L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) s’inquiète du coût « très élevé » des appareils auditifs au Québec et souhaite que Santé Canada approuve une catégorie d’appareils auditifs accessibles en vente libre, comme c’est le cas aux États-Unis.

« C’est très important qu’on offre sur le marché des alternatives pour ceux qui ne peuvent pas se payer des prothèses auditives qui sont très chères ou qui souhaitent explorer leurs options », a déclaré en entrevue avec La Presse Paul-André Gallant, orthophoniste et président de l’OOAQ.

Depuis le 17 août, les États-Unis ont accès à une nouvelle catégorie d’appareils auditifs en vente libre. Aucune évaluation de l’audition ou ordonnance préalable n’est exigée.

« Ce sont des appareils qui amplifient le son comme une prothèse auditive, mais qui sont destinés davantage à une certaine catégorie de surdité, soit de légère à modérée », dit M. Gallant.

L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec demande à Ottawa de légiférer rapidement afin que ces appareils auditifs soient homologués et offerts au Canada.

Moins cher

Selon M. Gallant, les prothèses auditives ne sont pas suffisamment accessibles au pays, notamment en raison du prix « qui est très élevé ». Il estime que les appareils auditifs en vente libre pourraient favoriser l’accès à l’amplification auditive pour un plus grand nombre de personnes.

Au Québec, un appareil auditif peut aller en moyenne entre 3000 $ et 8000 $ [la paire]. Pour les appareils auditifs en vente libre, ça varie entre 300 $ et 1000 $ la paire. C’est vraiment une grosse différence de prix.

Paul-André Gallant, orthophoniste et président de l’OOAQ

Il précise toutefois que ces prothèses en vente libre ne remplacent pas celles que l’on obtient chez un audioprothésiste. « Ce ne sont pas des appareils qui sont faits pour être portés constamment, mais c’est certainement un point de départ. On pourrait le comparer à la lunette de lecture que l’on peut acheter à la pharmacie », illustre-t-il.

Épargner des coûts

Ces appareils pourraient également permettre à de nombreux Canadiens de prendre en charge la gestion de leur santé auditive plus rapidement, estime l’OOAQ.

Lorsqu’une personne soupçonne une perte auditive, il y a un délai moyen de sept ans avant qu’elle demande de l’aide, selon Statistique Canada. Puisque les appareils auditifs en vente libre sont moins chers et plus accessibles, ce délai pourrait potentiellement être diminué, juge M. Gallant.

« L’impact d’une personne qui ne porte pas une prothèse auditive quand elle en a besoin est extrêmement coûteux pour le système de santé et pour la santé des individus, notamment en augmentant l’anxiété, l’isolement et les risques de démence », détaille M. Gallant.

Éviter des risques

L’Ordre craint que l’absence d’une législation similaire au Canada puisse permettre à des technologies non sécuritaires et peu performantes d’entrer sur le marché, avec des risques importants pour les personnes malentendantes.

Bien que les dispositifs médicaux offerts aux États-Unis puissent être achetés directement auprès de magasins ou de détaillants en ligne, plusieurs paramètres sont réglementés. C’est le cas notamment du volume maximal et de l’étiquetage du produit mentionnant les situations pour lesquelles le consommateur devrait consulter un professionnel de la santé avant l’achat.

« C’est pour éviter que n’importe qui développe des technologies qui pourraient nuire à l’audition et que les consommateurs puissent être informés sur les bénéfices du produit et ses risques », dit M. Gallant.

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