(Québec) La Protectrice du citoyen, Marie Rinfret, effectuera le suivi de la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, dite la commission Viens. En 2020, un an après le dépôt du rapport, le gouvernement Legault avait été critiqué pour son inaction.

La Protectrice du citoyen assurera la surveillance de l’évolution de la mise en œuvre des 142 appels à l’action rédigés par le juge à la retraite, Jacques Viens, qui a déposé son rapport d’enquête à l’automne 2019.

Le rapport Viens a conclu que les Autochtones étaient victimes de discrimination systémique dans les services publics québécois. L’une de ses recommandations visait d’ailleurs à confier au Protecteur du citoyen le mandat de surveiller la mise en œuvre du rapport et éviter qu’il ne se retrouve sur une tablette.

Marie Rinfret a rencontré les chefs et leaders autochtones en amont avant de prendre sa décision. Ce mandat est de sa propre initiative. Dans un communiqué, elle dit accueillir avec « honneur et reconnaissance l’ouverture des organisations autochtones du Québec à sa participation active » dans le suivi de la mise en chantier des recommandations du rapport Viens.

« Il est clair que l’évaluation du suivi des appels à l’action ne peut se faire sans la vision et la collaboration des représentants des Premières Nations et Inuit. Je me suis d’ailleurs engagée auprès d’eux à être à leur écoute dans le but de les aider à obtenir tous les services publics auxquels ils ont droit », a-t-elle déclaré, mercredi. Un comité consultatif sera aussi créé pour « favoriser la collaboration ».

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, salue la décision de la Protectrice du citoyen et l’appuie.

Les partis d’opposition à Québec s’inquiétaient de l’absence de « mécanisme de suivi » pour la progression de la mise en œuvre du rapport Viens. Lors de l’anniversaire du dépôt du rapport, à l’automne 2020, le gouvernement Legault avait été critiqué pour son inaction.

La ministre de l’époque, Sylvie D’Amours, avait indiqué qu’une cinquantaine d’appels à l’action étaient en voie d’être réalisés, sans pouvoir précisément indiquer leur avancement. L’anniversaire du rapport Viens a coïncidé avec le décès tragique de Joyce Echaquan, le 28 septembre. La ministre D’Amours a été démise de ses fonctions dans la foulée de la mort de l’Atikamekw de Manawan.

Aucun sou de l’enveloppe de 200 millions mis à la disposition du ministère pour la mise en œuvre du rapport Viens n’avait encore été dépensé. Depuis l’arrivée en poste de Ian Lafrenière, quelque 77 millions ont été investis dans différents programmes visant à donner suite aux recommandations de la commission Viens et celles de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones et disparues au pays (ENFFADA).

François Legault a présenté au Salon bleu ses excuses publiques « les plus sincères » aux nations autochtones dans les jours qui ont suivi le dépôt du rapport Viens, le 2 octobre dernier. Il s’agissait de « l’appel à l’action » en tête de liste des 142 recommandations faites par Jacques Viens.