Déjà grandement alimentées par les déclarations du premier ministre Stephen Harper, les rumeurs d'élections générales à l'automne se sont intensifiées encore un peu plus aujourd'hui, à la suite des propos d'une source conservatrice qui affirme que la campagne électorale pourrait être déclenchée aussi tôt que le 2 septembre.

De l'avis de cette source bien au fait de la situation, la décision n'a pas été prise mais les risques d'élections sont très élevés, et ce, d'ici deux à quatre semaines.

La décision de déclencher les hostilités pourrait ainsi survenir avant la tenue du scrutin du 8 septembre dans les trois comtés où se déroulent des élections partielles, ce qui aurait pour effet d'allonger d'au moins cinq semaines

supplémentaires la campagne électorale de ces candidats.

«S'il y a une élection cet automne, il vaut mieux que les gens de Westmount-Ville-Marie, de Saint-Lambert et de Guelph votent une fois plutôt que deux», a affirmé cette source conservatrice, ajoutant qu'à l'heure actuelle, tout demeure possible.

«S'il y a une élection, on va le savoir avant le 22 septembre», a résumé cette personne.

Depuis une dizaine de jours, Stephen Harper multiplie les signes d'impatience à se retrouver en campagne électorale rapidement. La semaine dernière, il causait la surprise en affirmant qu'il pourrait lui-même donner le coup de départ s'il constatait que le Parlement était incapable de fonctionner adéquatement.

Son entourage ajoutait que le premier ministre pourrait alors se rendre chez la gouverneure générale pour demander la dissolution du Parlement.

M. Harper en remettait en début de semaine, disant qu'il allait réfléchir à ce scénario au cours des semaines à venir, après sa rencontre avec les trois chefs des partis d'opposition.

«Il va falloir que le premier ministre détermine, avec ces réunions et surtout avec celle avec M. Dion, si le prochain Parlement peut fonctionner, si le gouvernement va pouvoir continuer à gouverner, à faire progresser des projets de loi, a dit la source conservatrice. Sinon, il va falloir qu'il ait un nouveau mandat, même s'il est minoritaire.»

Les trois rencontres n'ont pas encore été inscrites aux agendas des chefs, mais il semblerait que M. Harper aimerait qu'elles se tiennent la semaine prochaine. Ce pourrait être difficile puisque le premier ministre sera en voyage dans le Nord canadien une bonne partie de la semaine.

Peu importe, il semble que du côté conservateur, on ait déjà convenu que ni le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ni celui du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, n'accepteront de compromis.

Les conservateurs souhaitent donc, une fois de plus, mettre toute la pression sur les libéraux et leur chef, Stéphane Dion.

Malgré tout, le premier ministre Harper donne l'impression d'avoir déjà fait son lit.

La semaine dernière, il affirmait que le Parlement était «dysfonctionnel» et que le «chaos» régnait sur les travaux des comités parlementaires.

L'argument est réfuté par les trois partis, qui rejettent la faute sur les conservateurs eux-mêmes, rappelant qu'ils n'ont pas hésité à compromettre les travaux des comités à plus d'une reprise.

Pour le chef libéral, il ne fait plus de doute que M. Harper rêve de sonner la fin de son gouvernement minoritaire, et le plus rapidement possible.

«C'est que le premier ministre ne veut pas qu'on se rende compte à quel point il a des problèmes éthiques dans son gouvernement touchant notamment les dépenses électorales de la dernière élection et à quel point il a mal préparé notre pays au ralentissement économique auquel on fait face», a soutenu M. Dion, de passage à Cambridge, en Ontario.

Le chef du Bloc n'a pas manqué de rafraîchir la mémoire de son adversaire

conservateur.

«Qu'il prenne le temps de nous rencontrer avant de prendre une décision, a fait valoir M. Duceppe, lors d'un point de presse à Longueuil. Avant de décider de violer sa propre loi, parce que c'est ce qu'il va faire, je vais lui rappeler ce qu'il disait à l'époque où il était chef de l'opposition. Il disait à Paul Martin: "Vous êtes le premier ministre d'un gouvernement minoritaire; il est immoral, indécent que vous ne respectiez pas les décisions de la Chambre".»

Quant à M. Layton, il est d'avis que le premier ministre Harper fait preuve d'arrogance en menaçant de déclencher les élections générales avant même la rentrée parlementaire.

«Je vais dire à M. Harper: 'vous devez vous réunir dans la Chambre des communes, comme un vrai premier ministre doit le faire, avant de faire aucune action envers le futur de ce Parlement», a indiqué le chef néo-démocrate.