Des spécialistes de la médecine et d'autres travailleurs ont été surexposés à des radiations, certains d'entre eux suffisamment pour modifier leur chimie sanguine et même causer la maladie des rayons, a appris La Presse Canadienne.

Une analyse de données gouvernementales a permis de constater que des travailleurs ont été exposés à des doses de radiations supérieures aux limites réglementaires.

Les doses de radiations sont mesurées en millisieverts (mSv). Des doses aussi petites que 50 à 100 mSv peuvent provoquer des modifications décelables de la chimie sanguine, bien qu'il faille habituellement une dose de plus de 500 mSv pour qu'apparaissent des signes de la maladie des rayons.

Les provinces établissent les limites réglementaires pour les personnes qui sont exposées au rayonnement au cours de leurs activités de travail quotidiennes. Dans les cas de huit provinces, cette limite a été établie à 50 mSv par année. Les exceptions sont la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick, plus sévères, avec une limite annuelle fixée à 20 mSv.

Toutefois, une analyse de données gouvernementales a permis de constater l'existence de plus d'une centaine de cas de travailleurs ayant été exposés, au cours des 10 dernières années, à des doses de radiations supérieures aux limites établies par les provinces - parfois bien au-delà de ce qui est jugé sécuritaire-.

L'an dernier, un employé de bureau de l'Ontario a été exposé à 2768 mSv de radiations pendant le mois de mai. L'Agence de protection de l'environnement des États-Unis affirme qu'il s'agit d'une dose suffisante pour modifier la chimie sanguine et provoquer des nausées, de la fatigue, des vomissements, la perte de cheveux, la diarrhée et des hémorragies.

Un technicien en radiologie industriel de l'Ontario, dont le travail consiste à inspecter des objets et des produits au moyen de machines à rayon X, a été exposé à 2717 mSv de radiations pendant une période de 16 jours, en mai 2000.

Trois autres radiographes industriels ont été surexposés à des radiations. La plus importante dose a été celle de 1351 mSv à laquelle a été exposé un technicien en radiologie médicale de la Colombie-Britannique au cours des deux dernières semaines de 2006.

Un travailleur industriel de la Colombie-Britannique aurait été exposé à 10 000 mSv pendant une période de trois mois en 2005. Il s'agit certainement d'une erreur car une dose d'une telle quantité détruirait la paroi des intestins et causerait des hémorragies internes puis la mort dans un délai de deux semaines.

La Presse Canadienne a obtenu des données partielles courant la période de 2000 à 2010 en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information. Le ministère de la Santé n'a pas voulu rendre publique toute information qui permettrait d'identifier des travailleurs ou leurs lieux de travail.