Le Grand Conseil des Cris demande que l’existence d’un génocide soit reconnue à la suite de la découverte de 215 corps d’enfants sur les terrains du pensionnat de Kamloops en Colombie-Britannique.

« La nouvelle des 215 enfants à Kamloops a immédiatement remué des souvenirs de nos amis et de nos camarades de classe qui ne sont jamais rentrés chez eux ou qui n’étaient que l’ombre d’eux-mêmes en revenant », a expliqué le Grand chef cri Abel Bosum, dans une conférence de presse lundi.

Lui-même a été un élève du pensionnat anglican de La Tuque et dit avoir longtemps ressenti de la colère contre sa mère qui permettait qu’il soit « enlevé et maltraité pendant 11 mois de l’année. »

Après 25 ans de commissions et d’enquêtes publiques s’ajoute désormais la découverte de cadavres d’enfants autochtones, a dit le DAbel Bosum. « Qu’est-ce qui a changé en 25 ans ? Malheureusement, à ce jour, il y a de la dénégation et de l’évitement par rapport au fait qu’il y avait sans doute une intention de génocide des peuples autochtones, avec d’énormes répercussions partout au Canada. »

DBosum a souligné que sa communauté avait encore besoin de temps pour déterminer s’ils effectueront des fouilles sur les sites d’anciens pensionnats. Il a d’ailleurs indiqué qu’aucun ordre religieux n’est entré en contact avec la communauté.

Samedi, les gouvernements provinciaux et fédéraux ont annoncé la création d’un guichet unique pour aider les familles à retrouver leurs proches disparus dans des pensionnats. DBosum a qualifié cette annonce d’encourageante, mais « à ce moment de l’histoire, nous sommes nerveux et avons des doutes vis-à-vis la sincérité de ces engagements », a-t-il précisé.

Pour la création d’un musée

Sarah Pashagumskum, présidente de la Commission scolaire crie, a quant à elle demandé à ce que toutes les écoles du pays enseignent correctement l’Histoire. Elle a également réclamé la création d’un musée « où le public pourra apprendre, comprendre et accepter notre passé », à Montréal et à Québec.

« Il n’est pas ici question d’un simple musée pour présenter les horreurs des pensionnats autochtones aux habitants des centres urbains du Québec. Il s’agit plutôt de bâtir un lieu sûr et solennel où une mère d’aujourd’hui pourra, à travers une photographie, regarder dans les yeux d’une autre mère du passé qui a dû abandonner son trésor le plus précieux », a dit Mme Pashagumskum dans un moment chargé en émotions.

Bertie Wapachee, président du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James, a souligné que sa communauté possède des ressources limitées pour guérir les traumatismes. Le territoire ne compte aucun centre de thérapie pour soigner la toxicomanie, a-t-il cité en exemple.

« À ce jour, nous n’avons toujours pas de centres de traitement sur notre territoire, et nous adoptons la pratique dangereuse consistant à envoyer les gens ailleurs afin de recevoir de l’aide. Notre terre est une terre de guérison, et il n’est pas logique qu’en 2021, nous n’ayons toujours pas de programmes et d’infrastructures locales de soins pour aider notre peuple à guérir ses anciennes blessures. »

Le Conseil cri a souhaité davantage de ressources pour soigner les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale liés aux pensionnats autochtones et un investissement afin de former des spécialistes locaux « capables de répondre aux besoins en soins de santé de nos communautés blessées. »