Des acteurs de la communauté LGBTQ+ s’inquiètent d’une augmentation des incidents homophobes et transphobes au Québec, mais pas d’une éventuelle tuerie visant un de ses établissements, comme cela s’est produit au Colorado samedi.

Au moins cinq personnes ont perdu la vie et 18 autres ont été blessées dans une discothèque LGBTQ+ à Colorado Springs, aux États-Unis, après qu’un homme de 22 ans y a ouvert le feu.

Le Club Q avait annoncé samedi un évènement LGBTQ+, une soirée « avec toutes sortes d’identités de genre et de numéros » à l’occasion de la Journée du souvenir transgenre, célébrée internationalement le 20 novembre.

Le drame a retenu l’attention dans la communauté LGBTQ+ jusqu’ici, au Québec. « C’est de la folie », déplore en entrevue Danny Jobin, copropriétaire des bars Le District et Le Date Karaoké, deux établissements du Village.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Danny Jobin, propriétaire du bar karaoké Le Date

Ayant pignon sur rue depuis 12 ans dans le Village, ce dernier a été à même de constater l’évolution de la situation.

Certes, le quartier fréquenté par les membres de la communauté LGBTQ+ est aux prises avec des enjeux d’itinérance et de consommation de drogues bien documentés, mais aussi avec une recrudescence des incidents homophobes ou transphobes depuis le début de la pandémie.

« Je trouve que les gens sont moins patients. Nous, on a une super belle clientèle, mais il y a en toujours un qui finit par se faufiler », dit Danny Jobin, en citant un incident survenu il y a quelques semaines avec un jeune client qui a fracassé sa vitrine.

La société ne va pas bien

Mais il n’est pas le seul à remarquer cette tendance. Au service d’écoute Interligne, anciennement Gai écoute, on note également une augmentation des « tensions » depuis un an.

Ce qu’on voit, c’est que dans la population, après la vague pandémique, il y a des enjeux de santé mentale, et plusieurs n’ont pas accès à des ressources. On remarque que les gens sont de moins en moins gênés d’avoir des commentaires homophobes que par le passé.

Pascal Vaillancourt, directeur général du service d’écoute Interligne

« Juste dans les dernières semaines, on voit ce qui s’est passé dans les cégeps, suite à des menaces. J’ai l’impression que la société ne va pas bien, que la société est malade et que ça se traduit par des actes de violences armées, et la communauté LGBTQ pourrait ne pas être épargnée », ajoute-t-il.

L’importance de l’éducation

Pascal Vaillancourt insiste sur l’importance de poursuivre l’éducation des jeunes afin de contrer ces dérives sociétales, mais invite également les politiciens à adopter un discours rassembleur, où les minorités sont respectées.

Mais lui et Danny Jobin ne s’inquiètent pas outre mesure d’une potentielle fusillade visant un établissement de la communauté LGBTQ+ au Québec, comme celle survenue au Club Q, à Colorado Springs.

Au moins deux armes à feu ont été trouvées sur les lieux. « Je peux confirmer que le suspect a utilisé un fusil », a déclaré le chef adjoint de la police de la ville de Colorado Springs, Adrian Vasquez, dimanche.

Les autorités ont identifié le suspect, Anderson Lee Aldrich, sans préciser s’il avait agi seul et sans se prononcer non plus sur le motif de l’attaque. L’homme a été arrêté et transporté à l’hôpital.

Avec l’Agence France-Presse