« Rejetons, rejetons, rejetons Marcos-Duterte », scandait en cœur une dizaine de manifestants devant le métro Plamondon à Montréal mercredi soir. Ce qu’ils dénoncent ? Le résultat de l’élection nationale aux Philippines qui a élu mardi Ferdinand Marcos Junior, fils du défunt dictateur.

« On est tous choqués. On est tous tristes. Il y a eu une fraude massive aux Philippines. On n’accepte pas ça », laisse tomber Cheney de Guzman, l’agente de communication chez PINAY, un organisme à but non lucratif pour les femmes philippines immigrantes.

Ferdinand Marcos Junior, fils du défunt dictateur, a remporté mardi une victoire écrasante à la présidentielle aux Philippines, réinstallant son clan familial au sommet du pouvoir, 36 ans après la révolte populaire qui l’en avait chassé. Sarah Duterte, la fille de l’actuel président, Rodrigo Duterte, a également remporté les élections en tant que vice-présidente sous la liste de Marcos.

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Ferdinand Marcos Junior a remporté mardi la présidentielle aux Philippines.

Cette victoire du fils Marcos laisse un goût amer à des millions de Philippins qui espéraient tourner la page de six ans de présidence de Rodrigo Duterte, marqués par les violences, dont une guerre sanglante contre le trafic de drogue, et un autoritarisme accru.

« L’élection présidentielle du 9 mai est un profond revers pour la démocratie. Elle ramène au pouvoir la famille de Ferdinand Marcos – l’un des dictateurs les plus notoires de la guerre froide », a déclaré sur le site de l’université McGill, Erik Kuhonta, professeur au département de science politique et directeur de l’institut pour l’étude du développement international à l’Université McGill.

« Grâce à une puissante campagne de désinformation sur les médias sociaux, Ferdinand Marcos Jr, connu sous le nom de Bongbong, a pu blanchir le bilan de son père en matière de corruption et de violations des droits de l’homme, et remporter la présidence philippine haut la main », a-t-il ajouté.

Depuis des années, des comptes pro-Marcos Junior ont envahi les réseaux sociaux, faisant passer auprès des jeunes Philippins les vingt ans de régime de son père (1965-1986) comme une ère dorée de paix et de prospérité pour l’archipel. Et passant sous silence les dizaines de milliers d’opposants arrêtés, torturés ou tués, ou encore les milliards de dollars volés par le clan Marcos dans les caisses du pays pour son enrichissement personnel.

Le régime avait été renversé en 1986 par une immense révolte populaire, et la famille Marcos s’était exilée aux États-Unis, avant de revenir dans le pays pour y retisser patiemment un puissant réseau de soutien politique.

Moins d’un demi-siècle après leur chute, les Marcos feront leur retour en juillet au palais présidentiel de Malacanang à Manille, d’où « Bongbong » a promis de rétablir « l’unité » du pays pendant son mandat de six ans.

Avec l’Agence France-Presse