Bang, bang bang bang ! L’aube pointait vendredi quand des habitants d’une petite rue résidentielle du Vieux-Longueuil se sont réveillés en sursaut. Étaient-ce bien des coups de feu ? Oui, ont-ils compris lorsque des policiers les ont fait évacuer. Et plus de 12 heures plus tard, plusieurs d’entre eux ne pouvaient toujours pas réintégrer leur domicile.

C’est toute une opération policière qui s’est déployée rue Daniel, à Longueuil, vendredi matin. Des appels au 911 ont été faits vers 6 h pour signaler des coups de feu dans cette petite rue résidentielle abritant une garderie, entre la rue Leblanc Ouest et le chemin du Coteau-Rouge.

« J’ai entendu quatre coups de feu, j’ai regardé par ma fenêtre et j’ai vu un homme habillé en noir, avec un capuchon, courir vers un véhicule stationné », raconte Sébastien, rencontré sur place en début de soirée. « La voiture a pris la fuite vers l’est, et un véhicule blanc a suivi, à toute vitesse. »

Un autre homme aurait aussi pris la fuite à pied, ajoute Sébastien, installé dans son propre véhicule avec sa fillette de 4 ans à l’orée du vaste périmètre de sécurité établi par le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

« On est chanceux qu’il n’y ait rien eu de plus dramatique », renchérit sa conjointe, Sabrina.

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Le périmètre de sécurité rue Daniel, en matinée

En effet, personne n’a été blessé dans cet échange de coups de feu, a indiqué François Boucher, porte-parole du SPAL. Rapidement, en matinée, deux hommes dans la trentaine ont été interpellés par la police.

À la suite de leur rencontre avec les enquêteurs et selon les éléments de preuve qui auront été trouvés sur la scène, ils pourraient faire face à des accusations.

Des douilles de projectiles d’arme à feu ont été trouvées sur place. La scène était toujours protégée en début de soirée, a pu constater La Presse. « Elle est passée au peigne fin pour récupérer des éléments de preuve, et parce qu’il y aurait potentiellement d’autres individus impliqués », a expliqué M. Boucher.

Évacués en pyjama

Pendant que les enquêteurs s’activent sur le terrain, les résidants, eux, commencent à trouver le temps long.

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Certains résidants évacués ne pouvaient toujours pas réintégrer leur domicile en soirée.

« C’est ça qui est le plus difficile à vivre : on n’a aucune idée du moment où on va pouvoir rentrer », lance Kouman, qui attend dehors avec ses quatre enfants âgés de 2 ans à 17 ans.

Nous l’avons rencontré vers 19 h dans un petit stationnement situé au coin de la rue Daniel et du chemin du Coteau-Rouge. Il s’était déjà écoulé plus de 12 heures depuis l’évacuation en catastrophe, vers 6 h 30 vendredi matin. Kouman a pu conduire, puis aller chercher ses enfants à l’école. Sa femme, elle, est restée dans la maison.

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Un autobus du Réseau de transport de Longueuil s’est transformé en abri. Du personnel de la Croix-Rouge était sur place.

Ce stationnement est devenu un lieu de rassemblement et d’attente. Un autobus du Réseau de transport de Longueuil a été mobilisé pour offrir un abri, avec du personnel de la Croix-Rouge. D’autres résidants patientent dans leur véhicule dans l’espoir d’avoir des informations.

Ici et là, de petits groupes de voisins tiennent des conciliabules. Un peu plus loin, des enfants, désœuvrés, jouent sur l’asphalte, pendant que le soleil décline.

« J’étais toute seule avec mes deux jeunes enfants, de 5 et 2 ans, raconte une voisine qui a préféré taire son nom. Je me suis fait réveiller par les policiers. Comme il fallait évacuer, je n’ai rien apporté. Je suis encore en pyjama », ajoute-t-elle en montrant son pantalon. « Et le chien est à la maison ! »

Plusieurs ont laissé des articles essentiels — comme leurs médicaments — derrière eux, constate aussi Sabrina.

Je suis allée acheter des bouteilles d’eau, et heureusement des voisins ont apporté à manger. Mais je trouve que des choses devraient être mises en place [pour ceux qui n’ont pas leurs médicaments].

Sabrina, résidante du secteur

« Ça peut arriver partout »

La maison où aurait eu lieu l’échange de coups de feu suscitait la suspicion dans le quartier, ont raconté plusieurs voisins. « Tout le monde voyait de grosses voitures de luxe devant cette maison », lance Sébastien. « Des voitures qui valent facilement 350 000 $. »

« Il y a des types de voitures qui laissent penser qu’on a affaire à des gens… mais ce sont des conclusions hâtives », confie aussi Kouman.

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Personne n’a été blessé dans l’échange de coups de feu, a indiqué le Service de police de l’agglomération de Longueuil.

« Ce sont de grosses bagnoles. Avec ça, je pourrais finir de payer mon hypothèque ! », s’est exclamée une autre voisine, qui réside tout près.

Une chose est sûre, l’évènement ébranle. « Moi, ça me fait peur, parce que je suis venu ici avec ma famille pour la tranquillité », déplore un voisin qui souhaite garder l’anonymat.

Sébastien n’est pas inquiet, car c’est le premier évènement du genre dans le quartier. « Mais si demain matin ça arrive [de nouveau], je ne vais pas me sentir en sécurité », dit-il.

« Tu ne t’attends pas à ce qu’une chose comme ça arrive, relativise une autre résidante. Mais ça peut arriver partout. C’est tombé sur notre rue. »