Le 15 février 1839, cinq patriotes condamnés à mort à la suite des Rébellions du Bas-Canada étaient pendus à la prison du Pied-du-Courant, un évènement qui, selon la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, n’est pas assez souligné.

C’est ce qu’a tenu à rappeler la présidente générale Marie-Anne Alepin dans un entretien avec La Presse, mardi. Selon elle, il est temps que le Québec consacre une « réelle commémoration » à cet évènement.

« On martèle chaque année l’importance de cette date, insiste Mme Alepin. Cette date fait partie des plus traumatisantes de l’histoire du Québec. En plus des personnes qui ont été pendues, des centaines ont été arrêtées. Ces victimes ont mis beaucoup de temps à se remettre de tout ce qui s’est passé. Des enfants, des amis, des épouses, des familles ont été affectés. »

Pour Mme Alepin, il est temps que les instances officielles, et plus particulièrement l’Assemblée nationale, les écoles et les médias, en fassent plus pour faire connaître non seulement les évènements survenus ce jour-là, mais aussi ce qui s’est passé en amont comme en aval.

Elle donne l’exemple de l’Assemblée des six comtés, rassemblement de quelques milliers de patriotes provenant de six comtés de la rive sud de Montréal les 23 et 24 octobre 1837. « Parfois, lorsqu’on parle de cela à des gens, on dirait qu’on communique dans une autre langue », déplore-t-elle.

PHOTO DE VICTOR DIAZ LAMICH FOURNIE PAR LA SSJB MONTRÉAL

La présidente générale de la SSJB de Montréal, Marie-Anne Alepin

Elle rappelle par ailleurs que 58 patriotes ont été déportés en Australie, notamment Joseph Marceau, qui s’est installé définitivement dans ce pays et a eu une nombreuse descendance. « Une section de la SSJB a été créée en Australie avec pour objectif de faire connaître ce que ces gens y ont légué », dit Mme Alepin.

Si elle se réjouit que, chaque année, le drapeau vert-blanc-rouge flotte au mât du parlement à l’occasion de la Journée nationale des patriotes, elle croit qu’on peut en faire davantage. « Comme peuple, nous sommes dus pour avoir une réelle commémoration et en parler davantage dans nos institutions. »

En ce 15 février 2023, 184 ans après les évènements, Mme Alepin participera à diverses activités commémoratives, dont le souper du Rassemblement pour un pays souverain, où seront honorés cinq invités, dont les trois députés du Parti québécois à l’Assemblée nationale.

Paul St-Pierre Plamondon, Pascal Bérubé et Joël Arseneau recevront de Grandes Palmes d’or patriotiques pour leur refus de prêter serment au roi Charles III. Frédéric Lacroix recevra le prix Chevalier-de-Lorimier pour sa défense du français alors que Stefan Allinger recevra le prix Louis-Cyr pour son travail à créer des équipes nationales québécoises dans toutes les disciplines sportives.

Toponymie

Une rapide vérification de La Presse permet de constater que la commémoration de la mémoire des cinq patriotes pendus le 15 février 1839 est bien inégale dans la toponymie du Québec. Si le nom de Chevalier de Lorimier trouve sa place dans 13 lieux (rues, parcs, etc.) du Québec, ceux de ses quatre compagnons ont beaucoup moins de résonance.

Pierre-Rémi Narbonne a donné son nom à deux rues de Montréal, dans les arrondissements de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et de Saint-Léonard. Amable Daunais a aussi donné son nom à une rue dans l’arrondissement de Ville-Marie, et François Nicolas a donné le sien à un parc à Saint-Jean-sur-Richelieu. Quant à Charles Hindenlang, son nom n’apparaît nulle part.