David Milgaard, victime d’une des plus graves erreurs judiciaires de l’histoire canadienne, est mort à l’âge de 69 ans à la suite d’une courte maladie.

La nouvelle de la mort a été confirmée par l’avocat torontois James Lockyer, qui avait travaillé de près à cette cause. Il a dit l’avoir appris de la sœur de M. Milgaard, dimanche.

La nouvelle a bouleversé la famille, a-t-il ajouté.

M. Milgaard n’était âgé que de 16 ans lorsqu’il avait été accusé du meurtre d’une aide-soignante de Saskatoon, Gail Miller, survenu le 31 janvier 1969.

Injustement condamné, il est resté emprisonné pendant 23 ans avant d’être libéré en 1992.

Dans la dernière partie de sa vie, il a contribué à sensibiliser la population sur les condamnations iniques. Il réclamait des changements à la façon dont les tribunaux canadiens révisaient les verdicts de culpabilité.

« Il est important que tous sachent, et pas seulement les avocats, qu’il y a des condamnations injustes. Des gens sont emprisonnés et tentent de s’en sortir, racontait M. Milgaard en 2015. Les politiques qui les maintiennent en prison doivent être modifiées. Le processus de révision d’une condamnation injuste nous dessert lamentablement. »

Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a exprimé sa peine sur les réseaux sociaux.

« David Milgaard était un défenseur infatigable de ceux qui étaient condamnés injustement, lui qui souhaitait un nouveau système après avoir été condamné lui-même. Je suis attristé qu’il ne soit plus là pour voir le résultat de ses efforts, mais nous les poursuivons en sa mémoire », a-t-il commenté.

M. Milgaard et deux de ses amis séjournaient à Saskatoon lorsque Mme Miller a été assassinée.

Un an plus tard, il était reconnu coupable de meurtre et condamné à la prison à vie.

Un de ses compagnons d’infortune, un gamin de 17 ans, a été violé et a tenté de se suicider. M. Milgaard a été atteint par une balle lors d’une tentative d’évasion.

« C’était un cauchemar ! lançait-il en 2014. Les gens n’ont pas droit à beaucoup d’amour et de soins à l’intérieur de ces murs. »

En 1992, il a été libéré grâce à la ténacité de sa mère qui voulait le faire innocenter. Elle a convaincu la Cour suprême d’examiner la cause. Le plus haut tribunal du pays a rejeté le verdict de culpabilité avant de l’exonérer en juillet 1997 après que des tests d’ADN eurent prouvé que le sperme prélevé sur les lieux du crime ne correspondait pas au sien.

Un individu nommé Larry Fisher a été reconnu coupable du meurtre au premier degré en décembre 1999 et condamné à une peine d’emprisonnement à vie.

Le gouvernement de la Saskatchewan a présenté des excuses formelles à M. Milgaard qui a obtenu 10 millions en compensation.

La province a aussi lancé une enquête publique sur l’erreur judiciaire.

En 2008, la commission a présenté son rapport final comptant 13 recommandations, notamment la mise en place d’un organisme fédéral indépendant de révision des condamnations pour remplacer la révision ministérielle.