La fatigue au volant représente la troisième cause de décès sur les routes du Québec. Malgré la diffusion cette année d'une campagne publicitaire choc, qui a coûté plus d'un million à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), 93% des Montréalais croient toujours que la fatigue ne nuit pas à leurs habiletés de conduite. Une attitude dangereuse qui a des conséquences mortelles.

Selon un sondage réalisé pour la SAAQ par la firme Léger Marketing à la suite de la campagne publicitaire contre la fatigue au volant, que La Presse a obtenu, une majorité de Québécois avouent conduire au moins une fois par année, même s'ils sont fatigués.

Ainsi, 71% des répondants ont affirmé l'avoir fait occasionnellement au cours de la dernière année, alors que 6% disent le faire fréquemment. Les jeunes de 16 à 34 ans forment le groupe le plus important de conducteurs fatigués.

«Dans le monde où l'on vit aujourd'hui, plus de gens sont touchés par le problème de la fatigue. Les gens travaillent de nuit, de soir, d'autres ont des quarts de travail doubles, si on pense aux infirmières, par exemple. Pour les jeunes, quand on étudie et on travaille en même temps, on a tendance à brûler la chandelle par les deux bouts. Les gens sont plus fatigués», a expliqué à La Presse Gino Desrosiers, de la SAAQ.

Si les Québécois reconnaissent dans l'ensemble les dangers de la fatigue au volant, la situation est différente à Montréal: 93% des répondants de la région métropolitaine croient que la fatigue ne compromet pas leur conduite.

«Le problème, c'est que les gens ont tendance à sous-estimer leur état de fatigue. Même s'ils reconnaissent certains signes, comme bâiller ou avoir les yeux qui picotent, ils surestiment leur capacité à poursuivre la route. Quand on pousse trop, ce sont les quelques kilomètres de trop qui peuvent tuer», explique M. Desrosiers.

116 décès

Au total, 22% des personnes qui meurent à la suite d'un accident de la route se sont endormies au volant. La moyenne annuelle des cinq dernières années est de 116 décès liés à la fatigue.

La SAAQ a dépensé plus de 5 millions en campagnes publicitaires pour sensibiliser les conducteurs aux dangers liés à la conduite. Alcool, textos et fatigue au volant ont été les trois grands thèmes des campagnes qui ont mobilisé les ressources cette année. Il est toutefois trop tôt, selon M. Desrosiers, pour déterminer si les Montréalais seront la prochaine cible des campagnes contre la fatigue au volant.

La fatigue est un problème parfois difficile à expliquer. Même si 77% des répondants au sondage ont confirmé avoir conduit occasionnellement ou souvent en étant très fatigués, seulement 54% des gens ont affirmé être concernés par le message de la SAAQ.

«Il faut le rappeler, dit M. Desrosiers. Quand ça fait 19 heures qu'on est éveillé, c'est comme si on conduisait avec 0,5% d'alcool. Les heures supplémentaires qui s'ajoutent font augmenter de façon exponentielle cette statistique. Ça peut rapidement devenir 0,8 ou 1,2%.»

Avec William Leclerc