La lumière des gyrophares, plutôt que celle des feux d’artifice, a illuminé la place Jacques-Cartier dans le Vieux-Port de Montréal vendredi soir. Pour la première fois, le Québec a célébré le Nouvel An dans l’étau d’un couvre-feu.
La place Jacques-Cartier de Montréal, où se rassemblent annuellement des dizaines de milliers de personnes pour franchir le cap de la nouvelle année, était déserte vendredi soir. Les décorations lumineuses éclairaient les dalles mouillées. En arrière-plan se dessinait la grande roue de Montréal. Un spectacle de marionnettes pour enfant était projeté sur le mur d’un commerce, pour le plaisir d’un public absent. La musique joyeuse, par son contraste avec le silence ambiant, ajoutait une touche lugubre.
Une imposante présence policière des services de police de la Ville de Montréal (SPVM) patrouillait dans le Vieux-Port de Montréal vendredi. À 21 h 45, pour avertir de l’arrivée imminente du couvre-feu débutant à 22 h, toutes les fourgonnettes de police ont allumé de concert leurs gyrophares.
Rappelons que le gouvernement du Québec a décidé d’imposer un couvre-feu de 22 h à 5 h, dès le 31 décembre, pour freiner la propagation de la COVID-19 dans la province. Les rassemblements privés à l’intérieur ont aussi été interdits.
S’attarder jusqu’à la dernière minute
Une poignée de personnes étaient encore sur place à quelques minutes du couvre-feu sur la place Jacques-Cartier vendredi, s’attardant jusqu’à la limite du temps alloué. « On ne bouge pas d’ici, aussi longtemps qu’on pourra », a affirmé à La Presse Tanya Basmadjian, une jeune femme de 23 ans de Ville Mont-Royal. Avec un ami, elle avait loué un Airbnb dans les environs pour passer le réveillon, a-t-elle raconté, éclairée par les lueurs bleues et rouges.
La place est cependant demeurée calme, même une fois le cap du 22 h atteint. Aucun incident majeur n’avait été rapporté par le SPVM vendredi à minuit et demi.
Ville fantôme
Une fois le couvre-feu instauré, les rues de Montréal se sont mises à appartenir aux taxis, aux livreurs et aux sans-abris. La Presse a croisé quelques passants et un certain nombre de voitures.
Sur la place des Festivals, en plein centre-ville, le marché de Noël avait fermé ses étals. Ici aussi, une musique des Fêtes diffusées par les haut-parleurs du Complexe Desjardins mettait en relief l’abandon des lieux.
Du centre-ville au Plateau Mont-Royal, en passant par Outremont, Rosemont et le Mile-End, une légère brume a remplacé le trafic sur les artères normalement animées.
La nouvelle année a été accueillie par des cris et les crépitements de feux d’artifice – à petite échelle – qui ont résonné à travers la ville. 2022 était arrivé.