Après une panne orchestrée sur le site du premier ministre Justin Trudeau samedi, le groupe prorusse NoName a revendiqué dimanche deux nouvelles cyberattaques contre des organisations canadiennes, dont le Port de Montréal, touché pour la deuxième fois.

« Nous n’oublions pas le Canada », a de nouveau indiqué le collectif sur le réseau social Telegram, en annonçant que le site web du Port de Montréal avait de nouveau été visé par une cyberattaque. En fin de matinée, toutefois, les accès au site semblaient avoir été rétablis, les services numériques de l’organisation étant pour la plupart accessibles.

La porte-parole de l’Administration portuaire de Montréal, Renée Larouche, confirme qu’une « interruption de services de [son] site externe » a été observée pendant environ 60 minutes dimanche matin.

« Cela dit, comme la dernière fois, nos pare-feu ont très bien fait le travail. Il n’y a eu aucun arrêt de nos opérations, ni aucune conséquence. Tout est rétabli maintenant », a indiqué Mme Larouche, dont le groupe avait déjà été visé une première fois par NoName dans les dernières semaines.

Selon nos informations, la première attaque avait surtout visé l’adresse IP, alors que cette fois, c’est précisément le nom de domaine du Port de Montréal qui était la cible des cyberpirates.

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR BETTERCYBER (TWITTER)

« Nous n’oublions pas le Canada », a indiqué le collectif NoName sur le réseau social Telegram, en annonçant que le site web du Port de Montréal avait de nouveau été visé par une cyberattaque.

Le groupe a d’ailleurs aussi revendiqué dimanche une attaque contre l’Office des transports du Canada, dont le site web était toujours paralysé en milieu de journée. Sur Telegram, NoName avait clairement indiqué envoyer ce site web en « blackout » pour une durée indéterminée.

Pour le reste, les autres attaques de NoName semblaient se concentrer dimanche en Pologne, des attaques ayant notamment été orchestrées contre des entreprises et des banques dans ce pays d’Europe centrale.

Des « hacktivistes »

Samedi, le collectif avait de nouveau bloqué l’accès au site internet du premier ministre du Canada. Le site internet de Hamilton-Oshawa Port Authority a aussi été touché par l’attaque, tout comme le site internet du Sénat canadien, qui a toutefois rapidement été rétabli.

Il y a moins de dix jours, ces mêmes pirates prorusses avaient revendiqué d’autres cyberattaques au Canada, dont une contre Hydro-Québec et contre le site du premier ministre. Dans ce deuxième cas, l’attaque s’était produite au moment où Justin Trudeau recevait son homologue ukrainien, Denys Chmyhal, à Toronto.

« Laissez-moi être extrêmement clair : le fait que, pendant quelques heures, il y a eu une page du gouvernement qui a été difficile à accéder ne va nous dissuader en rien d’être présents et toujours là pour en faire plus pour soutenir l’Ukraine », avait alors martelé Justin Trudeau.

Un autre groupe de pirates, Black Basta, a de son côté revendiqué une cyberattaque contre les Pages Jaunes. Copies de passeports, de cartes d’assurance maladie, d’états de compte et de permis de conduire : La Presse a trouvé sur le web caché des échantillons d’informations confidentielles volées, notamment à des Québécois1.

Le collectif NoName, lui, s’apparente à ce que les experts appellent des « hacktivistes » : des pirates informatiques aux motivations politiques. Sur son compte Telegram, le collectif a notamment dénoncé ces dernières semaines un mécanisme de coopération que le Canada a proposé avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud pour faire face à l’alliance entre la Russie et la Chine. Cette alliance est appelée à « se renforcer » après « de telles initiatives russophobes », avaient déclaré les pirates.

Dès le début d’avril, des spécialistes avaient d’ailleurs appelé à la surveillance étroite et au resserrement des mesures de cybersécurité. L’expert en cybersécurité Steve Waterhouse a notamment expliqué que des cyberpirates comme ceux ce groupe russe ont accès à des milliers de bots, des ordinateurs sous leur contrôle, pour se connecter à haute fréquence sur les sites ciblés. « Ils veulent faire un coup d’éclat, a-t-il dit à La Presse. On va peut-être en voir d’autres qui vont écoper, y compris dans les entreprises privées. »

1. Lisez l’article : « Données confidentielles volées : des pirates revendiquent une cyberattaque des Pages Jaunes »

Quelques organisations touchées par NoName

  • Site du premier ministre Justin Trudeau
  • Hydro-Québec
  • Port de Montréal
  • Port de Québec
  • Office des transports du Canada
  • Port de Hamilton-Oshawa
  • Banque Laurentienne
  • Nova Bus
  • Sénat canadien
  • Matrox
  • Husky Energy