Un poupon de 8 mois est mort mercredi, à Montréal, après avoir été transporté d’urgence par des policiers à l’hôpital avant l’arrivée des paramédicaux sur les lieux du drame.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas voulu émettre de commentaires au sujet de l’évènement puisqu’il sera évalué par le Bureau du coroner.

Un appel d’urgence a été reçu à Urgences-santé vers 9 h 07 pour un bébé en détresse respiratoire rue Lincoln, au centre-ville de Montréal.

Faute de répartiteur médical d’urgence disponible à ce moment exact pour prendre l’appel, les informations ont été transmises par le 911 à Urgences-santé sous forme écrite, comme c’est la procédure habituelle.

L’appel s’est alors vu attribuer un appel de priorité 3, c’est-à-dire qu’une ambulance est alors envoyée sur les lieux, mais sans activer ses sirènes.

Sur le coup, Urgences-santé n’a pas été en mesure de joindre à nouveau l’auteur de l’appel pour avoir plus de détails sur l’état de santé du bébé, a indiqué mercredi son porte-parole Jean-Pierre Rouleau.

Priorité maximale

Or, 12 minutes plus tard, un second appel en provenance du 911 a permis d’établir que son état de santé s’était détérioré.

Un code de priorité 0, le plus urgent, a alors été établi, et un second véhicule d’urgence a été envoyé sur place.

Arrivés sur les lieux avant même les paramédicaux, les policiers du SPVM du poste de quartier 12, soit celui couvrant le territoire de Westmount, à l’ouest du centre-ville, auraient trouvé la mère sur le trottoir avec son poupon dans les bras. Vu l’urgence de la situation, ils ont alors décidé de transporter l’enfant eux-mêmes dans le centre hospitalier le plus proche.

Selon nos informations, ils auraient tenté d’appeler Urgences-santé pour réclamer la présence d’une ambulance le plus rapidement possible. Devant le délai, ils ont toutefois estimé qu’ils ne pouvaient attendre et l’ont emmené à l’Hôpital général de Montréal, non loin de là.

Joint à la suite de l’évènement par le SPVM, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a jugé qu’il n’y avait pas lieu d’ouvrir une enquête sur cette intervention.

« C’était très urgent d’amener l’enfant à l’hôpital, donc ils ont pris cette décision […]. La décision a été prise de ne pas déclencher l’enquête parce que ce n’était pas une intervention policière, mais une intervention d’aide », a confirmé une porte-parole du BEI, Mercedes Pacho.

Les protocoles respectés,
dit Urgences-santé

Arrivés sur les lieux une minute après le départ des policiers, à 9 h 21, les paramédicaux ont reçu le mandat de les rejoindre à l’hôpital où le poupon avait été transporté dans le but de le transférer dans un centre pédiatrique.

L’enfant était alors dans un état critique. Il serait mort peu après. Selon nos informations, le bébé de quelques mois présentait déjà de graves problèmes de santé. Les deux agents du SPVM qui ont participé à son transport ont été traités en raison d’un choc nerveux.

Urgences-santé affirme que ce triste drame n’est dû en aucun cas au manque de personnel qui a régulièrement affecté son service ces dernières semaines.

À plusieurs reprises, surtout la fin de semaine, près de la moitié des véhicules ambulanciers qui auraient dû se trouver sur la route à Montréal étaient absents, faute de personnel disponible pour les conduire.

Nos protocoles ont été respectés à la lettre. L’affectation du véhicule ambulancier a été immédiate. Le niveau souhaité [de personnel] était atteint aujourd’hui. Ce n’est pas en lien avec le manque d’effectifs.

Jean-Pierre Rouleau, porte-parole 
d’Urgences-santé

Outre l’enquête du coroner, la corporation Urgences-santé, qui sert les territoires de Montréal et de Laval, n’entend pas enquêter sur le déroulement des évènements puisqu’a priori, tout s’est déroulé de façon conforme.

« Nous, on vérifie de façon générale la conformité, mais tout semble conforme. Mais clairement, il va y avoir une enquête globale du coroner dans le cas présent », indique Jean-Pierre Rouleau.

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse