Mélissa Beaudin n'avait que 17 ans. La jeune Montréalaise s'était rendue chez son ami de coeur à Yamaska, en Montérégie. Elle n'en est jamais revenue. Les habitants du village se sont réveillés hier matin dans le tumulte des maîtres-chiens et des hélicoptères de la police.

En après-midi, la terrible nouvelle est tombée : le cadavre de l'adolescente avait été retrouvé dans un boisé. Le principal suspect dans cette sordide affaire traîne un lourd passé judiciaire. Et c'est le père du copain de la victime...

Alexandre fait les cent pas sur la galerie de la maison de son père. Les yeux rougis par les larmes, le jeune homme de 19 ans enchaîne les cigarettes et tente de s'expliquer comment ses vacances ont pu se terminer de façon aussi tragique. Sa copine Mélissa, une jeune Montréalaise de 17 ans, a été sauvagement assassinée hier matin avant d'être abandonnée derrière un hangar du chemin Bois-de-Maska, à quelques kilomètres de là.

«Quand les policiers m'ont appris qu'elle était morte, j'étais sûr que c'était une joke. Mais à force de pleurer, je me suis rendu compte que c'était vrai», dit Alexandre.

Le corps de la délicate brunette a été retrouvé hier vers 14 h 15 après une vaste opération policière de la Sûreté du Québec (SQ). Le principal suspect à l'heure actuelle est le père d'Alexandre, Richard Bérard.

«Mon père est parti avec elle vers 1 h 15 du matin», dit le jeune ébéniste, qui a déclaré à La Presse avoir 19 ans. «Il lui a dit que sa mère se faisait battre chez elle, à Montréal, et a vraiment insisté pour qu'elle monte avec lui. Je ne voulais pas qu'elle y aille, j'ai même couru après la voiture lorsqu'ils sont partis.»

Environ une demi-heure plus tard, Alexandre, toujours sans nouvelles de son père et de Mélissa, décide d'appeler la mère de la jeune femme. Alertée, celle-ci dément être victime de violence et décide de prévenir les policiers. Vers 2 h du matin, les agents de la SQ débarquent à Yamaska.

«Il voulait l'avoir pour lui, ben il l'a eue», dit Alexandre qui était venu visiter son père, son petit frère et sa petite soeur pour deux semaines à Yamaska avec son amie de coeur.

Richard Bérard a été intercepté très tôt hier matin par les policiers de la SQ. L'homme au lourd passé criminel a été transporté à Montréal où il a été interrogé toute la journée par des enquêteurs. Il a été mis en état d'arrestation en fin d'après-midi et devrait comparaître aujourd'hui au palais de justice de Sorel pour faire face à des accusations de meurtre ou d'homicide.

«Je ne peux pas croire qu'il a fait ça, dit le jeune homme vêtu d'une camisole noire et d'un jean. On sortait ensemble depuis plus d'un an... C'était l'une de mes relations les plus longues. J'étais vraiment en amour avec elle et j'espère qu'elle m'entend le dire en ce moment.»

L'assassinat de Mélissa a causé tout un émoi hier à Yamaska. Durant plusieurs heures, la SQ a dressé un périmètre de sécurité de quelques kilomètres et bon nombre d'habitants du rang Grand Chenal, qui avaient quitté le matin, ont dû attendre plusieurs heures avant de pouvoir regagner leurs résidences.

«Un bon gars»

Les membres de la famille Cardin, propriétaires de la maison de Richard Bérard, n'arrivaient pas à comprendre comment leur locataire aurait pu commettre un tel acte.

«C'était un maudit bon gars, dit Mario Cardin. Je lui faisais tellement confiance que je lui aurait confié mes enfants.»

Sa mère, Rita Cardin, affirme qu'elle n'a jamais eu un si bon locataire. «C'était un homme vraiment poli, il payait toujours son loyer en temps et il était toujours habillé propre. Il était invalide, donc il ne pouvait pas travailler, mais il venait quand même nous donner un coup de main sur la ferme. C'était un vrai bon gars.»

Chantale Polus, qui vit à quelques maisons de Richard Bérard, était également en état de choc lorsqu'elle a appris la nouvelle. «J'ai eu mal à la tête toute la journée après avoir appris la disparition de la pauvre petite fille. Il semble être une bonne personne qui prend bien soin de ses deux jeunes enfants. Vraiment, je ne comprends pas.»

Marie-Chantale Babeau, résidante du coin, a entendu d'autres histoires. «Ça trippait fort dans cette maison-là. Il se prenait le genre de consommation qui te fait filer tout croche.»

Difficile à pardonner

Alexandre était au courant du passé trouble de son père. «On ne s'entendait pas vraiment très bien», dit-il.

Si Richard Bérard est reconnu coupable, Alexandre peine à voir comment il pourra lui pardonner. «Elle ne méritait pas de mourir. C'était une fille énergique et toujours souriante. Sa devise, c'était : souris ! La vie est un fromage... Avec elle il n'y avait pas de place pour la baboune. Il y a deux gros vides dans ma vie.»