Crues printanières « Ça fait deux jours que je ne dors pas »

Des résidants s’inquiètent de la montée des eaux à Saint-Colomban, dans les Laurentides où, comme dans plusieurs autres régions, les crues printanières ont provoqué le débordement de la rivière du Nord. Le premier ministre François Legault dit suivre la situation de près, mais déjà un répit se profile à l’horizon.

« Ça fait deux jours que je ne dors pas », souffle Stéphane Houle, rencontré non loin du pont Mackenzie, fermé depuis lundi en raison de la montée des eaux. « J’évacue, je reste, je ne sais pas quoi faire. »

L’homme, qui a acheté sa résidence en décembre dernier, affirme qu’il ne se doutait pas qu’une telle crue pouvait survenir, même s’il avait été averti qu’il était en zone inondable.

Sur la rue du Bord-de-l’Eau, une dizaine de résidences sont actuellement inondées, une situation qui se répète régulièrement à Saint-Colomban, indique le maire de la municipalité, Xavier-Antoine Lalande. Le dernier épisode d’inondation majeure remonterait toutefois à 2019, lorsqu’un apport en eau record en 57 ans d’observations avait inondé le sud-ouest du Québec.

« On n’en est pas encore à des niveaux [si élevés], nuance Xavier-Antoine Lalande. S’il y avait eu de la pluie aujourd’hui, dimanche, samedi, on serait peut-être plus en mode panique. »

« Ça a commencé avant-hier, puis ça monte, ça monte », résume Huu Quy Hoo, un autre résidant rencontré sur place et dont le sous-sol est inondé.

D’autres inondations rapportées

La Sécurité publique du Québec rapportait mardi après-midi 25 inondations sur le territoire, dont plusieurs significatives dans les Laurentides (Saint-Jérôme, Sainte-Agathe-des-Monts, Mont-Tremblant) et dans Lanaudière (Saint-Gabriel-de-Brandon, Joliette, Rawdon).

À Mont-Tremblant, les autorités ont demandé aux personnes vivant dans environ 65 résidences près de la rivière du Diable d’évacuer lundi soir. La rivière a atteint des niveaux d’inondation lundi, mais le niveau d’eau de la station hydrométrique située en amont du pont de la route 117 affichait une tendance à la baisse mardi après-midi.

Toujours dans les Laurentides, une inondation majeure a été rapportée à Saint-Jérôme, où le débit de la rivière du Nord était déjà très fort avant l’aube.

En après-midi, au parc de l’Île-Perreault, des résidants zieutaient le niveau du cours d’eau qui léchait déjà le dessous du pont Viau. « En 2019, l’eau passait par-dessus. Maintenant, ça ressemble à l’an passé », calculait l’un d’eux.

Dans la région de Montréal, des inondations mineures ont été signalées à quatre endroits sur les berges du lac des Deux Montagnes et le long de la rivière des Mille Îles. L’eau est aussi sortie de son lit près du lac Saint-Pierre et du lac Maskinongé, en Mauricie, près de la rivière Etchemin, à Saint-Henri-de-Lévis, et à deux endroits de la rivière des Outaouais, à Ottawa de même qu’à la Marina de Hull, à Gatineau.

Le niveau de plusieurs cours d’eau est sous la surveillance des autorités. C’est notamment le cas du fleuve Saint-Laurent dans l’ouest de l’île de Montréal. La rivière des Prairies présente aussi un risque d’inondation élevé.

Un répit à venir ?

Le temps très clément des derniers jours serait la principale cause de la montée des eaux puisqu’elle a provoqué la fonte rapide d’importantes quantités de neige au nord de la région de Montréal, précise le météorologue à Environnement Canada André Cantin.

« Oui, on a eu un peu de pluie, mais ça n’aurait pas été suffisant pour faire monter les rivières autant compte tenu du temps anormalement doux qu’on a connu pendant une longue période la semaine dernière », explique-t-il.

Les riverains peuvent d’ailleurs souffler, puisque le beau temps prévu dans les prochains jours sur le sud-ouest du Québec, couplé à des nuits fraîches qui devraient ralentir la fonte des neiges, devrait calmer le débit des rivières, selon lui.

« C’est vraiment dimanche [prochain] qu’on surveillera un système qui pourrait ramener d’importantes quantités de pluie assez significative sur les Laurentides, Lanaudière », prévient toutefois André Cantin.

« On va vous aider »

La porte-parole de la Sécurité civile, Marie-Soleil Boulet-Pruneau, a d’ailleurs déclaré lundi qu’on ne craignait pas encore d’inondation majeure.

En conférence de presse à l’Assemblée nationale, à Québec, le premier ministre François Legault a dit suivre la situation « de près ». « Chaque printemps, ça amène un stress chez certains résidants qui ont déjà eu des inondations dans le passé. […] Je veux juste dire aux Québécois, là, qu’on va vous aider. On ne vous laissera pas tomber », a-t-il notamment déclaré.

À Gatineau, la mairesse France Bélisle a déclaré que près de 40 000 sacs de sable remplis étaient prêts à être distribués mardi matin, à sept endroits vulnérables. Des équipes ont aussi commencé à remplir des sacs de sable supplémentaires.

Avec La Presse Canadienne

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