Connaissez-vous l’avent ? Non, ce n’est pas une faute d’orthographe. Avent avec un e. Ça commence demain. L’avent est la période de quatre semaines précédant Noël. Période durant laquelle les chrétiens se préparent à la venue du p’tit Jésus.

Ça remonte au Ve siècle, lorsque l’évêque Perpet de Tours ordonne qu’à partir de la fête de la Saint-Martin, le 11 novembre, jusqu’à Noël, on jeûne trois fois par semaine. C’est comme une reprise du carême de Pâques, avec des grelots. On jeûnait beaucoup dans l’ancien temps. C’était une bonne façon d’oublier qu’on n’avait rien à manger. Au lieu de crever de faim, on jeûnait. C’était plus positif. Les pauvres se plaignaient moins. Et les riches en profitaient pour faire une petite diète, avant de s’empiffrer.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« En conclusion, plus l’avant sera respecté, plus le pendant sera réjouissant, écrit notre chroniqueur. Voilà pourquoi je propose un nouveau calendrier de l’avent. Au lieu d’ouvrir des portes, on ferme des portes. »

À partir du XIIIe siècle, on cesse de jeûner durant l’avent. Le pape Urbain V préfère obliger ses fidèles à l’abstinence. Se préparer à la naissance d’un enfant en cessant de faire l’amour, c’était un peu paradoxal. Mais pour la vieille Église, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas avoir de fun.

De nos jours, l’avent, c’est un calendrier. Tout simplement. Le calendrier de l’avent qui décompte les jours jusqu’à Noël. Chaque jour, on ouvre une porte. Et derrière chaque porte, il y a un chocolat. Un petit chocolat plat. On mange le chocolat. Et voilà.

Bref, au fil des années, le concept de l’avent n’a cessé de s’estomper, avec notre ferveur religieuse. Jusqu’à cette année. Jusqu’à l’apparition, dans notre télé, des trois rois mages : François, Christian et Horacio.

Ils sont venus nous dire ce que nous devions faire avant Noël, pour avoir le droit de fêter Noël. Ils ont ainsi relancé le concept de l’avent. C’est Perpet de Tours qui doit être content !

Du 1er au 16 décembre, il faut continuer de faire ce qu’on est déjà censés faire. Si vous l’avez oublié, comme certains lutins de Rosemère, il s’agit de sortir seulement pour aller travailler, faire ses courses, limiter ses contacts au minimum, ne côtoyer que les gens dans sa bulle, porter un masque et se laver les mains.

À partir du 17 décembre, il faut se placer en confinement volontaire. Ici, le mot volontaire est important. Volontaire signifie qui résulte d’un acte de volonté. On pourrait argumenter. Bien des gens ne se confineront pas parce qu’ils le veulent, mais parce qu’on le leur demande. Le résultat est le même : on reste dans la maison. On fait du télétravail. On a des contacts seulement avec des gens qui vivent sous le même toit. On limite nos déplacements aux besoins essentiels. Le terme essentiel est bien relatif. Où tracer la ligne ? Sortir pour acheter une dinde, oui. Sortir pour acheter des atacas, non.

Sur le site de Santé Québec, on spécifie que durant le confinement volontaire, on peut aller marcher, pourvu que ce soit seulement avec les personnes qui vivent avec nous. Bref, pour vous distraire d’être toujours avec la même personne en dedans, vous allez dehors avec la même personne. Vrai qu’avec un Kanuk, une tuque et un masque, vous pouvez vous faire croire qu’il s’agit de quelqu’un d’autre.

Les trois rois mages n’ont pas parlé de jeûne ni d’abstinence dans leur avent renouvelé. C’est déjà ça. Le but de l’exercice, c’est d’arriver en santé au réveillon, pour ne pas donner plus de virus que de cadeaux.

Ce que les Québécois comprennent très bien, puisque selon un sondage paru dans La Presse, 87 % de nos concitoyens s’engagent à s’isoler préventivement, la semaine avant Noël. Faut croire que les Québécois sont plus enclins à l’isolement qu’à la séparation.

Ces mêmes 87 % acceptent aussi de s’isoler la semaine après Noël. Car j’oubliais, au concept de l’avent, il faut maintenant ajouter le concept de l’après. À la suite des deux rassemblements maximums, tenus du 24 au 27 décembre, il faudra se reconfiner, à nouveau volontairement, du 28 décembre au 3 janvier. J’invite Jean Coutu à proposer un calendrier de l’après. Manger un petit chocolat plat, ça va nous occuper.

Avant de terminer, parlons un peu du pendant. Le rassemblement avec un maximum de 10 personnes. Je sais, 10 personnes, vous trouvez ça un peu court. Mais n’oubliez pas que toute personne qui présente des symptômes de la COVID-19, qu’elle soit déclarée positive ou non, doit s’abstenir d’aller où que ce soit. C’est quoi, les symptômes de la COVID-19 ? Fièvre, toux, mouchage. Avez-vous déjà rencontré quelqu’un, durant le temps des Fêtes, qui ne tousse pas ou ne se mouche pas ? Impossible ! Rappelez-vous la messe de minuit. Entre deux cantiques de Noël, ce n’est qu’un long concert de toussage et de mouchage. Vous allez avoir de la misère à recevoir deux personnes au nez sec, les 24, 25, 26 ou 27.

En conclusion, plus l’avant sera respecté, plus le pendant sera réjouissant. Voilà pourquoi je propose un nouveau calendrier de l’avent. Au lieu d’ouvrir des portes, on ferme des portes. Chaque jour, on ferme une porte. La porte du bureau, la porte du voisin, la porte des amis, la porte du magasin… Le 24, quand toutes les portes sont fermées, on ouvre celle de sa demeure.

Qu’est-ce qu’on fait avec les chocolats ? On les mange, n’importe quand ! Le confinement, ce n’est surtout pas le temps de jeûner.

Bon avent !