet pour le moment, parce que je peux encore sortir ma voiture de mon entrée, mais déjà, ce matin, l’eau n’était montée qu’à moitié », lance Hanse Tanzer, un résidant de Terrasse-Vaudreuil, en pointant le terrain devant sa résidence.

Comme dans de nombreuses autres rues de son quartier de L’Île-Perrot, l’eau du lac Saint-Louis avait commencé à y faire une percée entre les maisons après une première poussée la fin de semaine dernière qui s’est finalement résorbée.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Près du parc Godin, à Sainte-Anne-de-Bellevue, des sacs de sable étaient disposés devant certaines résidences.

Des sacs de sable étaient disposés devant certaines résidences autour desquelles fonctionnaient des pompes. Des résidants visiblement échaudés par les inondations de 2017 et 2019 ont refusé de témoigner de leur situation.

Des municipalités sur le qui-vive

De nombreuses municipalités étaient sur le qui-vive, dimanche, dans le Grand Montréal, au moment où on prévoyait de fortes pluies pouvant atteindre 35 millimètres jusqu’à lundi matin.

En milieu de journée, le ministère de la Sécurité publique (MSP) comptait une inondation d’ordre moyen et 14 d’ordre mineur sur le territoire québécois. Un peu plus d’une dizaine de stations hydrométriques étaient alors « en surveillance ».

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Barrière en béton recouverte d’une toile en plastique tenue par des sacs de sable aux abords du parc Godin

À Sainte-Anne-de-Bellevue, notamment, une barrière en béton recouverte d’une toile en plastique tenue par des sacs de sable avait été installée aux abords du parc Godin, où des employés municipaux s’affairaient à vider le réseau fluvial en vue des prochains jours, a pu observer La Presse.

« C’est habituellement un des premiers endroits où [les inondations] débutent », témoigne Lester Simpsons, résidant du secteur qui, avec les autres membres du club de rugby de Sainte-Anne-de-Bellevue, se tient prêt à venir prêter main-forte aux autorités avec les sacs de sable.

Dimanche, en Montérégie, la ville de Rigaud a également signalé des inondations. À Rawdon et à Saint-Colomban, dans Lanaudière et les Laurentides respectivement, des rues entières ont aussi été inondées.

Une situation encore « sous contrôle »

Le porte-parole de la Sécurité civile au MSP, Joshua Ménard-Suarez, se fait toutefois rassurant. Selon lui, la « situation demeure sous contrôle », évoque-t-il en entrevue.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Secteur de Terrasse-Vaudreuil, à l’ouest de Montréal

« Les inondations qu’on vit présentement, ce sont surtout dans des secteurs récurrents, où année après année, il y en a. Ce sont des citoyens habitués pour la plupart. Ce n’est rien de dramatique », ajoute-t-il.

Le météorologue d’Environnement Canada Dominic Morin affirme que les précipitations de 25 à 35 millimètres « vont s’ajouter aux vulnérabilités déjà présentes sur les rivières ».

Sur les petites rivières du bassin versant des Outaouais, cette pluie-là va venir se jeter dans le fleuve éventuellement, ce qui risque de faire augmenter le niveau d’eau dans les prochains jours. Il faudra être vigilants.

Dominic Morin, météorologue d’Environnement Canada

Cela dit, « les cours d’eau sont capables d’en prendre en ce moment », rappelle M. Ménard-Suarez. « On a eu un premier pic de crues en fin de semaine dernière, mais après, les cours d’eau sont pour la plupart restés stables, ce qui fait qu’il y a encore de l’espace », détaille-t-il.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La région de Montréal demeure surveillée « de très près », tout comme l’Outaouais, les Laurentides et Lanaudière.

Des points plus chauds

Québec surveille néanmoins « de très près » les régions de l’Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière et de Montréal. « On regarde plus particulièrement le bassin versant de la rivière des Outaouais, qui est un peu plus fragile au moment où on se parle », affirme le porte-parole de la Sécurité civile.

Environnement Canada conseille aux gens qui se trouvent dans des secteurs vulnérables ou qui sont isolés « de se préparer avec au minimum une trousse d’urgence en cas de besoin ». Si la situation devient trop à risque, il vous faut « quitter votre domicile » le plus rapidement possible, rappellent les autorités fédérales.