(Toronto) Les services d’urgence devront bientôt s’assurer de pouvoir localiser les personnes appelant le 911 à l’aide de leur téléphone portable.

Ce passage techniquement complexe vers la nouvelle génération 911 — ou le NG911 — devrait permettre l’entrée en service d’un système plus rapide et plus précis dans lequel les données, les photos, les vidéos, les textos pourront éventuellement circuler. Cette évolution est imposée par le CRTC.

« On suppose à tort qu’en utilisant un cellulaire, les services d’urgence sauront automatiquement où nous sommes en raison des capacités GPS inhérentes à ce type d’appareil, explique Alex Brossault, gestionnaire de programme de données à la ville de Guelph, en Ontario. La vérité est que ce n’est pas exactement le cas. »

À l’heure actuelle, les répartiteurs du 911 doivent demander aux appelants où ils se trouvent. Les lignes fixes sont liées à une adresse réelle. Pour les téléphones portables, la triangulation des tours de transmission cellulaire permet de rapprocher l’endroit où se trouve un appelant à l’intersection la plus proche.

Des problèmes peuvent survenir si les appelants ne savent pas où ils se trouvent ou s’ils sont incapables de parler ou d’entendre. Les répartiteurs ne peuvent que déterminer l’emplacement d’un appelant à quelques centaines de mètres près, ce qui peut ralentir le temps d’intervention.

Le NG911 vise à contourner ces problèmes en misant sur l’internet. Le CRTC a ordonné la mise en place du nouveau système pour les appels vocaux d’ici juin 2020 et pour les textos d’ici décembre 2020.

Essentiellement, chaque téléphone connecté aura une adresse de protocole internet (IP) qui sera recoupée avec un ensemble de données clés principalement fourni par les municipalités. Cette base de données comprendra chaque adresse dans un secteur et l’emplacement de l’entrée des bâtiments. Les limites de territoire desservi par les services d’urgence seront également accessibles pour garantir l’envoi des bons intervenants.

Ce système devrait permettre de localiser l’emplacement d’un appelant à quelques centimètres près.

« Nous passons à une précision inférieure au mètre », souligne M. Brossault.

Présentement, les personnes sourdes ou ayant un trouble de la parole peuvent envoyer un texto par téléphone au service 911, mais elles doivent d’inscrire d’avance, se connecter au 911 par appel vocal avant de passer au texto. Le grand public ne peut pas communiquer par texto avec les services d’urgence. Cette limitation tombera au cours de la prochaine année puisqu’on pourra envoyer un texto à partir d’un téléphone intelligent.

Une fois entièrement mis en service, le NG911 ira bien au-delà de la conversation ou des messages textes.

« Les Canadiens pourraient diffuser des images vidéo d’un incident, envoyer des photos des dommages causés par un accident ou d’un suspect en fuite ou envoyer des renseignements médicaux personnels, notamment en ce qui concerne les besoins en matière d’accessibilité, qui pourraient grandement aider les intervenants en cas d’urgence », soutient le CRTC.

Le Nouveau-Brunswick, un des chefs de file en matière de la mise en service d’une nouvelle technologie 911, a mis au point un système d’adresse civique qui a grandement amélioré le soutien aux opérations des services d’urgence tout en ouvrant la voie au service du 911 de prochaine génération.

Selon la directrice du Bureau 911 du Nouveau-Brunswick, Diane Pelletier, le but en cas d’urgence est de mettre rapidement les bons actifs au bon endroit. De nouveaux processus et de moyens techniques améliorent l’échange des données routières entre les trois villes les plus peuplées de la province (Saint-Jean, Moncton et Fredericton). Mme Pelletier prévoit que davantage de municipalités vont se rallier au nouveau système au cours des prochains mois.

« Nous pouvons fournir à nos partenaires des services d’urgence comme la police, les pompiers et les ambulanciers paramédicaux des renseignements encore plus à jour sur le réseau routier pour les aider à se rendre à l’appelant le plus rapidement possible », souligne-t-elle.

Dans l’ensemble, le CRTC affirme que le passage des systèmes analogiques aux systèmes basés sur IP devrait améliorer la capacité des services d’urgence à faire face aux situations de surcharge d’appels, aux catastrophes naturelles et à améliorer le temps d’intervention.

De plus, ce moyen technique pourrait éventuellement permettre aux gens de faire des appels au 911 à partir d’applications de messagerie instantanée ou même de Facebook. Le système pourrait également manipuler les données GPS provenant du système de navigation d’une voiture pour permettre aux répartiteurs de trouver quelqu’un qui a eu un accident.

Le CRTC souhaite que le système 911 actuel soit entièrement retiré d’ici 2023.