(Québec) La Ville de Québec va limiter – un peu – l’accès à sa vieille ville aux automobiles dès l’été 2023, un projet pilote qui pourrait prendre de l’ampleur en cas de succès.

« On a dit en campagne qu’on ne voulait pas que le Vieux-Québec devienne un Walt Disney de carton », a indiqué lundi le maire Bruno Marchand, qui dit vouloir « rendre les rues plus conviviales ».

La Ville va donc créer une zone d’apaisement de la circulation dans un secteur fortement résidentiel, dans le secteur de l’Hôtel-Dieu et du Séminaire de Québec.

Les résidants de ce secteur pourront y entrer et en sortir en voiture, tout comme les parents qui reconduisent des enfants dans un CPE situé dans la zone ou dans les deux écoles, ou encore les livreurs.

La zone d’apaisement sera toutefois interdite aux autres automobilistes du 4 juillet au 18 août, de 11 h à minuit.

Questionné sur la portée de cette mesure, qui dans les faits va interdire la circulation de transit dans des rues très résidentielles, le maire assure qu’elle n’est pas négligeable.

« Je passe souvent dans ces rues-là pour m’en venir à l’hôtel de ville », a répondu Bruno Marchand.

La conseillère du district Cap-aux-Diamant, Mélissa Coulombe-Leduc, indique quant à elle que des résidants du secteur se sont plaints de courses de voitures dans les petites rues résidentielles du secteur. Il y avait quelque 50 000 déplacements quotidiens entre les murs du Vieux-Québec avant la pandémie, dont 80 % en véhicule motorisé.

La plupart des autocars touristiques vont par ailleurs être détournés le temps du projet-pilote vers la fontaine de Tourny, et n’entreront donc plus dans le Vieux-Québec. La circulation d’autocars dans le Vieux est un irritant depuis belle lurette pour nombre de citoyens.

La Ville de Québec avait étudié quatre scénarios pour apaiser la circulation. Elle a choisi de mettre en place le plus restreint. Mais elle n’écarte pas la possibilité d’essayer d’autres scénarios après l’essai de l’été prochain.

L’un d’eux proposait que la zone d’apaisement englobe tout le Vieux-Québec intra-muros. « Ça aurait impliqué de réinventer le Vieux-Québec », note Marc des Rivières, directeur du Service du transport et de la mobilité intelligente à la Ville de Québec.

La zone finalement retenue sera délimitée par la côte du Palais, la rue Saint-Jean, la côte de la Fabrique, la rue Buade, la rue Port-Dauphin et la rue des Remparts. Ces rues seront toutes encore accessibles aux voitures.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Le secteur en orange sera interdit à une bonne partie des automobilistes l’été prochain, de 11 h à minuit.

Mais l’intérieur de la zone sera quant à lui interdit aux automobilistes qui ne sont pas munis de laissez-passer, ceux qui par exemple se chercheraient une place de stationnement pour aller au restaurant. La Ville entend installer des bornes rétractables manuellement, qui seront mises en place et retirées au gré de l’horaire. Deux passages munis d’agents de sécurité permettront par ailleurs aux résidants d’entrer dans la zone et d’en sortir.

Le maire a expliqué que ce projet-pilote pourrait être élargi s’il se révèle un succès. Il a défendu par l’urgence d’agir la décision de commencer avec une zone limitée. « On accepte de se tromper, on préfère l’imperfection au néant », note Bruno Marchand.

Le chef de l’opposition officielle dit « recevoir positivement » le projet-pilote. Claude Villeneuve se demande toutefois si l’administration Marchand ne va pas un peu trop vite. Il s’inquiète notamment du rétrécissement de la chaussée sur le chemin Saint-Louis.

« Sur Saint-Louis, je crains que ce soit pare-chocs à pare-chocs. Manger sur une terrasse alors qu’il y a une file d’autos, ce n’est pas génial », dit-il.

Le chef d’Équipe Priorité Québec, Patrick Paquet, se dit aussi en faveur du projet-pilote, qu’il trouve raisonnable. Il se demande toutefois « si ça camoufle quelque chose », et si le maire a l’intention d’aller plus loin. Pour l’instant, selon lui, le projet ne relève toutefois pas de « la guerre à l’auto ».

Le groupe Accès transports viables a quant à lui salué « un premier geste fort et ambitieux pour notre Vieux-Québec ».